Alors que la crise de coronavirus se poursuit, Israël reprend la pulvérisation aérienne d’herbicides

Pulvérisations aériennes en janvier 2020. Images prises par des fermiers à Gaza.

6 avril 2020. À 8h30 hier matin, des avions dépoussiéreurs ont été vus menant des pulvérisations aériennes d’herbicides le long de la clôture séparant Gaza d’Israël, dans la région est du district de Gaza. Des fermiers travaillant dans les champs près de la barrière ont dit à Gisha qu’ils craignaient que les forts vents dans la région hier transportent les agents herbicides jusqu’à un kilomètre à l’intérieur de la bande de Gaza, ce qui pourrait endommager de grandes surfaces de terres agricoles à Gaza.

La dernière fois qu’Israël a procédé à des pulvérisations aériennes d’herbicides le long de la clôture du périmètre de Gaza, c’était entre le 14 et le 16 janvier de cette année. À ce moment, les fermiers ont rapporté qu’une large surface de plantations de persil, de pois, de blé et d’orge avaient subi de lourds dégâts, jusqu’à 600 mètres à l’intérieur de la bande de Gaza. Cette fois-ci, comme toujours, les fermiers n’ont pas été informés à l’avance de la pulvérisation et n’ont pas pu se préparer pour protéger leurs cultures.

En réponse à la Demande d’accès aux documents administratifs de Gisha, Israël avait auparavant admis avoir effectué des pulvérisations aériennes sur le territoire israélien proche du périmètre de la clôture près de 30 fois entre 2014 et 2018. L’armée a affirmé que la pulvérisation était effectuée afin de dégager le terrain « pour permettre des opérations de sécurité optimales et continues ». Aucune pulvérisation n’a eu lieu en 2019. On estime la surface totale affectée par les pulvérisations aériennes d’herbicide par Israël à 7 620 dounams (7,62 km2 ) de terre arable dans la bande de Gaza.

En juillet 2019, Forensic Architecture a publié une enquête multimédia sur cette pratique, basée en grande partie sur la recherche et le travail juridique réalisés par les organisations de défense des droits humains Gisha, Adalah et Al Mezan. Le rapport confirmait les observations des organisations pour lesquelles la pulvérisation aérienne d’herbicides par Israël avait endommagé les terres loin à l’intérieur de Gaza.

La pulvérisation aérienne d’herbicides menée par Israël cause de graves dommages aux cultures et au bétail, entraînant d’immenses pertes pour les habitants. Les fermiers n’ont pas d’autre choix que de retourner cultiver leur terre en espérant qu’Israël ne décide pas de détruire des mois de dur travail d’un seul coup.

Cela fait des années que les organisations de défense des droits humains Gisha, Adalah et Al Mezan demandent qu’Israël cesse ces pratiques destructrices, qui constituent une violation des droits humains, ainsi que du droit israélien et international.

Hier, les trois organisations ont envoyé une lettre urgente (en hébreu) au ministre israélien de la Défense, à l’Avocat général militaire et au Procureur général, demandant qu’Israël cesse immédiatement la pulvérisation aérienne, en particulier en cette situation de crise du coronavirus où il faut préserver la sécurité alimentaire et le peu qu’il reste encore d’activité économique dans la bande de Gaza.

Traduction : MUV pour l’Agence Média Palestine

Source : Gisha

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