Israël sur le point de s’emparer de terres palestiniennes près de la Mosquée d’Ibrahim à Hébron

Les Palestiniens dénoncent la démarche d’expropriation de terres en Cisjordanie, au moment où l’approbation définitive de ce plan repose sur le premier ministre, Benjamin Netanyahou
Vue générale de la Mosquée d’Ibrahim dans la ville de Hebron en Cisjordanie occupée.
Crédit : Huffpost

L’équipe du Middle East Eye, 21 avril 2020

Le procureur général d’Israël, Avishaï Mandelbit, a approuvé mardi la confiscation de terres palestiniennes autour de la Mosquée d’Ibrahim dans la ville de Hebron, située dans le sud de la Cisjordanie occupée.

Les media locaux indiquent que l’approbation définitive de ce plan est dans les mains du premier ministre, Benjamin Netanyahou. Le ministre israélien de la défense, Naftali Bennett, a déjà donné le feu vert au plan d’expropriation en décembre.

Ces terres seront confisquées au Waqf islamique de Palestine, un organe chargé des dotations religieuses, afin de les « rénover » et de les rendre accessibles au personnes ayant des handicaps.

Hébron, la ville palestinienne la plus peuplée de Cisjordanie, est différente de tout le reste du territoire occupé, car près de 800 colons israéliens vivent actuellement au cœur de la ville sous forte garde militaire – à la différence des colonies distinctes de villages palestiniens.

Au total, plus de 200 000 Palestiniens vivent à Hébron, dont 30 000 dans le centre de la vieille ville.

La vieille ville, qui comprend la Mosquée d’Ibrahim, est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2017 et elle est considérée comme un site en danger.

La mosquée, connue par les Israéliens sous le nom de Tombe des Patriarches, est un site fortement contesté. En 1994, un colon américano-israélien a tué 29 Palestiniens qui priaient dans la mosquée.

À la suite du massacre, Israël a fermé la rue Shuhada  – une artère majeure de la vieille ville – aux Palestiniens et divisé le lieu saint en espaces séparés à l’usage des Palestiniens et des colons. Depuis, les fidèles juifs pratiquent leur culte dans la mosquée.

Le ministre israélien de la justice a dit dans une déclaration que la décision de mardi avait été faitepriseen collaboration avec l’administration civile, un organe dirigé par l’armée chargé de traiter les questions relatives à l’agriculture et aux permis de construire, aux routes, à l’eau et à l’électricité en Cisjordanie.

Les autorités israéliennes ont justifié l’expropriation par la construction d’un ascenseur et d’une rampe permettant à des personnes ayant des handicaps, dont les touristes et les fidèles juifs, d’accéder au lieu saint.

Il est aussi prévu de raser un ancien marché de gros de la rue Shuhada appartenant à la municipalité de Hebron pour faire de la place à ce projet controversé.  Le ministre du Waqf et des affaires religieuses de l’Autorité Palestinienne (AP) a condamné la démarche du gouvernement israélien.

« Cette décision est une attaque contre la possession musulmane de la Mosquée d’Ibrahim et des dotations qui l’entourent, qui sont nombreuses dans la ville de Hébron » a dit le ministre.

En décembre, Israël a approuvé l’extension de la colonie au sein de Hébron, avec la construction de 70 nouvelles unités de logement qui pourraient voir doubler la population des colons de la ville.

Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), a aussi critiqué la décision d’Israël comme « acte provocateur et irresponsable qui va enflammer les sensibilités religieuses ».

« C’est une exploitation cynique de l’attention du monde centrée sur le combat contre la pandémie du COVID-19 et le reflet de la volonté d’Israël de mettre en œuvre rapidement ses plans agressifs au service et à l’avantage du régime de colonisation de peuplement qui engloutit la Palestine », a-t-elle dit dans une déclaration.

Traduction : SF pour l’Agence Média Palestine

Source : Middle East Eye

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