Les militants décrivent la violence et les menaces des commandos navals israéliens dans les eaux internationales. Une organisation de droite essaie de prendre possession du bateau.
Photo non datée du ‘Al Awda’, un des bateaux qui transportait de l’aide pour essayer de briser le siège de Gaza et qui a été intercepté dimanche par la Marine israélienne. (Coalition de la Flottille pour la Liberté)
Dimanche, la Marine israélienne s’est emparée d’un chalutier qui essayait de briser le siège de Gaza. D’après les militants à bord, les commandos navals ont tiré au taser sur le visage du capitaine du bateau, frappé à coups de poing sur le visage d’un autre membre de l’équipage et menacé la vie du capitaine.
Il y avait 22 participants et membres d’équipage à bord du ‘Al Awda’, ‘Le Retour’ en arabe. Ce bateau norvégien était l’un des navires qui, cet été, ont essayé de briser le siège et d’apporter de l’aide à Gaza, effort qui se renouvelle tous les ans depuis presque dix ans.
« Nous avons commencé à recevoir des messages radio dimanche », a rappelé Zohar Regev, l’une des deux participants israéliens à bord du bateau. « Nous avons répondu que nous étions un bateau norvégien qui exerçait son droit de naviguer dans les eaux internationales. »
Quelques heures plus tard, des Zodiacs de la Marine israélienne se sont approchés du bateau et les commandos israéliens, dans leurs uniformes tout blancs complétés de masques de ski, sont montés à bord, tasers en avant. Selon les militants, la plupart des participants ont essayé de constituer une chaîne humaine et de bloquer pacifiquement avec leurs corps l’accès des commandos navals au pont du bateau.
Les commandos navals ont tiré au taser sur le visage du Capitaine Charlie Andreasson, a dit Yonathan Shapira, le deuxième militant israélien à bord du bateau, ajoutant que les militants n’ont pas résisté violemment. Les marins israéliens ont frappé à coups de poing au visage le mécanicien du bateau et tiré au taser sur deux autres personnes à bord, dont une de 60 ans originaire de Nouvelle Zélande, d’après Shapira.
« Ils ont frappé la tête d’Herman, le capitaine, encore et encore contre le mur, tout en le menaçant de l’emmener dans le ventre du navire et de l’achever quand personne ne pourrait les voir », a rappelé Shapira.
« Nous savions que nous n’allions pas briser le siège, et ce n’était pas le but », a expliqué Shapira. « L’objet, c’était la pression internationale. Le but, c’était d’éveiller et d’encourager d’autres militants – qui soudain voient tous ces gens sur un simple bateau de pêche faire voile vers Gaza – à se mobiliser et apporter de l’ aide.
Les forces navales israéliennes ont remorqué le bateau, saisi dans les eaux internationales, jusqu’à Ashdod et ont remis tous les militants à la police israélienne. Les deux Israéliens ont été menacés de l’accusation de complicité avec l’ennemi, de tentative d’entrer à Gaza et de conspiration dans l’intention de commettre un crime, a dit Shapira, bien que la première accusation ait été abandonnée lors de leur libération.
Les militants étrangers, de nationalité norvégienne, suédoise, espagnole, française, britannique, malaisienne, australienne et néo-zélandaise, ont été retenus pour plusieurs jours de plus. Vendredi, ils étaient tous expulsés.
Un porte-parole de l’armée israélienne a dit, qu’après enquête, le bateau avait été pris « avec une force raisonnable pour affronter la résistance » de ceux qui étaient sur le bateau. « Il n’y a pas eu d’incident que l’on puisse qualifier d’irrégulier en comparaison avec les incidents des années précédentes », a ajouté le porte-parole.
Le mois dernier, Shurat HaDin, organisation juridique de droite, qui travaille étroitement avec le gouvernement et les services de renseignement israéliens, a obtenu un ordre du tribunal de saisir le « Al Awda » et un autre bateau, « Freedom », du nom de l’association des victimes du terrorisme.
L’argument présenté au tribunal était que ces bateaux allaient sûrement tomber dans les mains du Hamas, augmentant ainsi la taille de la force navale du groupe militant palestinien.
« Nous avons des documents prouvant que le bateau était destiné à l’UAWC – Syndicat des Comités de Travailleurs Agricoles – au profit des pêcheurs de Gaza », a dit Zohar Regev après sa libération de prison.
« C’est une très étrange décision », a dit Gaby Lasky, l’avocate qui représentait les militants, de l’injonction de saisir le bateau qui a été émise avant qu’il ne soit réellement impliqué dans quelque chose d’illégal.
« La décision de saisir le bien a été faite ex parte », a dit Lasky, ajoutant qu’elle ne pensait pas que cet ordre tiendrait devant la cour.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : +972