L’Autorité Palestinienne réprime violemment des manifestations en Cisjordanie

Par Tamara Nassar – 13 juin 2018

Des Palestiniens participent à une manifestations dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, le 10 juin. Un manifestant porte une pancarte où est écrit : «Razan al-Najjar et sa famille comptent sur vous. Levez les sanctions sur Gaza ».  Eyad Jadallah APA images

Mercredi soir, les forces de l’Autorité Palestinienne ont violemment réprimé des manifestants dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée.

Les manifestants réclamaient l’arrêt des sanctions de l’AP qui aggravent la souffrance des Palestiniens de la bande de Gaza.

Plus tôt dans la journée, l’AP avait décidé de cesser de donner des autorisations de manifester pendant la fête imminente de l’Aïd al-Fitr qui marque la fin du Ramadan, « pour permettre une vie normale aux citoyens ».

Quelques heures plus tard, les forces de l’AP ont tiré des grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes,  ont attaqué des manifestants, et  arrêté des journalistes et des militants avant même le début de la fête.

Les forces de l’Autorité Palestinienne sont financées et entraînées sous la supervision des États Unis et de l’Union Européenne.

Les formateurs de l’UE ont parmi eux d’anciens membres des forces britanniques impliqués dans les violences contre les droits humains en Irlande du Nord.

Le soutien européen et américain à l’AP est fondé sur la volonté de continuer sa « coordination sécuritaire » avec Israël, ce qui veut dire concrètement aider à réprimer toute forme de résistance à l’occupation.

Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant la police anti émeute réprimant violemment les manifestations.

https://twitter.com/qudsn/status/1006988657587380224

« Les forces de sécurité de l’AP n’ont pas tiré une seule grenade lacrymogène ou balle contre les forces israéliennes qui attaquent les quartiers palestiniens » a déclaré la chaîne Quds News. « Aujourd’hui ils ont utilisé ces moyens contre des manifestants palestiniens pacifiques à Ramallah ».

Des forces de l’AP en civil ont attaqué et arrêté des manifestants.

Parmi les gens arrêtés se trouvait Yahya Rabie, le chef du syndicat étudiant de l’Université de Bir Zeit.

https://twitter.com/qudsn/status/1006980519664463875

Les forces de l’AP ont frappé et arrêté Sameh Abu Awad, le président du syndicat des travailleurs de l’Université de Bir Zeit et arrêté Tariq al-Sadiq, membre du syndicat.

Attaques contre des journalistes

Dans la vidéo suivante, on voit un officier en civil tenter de se saisir du téléphone d’un journaliste

https://twitter.com/qudsn/status/1007006186728775680

La journaliste palestinienne Jihan Awad faisait partie de ces reporters qui ont été attaqués et qui se sont vus confisquer leurs téléphones lors de la répression contre les manifestants :

https://twitter.com/qudsn/status/1006980497422143488

La chaîne Quds News a rapporté que des représentants de la sécurité ont aussi arrêté deux journalistes américain et turc.

Le syndicat des journalistes palestiniens a condamné « l’assaut des services de sécurité contre des journalistes » et a exigé que les agresseurs soient reconnus responsables.

Les sanction contre Gaza

Des centaines de Palestiniens de Cisjordanie sont descendus dans la rue à de multiples occasions cette semaine en exigeant que l’AP lève les sanctions qu’elle a imposées à la bande de Gaza l’an dernier.

Les Palestiniens utilisent le hashtag « levée des sanctions » en arabe sur twitter pour exprimer leur solidarité avec Gaza.

Des groupes de la société civile palestinienne ont exigé de l’AP qu’elle lève l’interdiction de manifester, déclarant qu’elle est « illégale, inconstitutionnelle et une violation des droits des citoyens à se rassembler pacifiquement et à exprimer leurs opinions ».

Ils ont ajouté que les forces de sécurité de l’AP doivent assurer la sécurité de ceux qui participent aux manifestations.

Des sanctions fatales

En avril 2017, l’AP a appliqué des coupes drastiques dans les salaires des fonctionnaires de Gaza, aggravant la terrible misère causée par le siège imposé par Israël depuis une décennie.

Les salaires ne sont toujours pas payés.

L’année dernière, l’AP a demandé à Israël de couper la fourniture d’électricité de Gaza, ce qui a causé une grave détérioration de la situation humanitaire déjà catastrophique.

L’AP a aussi retardé l’approbation de transferts médicaux vers la Cisjordanie, ce qui a eu pour résultat  de laisser mourir des patients de Gaza, dont un enfant.

Le dirigeant de l’AP, Mahmoud Abbas, a imposé ces sanctions dans le cadre de ses efforts pour évincer le Hamas, le rival du Fatah qui est sa propre faction.

En 2006, le Hamas a battu le Fatah lors d’élections législatives.

Le parti d’Abbas, soutenu par Israël, les USA, l’UE et certains pays arabes, n’a cependant pas laissé le Hamas prendre la direction de l’Autorité Palestinienne.

Au contraire, des milices dépendant du Fatah à Gaza et qui agissent avec les États Unis, ont essayé de chasser de force le Hamas du pouvoir.

Mais en juin 2007, le Hamas a pris les devants contre les forces du Fatah et les a expulsées de Gaza.

La tentative de putsch contre le Hamas après sa victoire aux élections est à l’origine de la division qui règne actuellement, où l’AP de Abbas appuyée sur l’Occident a gardé le contrôle de la Cisjordanie, tandis que le Hamas, isolé au plan international, a gouverné de l’intérieur la bande de Gaza assiégée.

Avec la contribution d’Ali Abunimah à la recherche

Source : The Electronic Intifada

Traduction : SF pour l’Agence Media Palestine

 

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