Par Haidar Eid, 12 octobre 2018
J’écris cet article à mon retour de l’une des manifestations d’aujourd’hui, à la barrière du camp de concentration de Gaza où six jeunes hommes ont été brutalement abattus et plus de 112 blessés par des snipers israéliens. Des sources du ministère de la santé palestinien me disent qu’il faut s’attendre à ce que ce nombre augmente.
Le sionisme est né comme un mouvement colonial raciste, avec dans l’agenda le nettoyage ethnique de la terre de Palestine et de sa population indigène afin d’installer un état exclusivement juif aux dépens du peuple palestinien. L’histoire a prouvé que s’il n’est pas contrôlé, cet agenda permet aussi au sionisme de poser une menace dangereuse, au-delà des frontières de la Palestine, au reste du monde arabe. La terreur sioniste à notre égard inclut la poursuite du nettoyage ethnique et du racisme en terre de Palestine, condamnant les Palestiniens survivants à une vie d’exil dans différentes parties du monde.
Notre focalisation actuelle sur un programme constructif pour la libération palestinienne est fondée d’abord et avant tout sur notre insistance pour le droit au retour à notre patrie nationale, d’abord en tant que droit naturel, ensuite en tant que droit garanti par le droit international. Pour cette raison, il n’est pas surprenant que le nationalisme palestinien soit porté sur les épaules des fils des camps de réfugiés, de ceux qui ont appris seuls, à partir de leur expérience de la réalité d’être réfugiés, qu’ils doivent insister sur la reconnaissance et le rejet de cette réalité. Ils sont les fils et les filles de ceux qui veulent revenir, non de ceux qui sont réfugiés.
Il n’est donc pas surprenant que nos camarades palestiniens restés à l’intérieur des frontières de 1948 aient levé leurs bannières pour dire avec insistance qu’ils sont là pour rester, accrochés au droit du retour. Rien ne peut bloquer cette vision d’un peuple déterminé à vivre, malgré la courte vue des Etats-Unis et l’Union européenne complice.
La demande pour le droit au retour a été et sera toujours le point essentiel de l’auto-détermination palestinienne, avec les espoirs de l’ensemble du peuple palestinien, ayant la justice et la démocratie à ses côtés, confrontant le sionisme comme idéologie de pure exclusion. Nous devons poser d’inconfortables questions : comment les choses sont-elles devenues si distortionnées, dans cette confrontation historique à laquelle fait face le peuple palestinien ? Dans le contexte sud-africain, l’équation était claire. C’est ahurissant ! En réalité, c’est tellement absurde que nous continuons à faire porter le fardeau de ces questions sur nous-mêmes.
Nous voyons que la réponse se trouve dans les concessions palestiniennes qui ont atteint leur point culminant avec les Accords d’Oslo en 1993. La déclaration d’Oslo a montré la capitulation de l’essence de la liberté et de l’auto-détermination pour la libération palestinienne et a permis à la page du « terrorisme » d’y être attachée au stade de la fabrication. La négociation pour le droit au retour a été fondue dans une discussion des institutions d’auto-gouvernement, qui seraient appelées un « état ». Cette complicité inclut la duperie d’une « solution à deux états » comme couverture pour régler la question du nationalisme palestinien et des droits du peuple palestinien.
Tout ceci indique qu’il est nécessaire de refuser absolument le destin prévu pour nous par les gouvernements de droite israélien et américain. Il y a aussi une urgente nécessité à travailler politiquement pour offrir une alternative à cette réalité, au lieu de rechercher des alternatives qui non seulement se sont montrées délirantes, mais menacent notre existence même.
Le jugement final approche. Soit exister, soit être effacés de l’histoire. Par conséquent, c’est le moment de vérité, ou bien rester inébranlable pendant cet arrangement délirant, l’arrangement d’un état, d’un Bantustan, avec une autorité partielle sur le peuple palestinien ou le délire d’un arrangement sous citoyenneté israélienne, sans tenir compte du droit au retour. Nous, manifestants à la barrière du ghetto de Gaza, nous nous permettons de ne pas être d’accord ! Nous voulons le menu complet de nos droits, ou rien !
Sur Haidar Eid
Haidar Eid est maître de conférence en littérature postcoloniale et postmoderne à l’université al-Aqsa de Gaza. Il a beaucoup écrit sur le conflit arabo-israélien, dont des articles publiés dans Znet, Electronic Intifada, Palestine Chronicle, et Open Democracy. Il a publié des articles sur les études culturelles et la littérature dans divers journaux, comme Nebula, Journal of American Studies in Turkey, Cultural Logic, et le Journal of Comparative Literature.
Traduction: Catherine G. pour l’Agence Média Palestine
Source: Mondoweiss