L’UE s’abstient d’un avertissement à Israël sur l’annexion de la Cisjordanie

Par Ali Abunimah, 23 avril 2020

Le Haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell  a dit en février que l’annexion par Israël de la Cisjordanie « ne pourrait pas se faire sans contestation ». Mais il paraît maintenant avoir reculé. (Parlement Européen)

L’Union Européenne a apparemment reculé quant à sa menace d’imposer des conséquences à Israël s’il allait jusqu’à annexer plus de terres de la Cisjordanie.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le dirigeant du parti Blanc Bleu, Benny Gantz, sont parvenus à un accord pour former une coalition après un an d’impasse politique et trois élections générales.

L’accord de coalition comporte un engagement du gouvernement israélien et du parlement à organiser, à partir de juillet, des votes pour annexer de grandes parties de la Cisjordanie.

Selon le Times of Israel, de telles mesures ont de bonnes chances de passer.

Traduction du tweet: Suite à l’accord politique conclu en #Israël, l’UE est prête à renforcer sa coopération étroite avec le nouveau gouvernement dans la lutte contre le coronavirus. La position de l’UE sur le statut des territoires occupés n’a pas changé. La situation sera suivie de près et l’UE agira en conséquence https://t.co/1kSbxDIecA

Jeudi, le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a renouvelé la position du bloc des 27 nations selon laquelle « toute annexion constituerait une grave violation du droit international ».

« L’Union Européenne continuera à suivre de près la situation et l’ensemble de ses implications et agira en conséquence » a ajouté Borrell.

Certes, « agir en conséquence » pourrait bien signifier ne rien faire.

Un langage édulcoré

Vu comment les diplomates de l’UE sont adaptés aux subtilités de langage – et leur penchant pour plus ou moins de copié-collé à partir d’anciennes déclarations – il faut noter que Borrell n’a pas répété une ligne beaucoup plus forte d’une déclaration faite juste quelques mois plus tôt.

Au début de février, Borrell a  réagi au plan du président Donald Trump – communément appelé le Deal du siècle – qui endosse l’annexion par Israël de grandes parties de la Cisjordanie, avec un avertissement rare, sinon sans précédent, disant qu’Israël ferait face à des conséquences.

« Des pas en direction de l’annexion, s’ils sont entrepris, ne pourraient pas avoir lieu sans contestation » avait dit Borrell à ce moment-là.

Comme je le notais alors, il y avait peu de chances que l’UE change effectivement son approche de longue date de soutien inconditionnel à Israël tandis qu’il commet violation après violation, et crime après crime.

Je notais aussi qu’Israël a déjà annexé Jérusalem Est occupée en 1967 et le plateau du Golan en 1981 – de graves violations du droit international qui n’ont rencontré que des décennies de récompenses prodiguées par l’UE à Israël.

Cela contraste fortement avec la façon dont l’UE a imposé des sanctions à la Russie pour sa prise de contrôle de la Crimée contre l’Ukraine en 2014. En janvier, l’UE a ajouté des mesures de rétorsion en sanctionnant des représentants officiels de la Russie qui aidaient à l’organisation d’élections en Crimée.

Israël organise régulièrement des élections en Cisjordanie au cours desquelles seuls les colons israéliens peuvent voter. L’UE célèbre habituellement ces élections ségréguées dans les colonies construites illégalement sur un territoire occupé.

En reculant par rapport à sa déclaration de février, déjà contraignante au minimum, Borrell envoie encore à Israël le message qu’il n’a rient à craindre de Bruxelles.

Dans sa dernière déclaration, Borrell promet que l’UE est « disposée à coopérer avec le nouveau gouvernement dans le combat contre le coronavirus ».

Il ajoute que « la coopération technique est en cours et se renforcera sur tous les aspects de la pandémie ».

Une telle « coopération renforcée » signifie, en toute probabilité, plus d’avantages pour l’industrie de guerre israélienne.

Le feu vert de Washington

L’administration Trump a parallèlement donné clairement le feu vert à l’annexion.

Mercredi, le Secrétaire d’État, Mike Pompeo, a confirmé que les USA voient cette question comme relevant de « la décision d’Israël ».

Cela rendrait particulièrement significative toute avancée possible de l’UE qui prendrait le contre pied du soutien américain inconditionnel.

Mais l’UE, le plus important partenaire commercial d’Israël, manque de volonté et de crédibilité pour agir.

Au début de la semaine, il est apparu que des représentants de l’UE avaient mis en garde Gantz contre le fait de donner sa signature à un gouvernement qui a l’intention d’annexer.

« Ces officiels ont averti que toute démarche en ce sens par un possible gouvernement d’unité endommagerait les relations d’Israël avec l’UE et provoquerait une réponse ferme », selon le Times of Israel.

Gantz n’en a tenu aucun compte, sans doute confiant que l’UE poursuivrait sa politique consistant à se plaindre occasionnellement des actions d’Israël tout en l’inondant de cadeaux.

Traduction : SF pour l’Agence Media Palestine

Source : The Electronic Intifada

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