Tamara Nassar – 16 avril 2019
Le 15 avril à Gaza ville, des enfants palestiniens prennent part à une manifestation de solidarité avec les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. (Ashraf Amra / APA images)
Les prisonniers palestiniens ont suspendu leur grève de la faim dans les prisons israéliennes après huit jours sans nourriture.
Suite à d’intenses négociations entre le Service Pénitentiaire d’Israël et les meneurs de la grève, Israël a paraît-il accepté la majorité des exigences fixées par les prisonniers.
Le Service Pénitentiaire d’Israël a paraît-il accepté de retirer les dispositifs qu’il avait commencé à installer ces dernières semaines pour bloquer la réception téléphonique dans certaines ailes afin d’empêcher les Palestiniens de communiquer avec le monde extérieur. Les autorités carcérales ont également accepté de ne pas en installer d’autres à l’avenir, d’après l’association de défense des droits Addameer et le Club des Prisonniers Palestiniens.
Israël a dit qu’il installerait quatre cabines téléphoniques publiques dans chaque prison, « avec priorité pour les sections de femmes et de prisonniers malades », a déclaré Addameer.
Les prisonniers palestiniens auront le droit de les utiliser trois fois par semaine pendant environ 15 minutes.
Le quotidien israélien Haaretz a rapporté que le retrait des dispositifs de brouillage et l’installation de cabines téléphoniques publiques le sont sous condition de la confiscation par le Service carcéral des téléphones portables des prisonniers.
« Les prisonniers n’auront pas besoin de portables si des téléphones publics sont installés et correctement entretenus », a ajouté Haaretz.
Cependant, un responsable israélien anonyme de la sécurité a dit à Haaretz que les dispositifs de brouillage ne seraient pas retirés, ajoutant qu’on avait dit aux prisonniers que des téléphones publics « ne seraient installés que dans les blocs cellulaires dotés de brouilleurs de téléphone cellulaires ».
Le ministre israélien de la Sécurité publique Gilad Erdan a dénoncé la semaine dernière des rapports similaires comme quoi le Service Pénitentiaire d’Israël aurait accédé aux exigences des prisonniers de retirer les dispositifs pendant les négociations de milieu de grève.
Les prisonniers palestiniens réclament des téléphones publics dans les prisons depuis plus de 20 ans, a déclaré Addameer.
Le Service Pénitentiaire d’Israël « s’est opposé à l’installation de téléphones publics dans les prisons à cause des objections du Shin Bet », mais le Shin Bet, police secrète d’Israël, a changé d’attitude parce qu’il serait « possible d’écouter les appels depuis les téléphones publics », selon Haaretz.
Transférer les femmes prisonnières
Israël a également accepté de transférer les prisonnières palestiniennes de la prison de Damon vers une autre dotée de meilleurs conditions de vie.
Damon se « caractérise par son infrastructure vieille et inadaptée, son manque de services sanitaires convenables, d’intimité et d’hygiène minimum », d’après Addameer, qui ajoute que ce « n’a jamais été un endroit adapté à la vie d’êtres humains ».
Les prisonnières ont été transférées en novembre de la prison d’HaSharon à celle de Damon pour les punir de leur refus de sortir dans la cour de la prison, seule zone extérieure qu’elles aient le droit d’utiliser, pour protester contre les autorités carcérales qui y activaient des caméras de surveillance.
Les caméras de surveillance ont été l’une des premières installations des mesures répressives imposées par un comité nouvellement installé par Erdan pour faire empirer les conditions des détenus palestiniens et réduire leur niveau de vie au « minimum requis » », y compris en imposant un rationnement de l’eau.
Les conditions de vie à HaSharon sont très difficiles, les prisonniers devant passer de longues heures à l’étroit dans des pièces humides, ce qui est néfaste pour leur santé physique et psychologique.
Les services médicaux manquaient aussi à HaSharon, ont dit les prisonniers à Addameer, ajoutant que le médecin qui y était affecté ne prodiguait pas des soins adaptés et que « le seul traitement que ce médecin fournissait était de conseiller aux prisonniers de boire plus d’eau », a dit Addameer.
Rapports contradictoires
Addameer a rapporté qu’Israël avait accepté de faire revenir les prisonniers palestiniens qui avaient été transférés au cours des raids récents, mais Haaretz a contredit cette déclaration, disant qu’Israël « rejetait la réclamation du Hamas que les prisonniers transférés dans d’autres prisons après les émeutes du mois dernier à la prison de Rimon reviennent ».
Israël a mené plusieurs raids violents contre les prisonniers palestiniens au cours des semaines passées, provoquant de nombreuses blessures.
Addameer a dit qu’Israël avait également accepté « de mettre fin à l’isolement des prisonniers qui avaient récemment été enfermés à l’isolement et de fournir immédiatement des traitements médicaux aux prisonniers malades et blessés », – droit fondamental auquel les prisonniers devraient avoir accès sans recourir à une grève de la faim.
« Il a été admis que les choses reviendraient à l’état où elles étaient avant les mesures punitives imposées l’année dernière aux prisonniers », a déclaré le Club des Prisonniers Palestiniens.
Haaretz a rapporté que seuls 100 prisonniers avaient rendu leurs repas sans avoir mangé, contrairement à 400 prisonniers.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada