17 avril- La journée du prisonnier palestinien : Les prisonniers palestiniens entre le risque de contamination et les mesures atroces du service pénitentiaire de l’occupation

Prisonniers palestiniens détenus par les forces d’occupation israélienne.
Crédit : Ziad Medoukh sur Facebook.

Par Ziad Medoukh, 16 avril 2020

Dans un contexte très particulier, les Palestiniens partout dans le monde commémorent la journée nationale du prisonnier palestinien même de chez eux, confinés. Avec l’espoir de libérer tous ces détenus depuis des années.

Une commémoration très symbolique sans manifestations ni rassemblements dans les villes palestiniennes, et devant les sièges des organisations internationales dans les territoires palestiniens qui sont en train de lutter contre la propagation de l’épidémie du Coronavirus, depuis le début du mois de mars 2020.

Pour cette année 2020, et à l’occasion de la journée du prisonnier palestinien, célébrée le 17 avril de chaque année, le peuple palestinien, et avec lui, les solidaires de bonne volonté, rendent un grand hommage à tous les prisonniers palestiniens en souffrance permanente derrière les barreaux israéliens.

Tous les Palestiniens où qu’ils soient, pensent à ces détenus qui continuent à vivre une situation alarmante et préoccupante, une situation dramatique, avec la torture, la violence physique et psychologique, la négligence médicale et les conditions carcérales inhumaines dans les prisons israéliennes.

Ces conditions qui se sont aggravées ces derniers jours, avec le risque d’avoir une contamination rapide pour ces prisonniers, notamment après la découverte, début avril, de quatre personnes infectées par le Coronavirus, un prisonnier palestinien libéré, un enquêteur israélien, et deux détenus palestiniens dans la prison « Ofer » . Aucune mesure urgente n’a été prise par les autorités pénitentiaires israéliennes pour freiner la propagation de ce virus dans cette prison et dans toutes les autres prisons , ni pour protéger les 5000 prisonniers palestiniens toujours derrière les barreaux de l’occupation. Des prisonniers qui vivent la surpopulation carcérale.

Dans ces prisons, leur situation se dégrade jour après jour, et les autorités israéliennes aggravent encore leurs souffrances par des mesures illégales et des provocations permanentes. Une mort lente attend les plus de cinq mille prisonniers qui sont toujours derrière les barreaux israéliens.

Surtout que parmi ces prisonniers, des personnes fragiles susceptibles de céder plus facilement à l’épidémie comme les enfants, les femmes, les personnes âgées , les malades et les blessés. Sans oublier, le surpeuplement, l’insalubrité et la mauvaise nutrition; tout cela fait des prisons des lieux dangereux de reproduction du virus.

En plus, l’administration israélienne refuse l’entrée des produits sanitaires et de stérilisation, ainsi que les médicaments pour les détenus.

C’est seulement cette semaine, que cette administration a commencé à distribuer quelques masques à des dizaines de prisonniers.

Et cela malgré l’appel de l’Organisation mondiale de la santé-OMS- et de la Croix Rouge Internationale aux autorités israéliennes, fin mars dernier ,afin d’intervenir pour isoler les prisonniers palestiniens qui sont entassés par dizaines dans des cellules étroites, et qui sont en contact direct entre eux, au quotidien, avec une possibilité de transmettre ce nouveau virus Corona, et pour améliorer les dépistages et les conditions sanitaires de cinq milles prisonniers.

Au contraire, jour après jour, les prisonniers palestiniens s’exposent à une négligence médicale délibérée, ils reçoivent leur traitement médical avec beaucoup de retard, beaucoup de détenus très malades et très âgés sont sur la voie de mourir dans des prisons surpeuplées et privées de kits de dépistage.

Il faut rappeler ici qu’en 2019, cinq prisonniers palestiniens sont morts en captivité, dont quatre à la suite d’une négligence médicale délibérée.

Voilà comment cet état d’apartheid traite les malades palestiniens dans des geôles insupportable. Une mort lente et cruelle.

D’autant plus, que, et comme une punition collective, et pour mettre la pression sur ces prisonniers et sur leurs familles, l’administration pénitentiaire israélienne a profité de cette situation sanitaire exceptionnelle pour suspendre les visites des familles et des avocats, ainsi que les appels vidéos. De plus, toutes les procédures devant les tribunaux militaires sont reportées indéfiniment, et cela depuis début mars dernier.

Même le Comité international de la Croix-Rouge-CICR- la seule structure autorisée à communiquer directement avec les prisonniers palestiniens et à leur rendre visite, n’a pas la possibilité de faire entrer les produits d’hygiène et d’assainissement adéquats dans la cantine de la prison, nécessaires dans ces conditions particulières.

Un autre aspect dramatique, les forces de l’occupation israéliennes continuent à arrêter des Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem, même en pleine période de pandémie. Parmi eux des enfants. Et cela malgré l’appel de l’ONG « Defense for Children International » afin que les autorités israéliennes prennent des mesures immédiates pour libérer tous les enfants palestiniens détenus dans les prisons et les centres de détention israéliens à cause de l’épidémie du Covid -19, et pour sauver leur vie en accord avec le droit international.

Selon l’association Al Dhamir qui s’occupe des prisonniers palestiniens, l’armée israélienne a arrêté 96 palestiniens entre 10 mars et 15 avril 2020, et parmi eux 11 enfants et 3 femmes.

Ces arrestations arbitraires augmentent le nombre de prisonniers palestiniens dans les geôles israéliens. Plusieurs milliers se retrouvent dans de petites cellules, sans accès à des sanitaires propres et privés. De tels traitements augmentent les risques et l’exposition à des conditions non hygiéniques dans lesquelles le virus Covid 19 prospère.

Oui, plus de cinq milles palestiniens toujours détenus dans les différentes prisons israéliennes. Selon les derniers chiffres du Club du prisonnier palestinien-Al-Asir Club- début avril 2020, il y a actuellement 5069 détenus, et parmi eux, 43 femmes, 210 enfants moins de 18 ans, 5 députés , 27 journalistes, 500 prisonniers malades dont 40 très gravement, 130 prisonniers âgés de plus de 60 ans, 443 prisonniers qui sont condamnés à perpétuité une ou plusieurs fois, 152 prisonniers qui sont en prison depuis plus de 20 ans, et 25 détenus sont arrêtés avant les accord d’Oslo en 1994. Parmi eux, deux sont en prison depuis 30 ans, dont le plus ancien prisonnier palestinien Karim Younis en prison depuis 37 ans, considéré comme le doyen des prisonniers palestiniens.

Quarante-trois femmes courageuses et déterminées sont toujours prisonnières, parmi elles, 16 mères de familles,4 en détention administrative illégale, 8 blessées, une députée, et 2 journalistes.

Phénomène très particulier cette année: les 12 prisonniers palestiniens libérés entre le 15 mars et 14 avril 2020 après la fin de leur peine, n’ont pas eu cet accueil attendu par leurs familles, proches et voisins dans leurs villes respectives, ni de rassemblements de joie et de fête, cela à cause des mesures préventives face à l’épidémie du Coronavirus, or, la sortie de n’importe quel prisonnier est considéré comme fête nationale en Palestine. Cette fois, ces prisonniers libérés ont été mis directement en quarantaine sans voir leurs familles. Il y avait parmi eux des personnes ayant passé 18 ans dans les prisons, terrible !

Mais l’espoir reste intact pour libérer tous nos prisonniers, nos héros et nos résistants.

Par milliers, les Palestiniens, résistants, activistes, députés, hommes politiques, militants, engagés, combattants ou simples civils, hommes, femmes ou enfants croupissent dans les prisons israéliennes, en toute illégalité au regard du droit international.

Nos prisonniers avec leur résistance remarquable continuent de donner une leçon de courage et de détermination, pas seulement aux forces de l’occupation israélienne, mais au monde entier. Ils sont un exemple de patience et de persévérance, de volonté et d’attachement à la justice.

Ils sont nos héros, ils sont notre dignité, ils sont notre espoir ! Ils sont libres malgré l’isolement. Eux, les militants d’un idéal. Ils sont les prisonniers de la liberté ! Malgré la cruauté de l’occupant, le silence complice de cette communauté internationale officielle, l’absence de pression de la part des organisations des droits de l’Homme, et le silence des médias qui occultent leur souffrance, le combat de nos prisonniers continue jusqu’à la liberté, et pour la justice. Nos prisonniers défient l’occupation ! Ils résistent, existent et persistent !

Ils se révoltent et organisent des grèves de la faim, et des actions de protestation.

L’arrestation, la détention et le jugement de nos 5000 prisonniers retenus jusqu’à présent dans 20 prisons israéliennes sont illégitimes, car ils sont les prisonniers de la liberté, ce sont les prisonniers de la dignité.

Parmi ces prisonniers, des dizaines souffrent de maladies graves, leur vie est en danger, à cause de la négligence médicale des autorités israéliennes qui veulent faire pression sur eux pour qu’ils cessent leur combat. Selon le Comité des prisonniers palestiniens, 34 détenus souffrent d’une maladie grave comme le cancer, la paralysie, l’immunité très faible, des difficultés respiratoires, un accident vasculaire et cérébral, une infection du sang, de l’hypertension, du diabète, de trouble des fonctions cardiaques, d’épilepsie, de leucémie, d’une tumeur cérébral, de maladies nerveuses, et d’autres maladies chroniques graves.

Parmi ces prisonniers, des dizaines sont enfermés dans les prisons israéliennes depuis des décennies. Leur seul crime a été d’avoir résisté face à l’occupation illégale.

Parmi ces prisonniers, plus de 500 personnes sous détention administrative illégale sans jugement, ni procès.

En 2020, nos prisonniers vont poursuivre leur mobilisation et leur lutte comme chaque année afin de faire entendre leur voix, pour améliorer les conditions de leur détention et de mettre la pression sur les autorités israéliennes. Une action soutenue par toute une population qui considère la cause des prisonniers comme la première cause.

Le combat de nos prisonniers pour la liberté est suivi en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans les territoires de 1948, et en exil par des milliers de Palestiniens qui organisent partout des actions de soutien à ces prisonniers dans leur résistance quotidienne.

Malgré quelques initiatives courageuses et appréciées prises dans certains pays par des militants de bonne volonté et des associations de la société civile, en solidarité avec les prisonniers palestiniens, via des campagnes, des appels, des pétitions, et des actions- même virtuelles cette année vu le contexte actuel, on peut observer le profond silence des médias, des intellectuels, des partis politiques, des organisations des droits de l’Homme, et celui des gouvernements d’un monde qui se dit libre et démocrate, mais qui n’arrive pas à bouger et à réagir devant une telle injustice.

Malgré la cruauté de l’occupant et le silence du « monde libre », le combat de nos prisonniers continue jusqu’à la liberté, et pour la justice.

Et en ce temps de risque de contamination, ils poursuivent leur lutte légitime

Honte à l’occupation et à toutes ses mesures atroces dirigées contre eux.

Honte au monde dit libre qui ne bouge pas pour arrêter leurs souffrances.

Ce monde regarde mourir lentement nos prisonniers qui ne cessent de souffrir.

Souffriront-ils encore longtemps ?

Où sont donc les organisations des droits de l’Homme ?

Où est donc le monde libre ?

Ne voit-il pas ? N’entend-il pas ?

Quand y aura-t-il une réelle pression sur les autorités israéliennes d’occupation ?

Le cri des ventres vides de nos prisonniers sera-t-il entendu ?

Jusqu’à quand cette injustice ?

Vive le combat légitime de nos prisonniers pour la liberté et pour la vie. 

Vive la solidarité internationale avec nos prisonniers palestiniens, et avec notre cause de justice.

Une seule évidence, la lutte continue, et les prisonniers palestiniens vont développer davantage des actions pacifiques et de mobilisation individuelle et collective à la fin de cette nouvelle épreuve afin de faire entendre leur voix, la voix des opprimés , mais la voix légitime de ces résistants contre toutes les mesures atroces de l’occupant  jusqu’à la liberté.

En attendant, derrière ces prisonniers et ces héros, tout notre peuple poursuivra le combat, jusqu’à la conquête de ses droits légitimes et jusqu’à la sortie du dernier détenu des prisons et des cachots israéliens.

Source : Ziad Medoukh

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