Par Edo Konrad – 17 octobre 2018
Fatou Bensouda dit qu’elle n’hésitera pas à « prendre des mesures appropriées », si le village de Cisjordanie était démoli. La Première Ministre britannique Theresa May dit que la démolition sera un « rude coup porté à la solution à deux états ».
Des militants palestiniens, israéliens et étrangers essaient de bloquer un bulldozer israélien préparant la démolition de Khan al-Ahmar, le 4 juillet 2018. (Oren Ziv/activestills.org)
La procureure de la Cour pénale internationale Fatou Bensouda a lancé un sévère avertissement aux responsables israéliens mercredi, disant qu’elle « n’hésitera pas à prendre toute mesure appropriée » s’ils démolissent le village bédouin de Khan al-Ahmar et transfèrent de force ses habitants.
La mise en garde de Bensouda arrive alors que les autorités israéliennes accroissent leurs préparatifs pour détruire le village et expusler ses habitants qui ont vécu à Khan al-Ahmar pendant plus de 40 ans.
La procureure de la Cour pénale a aussi exprimé ses inquiétudes à propos de la violence continuelle à la frontière entre Gaza et Israël, quelques heures après qu’un missile tiré de la Bande de Gaza a frappé une maison dans la ville de Be’er Sheva, au sud d’Israël. En réponse, les forces aériennes israéliennes ont frappé 20 cibles qu’elles ont dit appartenir à Hamas.
Voici la déclaration intégrale de Bensouda :
« J’ai suivi avec inquiétude l’expulsion planifiée de la communauté bédouine de Khan al-Ahmar, en Cisjordanie. L’expusion par la force apparaît maintenant imminente et avec elle la prospective d’une escalade croissante de la violence. Il convient de rappeler, de manière générale, que la destruction extensive de propriété sans nécessité militaire et les transferts de population dans un territoire occupé constituent des crimes de guerre selon le Statut de Rome. Je suis alarmée de même par la violence perpétuelle, perpétrée par les acteurs des deux côtés, à la frontière de Gaza avec Israël. En tant que procureure saisie de la situation en Palestine, je me sens par conséquent forcée de rappeler à toutes les parties que la situation demeure sous examen préliminaire à mon Bureau. Je continue à suivre de très près les développements sur le terrain et je n’hésiterai pas à prendre toute mesure appropriée, dans les limites de l’exercice indépendant et impartial de mon mandat sous le Statut de Rome, en plein respect du principe de complémentarité. »
En attendant, la Première Ministre britannique Theresa May a déclaré au Parlement mercredi que la démolition de Khan al-Ahmar constituerait un « rude coup porté à la solution à deux états », pressant le gouvernement israélien de ne pas poursuivre ses plans pour déplacer les habitants du village. Les commentaires de May étaient une réponse à une question d’Alistair Carmichael, membre du Parlement, dans laquelle il implorait la Première Ministre de montrer clairement à Benjamin Netanyahu que « ceci est un territoire occupé, que ce sont des réfugiés, des personnes protégées dont l’expulsion par force … constituerait un crime de guerre ».
Les remarques tant de Bensouda que de May arrivent alors que les autorités israéliennes font des préparatifs pour démolir Khan al-Ahmar, suivant une décision de la Haute Cour le mois dernier qui a scellé le destin du village. Plus tôt dans la semaine, les forces de sécurité israéliennes accompagnées par des bulldozers ont pénétré aux abords du village pour commencer à niveler le sol en préparation pour la démolition. Au moins sept personnes ont été blessées et quatre autres détenues lundi, après avoir essayé d’empêcher les bulldozers de mener à bien leur travail.
Israël projette d’expulser les résidents et de les transférer dans une zone désignée adjacente à un dépôt à ordures près de la ville de Abu Dis dans le gouvernorat de Jérusalem Est.
Traduction : CG pour l’Agence Média Palestine
Source : 972 mag