Omar Barghouti a averti de la menace plus générale que représente l’adoption d’une interdiction de BDS par le gouvernement britannique pour les mouvements de défense des droits humains et de la justice.
M. Barghouti, qui a cofondé le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), a déclaré hier que l’interdiction ne restreindrait pas uniquement la défense des droits des Palestiniens mais le militantisme pour le climat, les droits des LGBT+ et la justice économique.
Le Premier ministre Boris Johnson a confirmé le mois dernier que son gouvernement prendrait des mesures pour interdire aux institutions publiques de boycotter Israël et d’autres régimes oppresseurs.
Alors qu’il s’exprimait lors d’un événement au Kings’ College à Londres, M. Barghouti a comparé cette proposition de législation à l’interdiction faite par Margaret Thatcher aux conseils municipaux de boycotter l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid.
« Soyons clairs, s’ils parviennent à restreindre la défense des droits des Palestiniens, aucun autre mouvement pour la justice ne sera en sécurité », a averti le défenseur des droits humains.
Si cette législation est adoptée, les organes publics tels que les universités ne seront pas autorisés à boycotter des produits ou désinvestir d’entreprises pour des raisons éthiques – y compris de carburants fossiles.
L’interdiction proposée est le dernier cas de « guerre par la loi » visant à faire taire et délégitimer le mouvement populaire qui appelle à des boycotts économiques et culturels d’Israël.
Elle fait suite à des interdictions similaires promulguées dans 27 états aux États-Unis et à une motion adoptée par l’Allemagne l’an dernier, qui qualifie le mouvement d’antisémite, sous la pression d’Israël.
Mais M. Barghouti a souligné l’hypocrisie d’Israël qui accuse BDS d’antisémitisme alors qu’il entretient des relations cordiales avec des dirigeants européens antisémites tels que le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
« Israël n’est absolument pas en position de lancer de fausses accusations d’antisémitisme », a-t-il déclaré à la foule rassemblée au King’s College.
« Ses accusations frauduleuses d’antisémitisme à l’encontre des défenseurs des droits humains actifs dans le mouvement antiraciste BDS en particulier sont aussi crédibles que la protection de l’environnement de Donal Trump ou les promesses de Boris Johnson de ne pas vendre le NHS après le Brexit. »
M. Barghouti, qui vit en Israël, a également été visé personnellement par cette puissante campagne de délégitimation de BDS.
Le parti d’extrême droite du Likoud mène actuellement une campagne pour que lui soit retirée sa nationalité. L’an dernier, il s’est vu refuser l’entrée aux États-Unis – puis en Grande-Bretagne – alors qu’il était en possession des documents de voyage requis.
Un groupe de 25 membres de la Société israélienne de King’s College a chahuté M. Barghouti et agité un drapeau israélien.
Il s’est exprimé aux côtés d’un panel de défenseurs des droits de l’homme, dont le rappeur Lowkey, la représentante des étudiants noirs de la NUS Fope Olaleye et le journaliste Dan Glass.
La manifestation, « Constituer un front antiraciste », organisée conjointement par la Campagne de solidarité avec la Palestine (PSC) et l’association Action pour la Palestine du King’s College (KCL Action Palestine society), s’est également interrogée sur la menace pour les mouvements de boycott sur les campus.
Huda Ammori, responsable des campagnes à PSC, a mentionné les millions de livres sterling que les universités britanniques versent à des entreprises complices de l’apartheid israélien.
« En tant qu’étudiants palestiniens, nous payons à ces institutions des frais de scolarité qui contribuent à l’oppression des Palestiniens », a-t-elle déclaré.
« Alors comment les universités peuvent-elles prétendre défendre la diversité et prétendre avoir des valeurs antiracistes quand elles investissent dans des entreprises impliquées dans l’oppression raciste des Palestiniens ? »
Mme Olaleye a fait le lien entre le combat des Palestiniens et les combats du monde entier contre l’injustice.
Elle a déclaré: « Je ne me suis jamais demandé pourquoi on devrait se préoccuper des Palestiniens, ou pourquoi on devrait se préoccuper de BDS. Parce que mes libertés sont intrinsèquement liées à la liberté du monde ».
Traduction : MUV pour l’Agence Media Palestine
Source : The Morning Star