Maureen Clare Murphy – 7 mai 2019
Une vue du « processus de paix » depuis le terrain en Cisjordanie occupée. (Anne Paq / ActiveStills)
Tandis que la population sans défense de Gaza était bombardée samedi par l’armée israélienne, la cheffe de la politique étrangère de l’Union Européenne condamnait les tirs de roquettes depuis ce territoire dans une déclaration ouvertement unilatérale.
« Ces attaques provoquent des souffrances inqualifiables pour les Israéliens et ne servent que la cause d’une violence sans fin et d’un conflit sans fin », a mis en garde Federica Mogherini, ne faisant aucune mention des victimes palestiniennes des bombardements massifs israéliens.
« Avec la communauté internationale, nous allons poursuivre notre travail pour apporter un soulagement à tous ceux qui souffrent de ce conflit et coopérer avec ceux qui servent la cause de la paix », a-t-elle ajouté.
Quelques jours plus tôt, Mogherini avait fait bon accueil à une proposition du COGAT, branche administrative de l’occupation militaire israélienne, pour que les donateurs internationaux donnent des centaines de millions de dollars pour une usine de traitement des eaux usées à Gaza.
Cette usine est d’une impérieuse nécessité à Gaza, le genre d’infrastructure civile qu’Israël, en tant que puissance occupante, a l’obligation de fournir selon le droit humanitaire international.
Arrangement cynique
Mais Israël sait qu’il peut détruire les infrastructures palestiniennes de Gaza et qu’un Etat tiers paiera pour sa reconstruction, sans aucuns frais pour Israël.
Israël profite en fait économiquement de la reconstruction à Gaza, puisqu’il contrôle l’importation de toutes les matières premières vers la Bande, privilégiant les vendeurs israéliens tels que les cimenteries et les entreprises de transport et de stockage qui profitent des retards inévitables de livraison des marchandises.
C’est un arrangement cynique qui résulte d’un engagement myope et dogmatique envers un soi-disant processus de paix qui a complètement perdu le contact avec la réalité du terrain.
En Cisjordanie, l’Administration israélienne appelée Civile par euphémisme, unité du COGAT, met en place une politique qui dépossède progressivement les Palestiniens de leur terre.
Cet arrangement, mis en place dans la « zone charnière » entre le mur israélien et la frontière entre Israël et la Cisjordanie, voit la division coercitive de la terre collectivement entretenue par les communautés palestiniennes en plus petites parcelles possédées par des individus.
Si la parcelle de terre est inférieure à 330 mètres carrés, comme le fait remarquer la journaliste Amira Hass, l’Administration Civile déclare qu’elle n’a « aucune nécessité agricole » et alors, aucun permis d’accès n’est délivré à ses propriétaires palestiniens.
Malheureusement jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas été capable de complètement transmettre à mes lecteurs ou éditeurs l’énorme étendue du danger et la profondeur de la déloyauté comprises dans ces règlements », déclare Hass.
Et pourtant, l’instance chargée d’effectuer cette annexion progressive de facto de la terre palestinienne est traitée comme un partenaire pour la paix par l’Union Européenne.
« Notre aide économique aux Palestiniens ne peut être séparée de cet objectif politique de la solution à deux Etats », a déclaré Mogherini à la réunion annuelle des donateurs pour les Palestiniens convoquée la semaine dernière à Bruxelles.
« Je veux être claire à ce sujet : une solution politique à deux Etats ne peut être sans fin remplacée par une aide technique et financière et un renforcement des capacités », a-t-elle ajouté.
La réalité
Et pourtant, c’est exactement ce que le paradigme d’Oslo – qui traite les droits des Palestiniens de négociables, assurant ainsi l’impunité d’Israël pour ses violations du droit international – a décrété.
Avec plus d’un demi million de colons israéliens illégalement transférés en Cisjordanie pendant les 25 ans qui ont suivi la signature des Accords d’Oslo, même ceux qui sont le plus attachés au paradigme du processus de paix doivent de temps en temps reconnaître la réalité.
Mogherini a admis que « la possibilité même de deux Etats est en train d’être démantelée ».
Et ceux qui accomplissent ce démantèlement sont toujours invités à la table de discussion à Bruxelles, et la dite communauté internationale continue à payer les frais.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada