Le premier mai 2020 pour les travailleurs palestiniens : Nos travailleurs , les premières victimes de l’occupation et de l’épidémie

Par Ziad Medoukh, Gaza, 1er mai 2020

Le premier mai  2020 pour les travailleurs palestiniens :

Nos travailleurs , les premières victimes de l’occupation et de l’épidémie   

Dans une conjoncture particulière et un contexte difficile, les travailleurs palestiniens célèbrent la journée mondiale du travail, ce premier mai 2020. Une journée célébrée dans le monde entier, et en particulier par les travailleurs, partout dans le monde.

 Les travailleurs palestiniens, en souffrance au quotidien à cause de l’occupation et ses mesures atroces contre toute une population civile, célèbrent cette journée tandis que règnent pauvreté, chômage et absence de perspectives, en Cisjordanie et plus encore dans la bande de Gaza.

Cette souffrance s’est accrue ces derniers mois, avec les mesures préventives contre le coronavirus, et la baisse des activités économiques dans les territoires palestiniens.

Les travailleurs palestiniens, en première ligne du conflit, sont très engagés. Ils ont un rôle important dans notre société, ils continuent à se sacrifier pour que les futures générations aient un plus bel avenir. Ils ont montré une patience exemplaire pendant cette situation exceptionnelle cette année.

Le nombre total des travailleurs palestiniens, estimé à un million de personnes, dont plus de 667.000 travaillent dans le secteur privé, sont les plus touchés par la crise du coronavirus. Leurs salaires font vivre une population de quatre millions de personnes (en supposant qu’au moins quatre personnes dépendent de chaque travailleur).

Ces travailleurs palestiniens sont les premières victimes de cette pandémie, soit par leur  infection et leur contamination dans les lieux de travail en Israël sans obtenir leurs droits compensatoires- cela a été prouvé par des tests de laboratoire et des rapports médicaux- , soit par la perte de leurs postes suite à la baisse des activités économiques à Gaza comme en Cisjordanie.

Les travailleurs palestiniens essaient de poursuivre leur lutte, et leur mobilisation, même dans cette période exceptionnelle. Ils fêtent dans les larmes cette occasion.

Une fête très symbolique sans manifestations ni rassemblements ou défilés dans les villes et les camps dans les territoires palestiniens qui sont en train de lutter contre la propagation de l’épidémie du coronavirus, depuis le début du mois de mars 2020, avec des mesures préventives et des restrictions

Des mesures qui aggravent la souffrance de ces dizaines de milliers de travailleurs palestiniens, qui ont perdu leurs postes de travail, soit dans les usines et les champs de l’occupant, soit ceux des territoires palestiniens.

Le peuple palestinien rend un grand hommage à tous ces travailleurs, en souffrance permanente, sous occupation.

Les travailleurs palestiniens connus pour leur résistance, leur attachement à leur patrie, leur volonté, leur détermination, leur patience, leur dignité, leur lutte sans relâche, leur courage et leur persévérance, célèbrent ce premier mai 2020 dans un contexte particulier marqué notamment par la poursuite de l’occupation et de la colonisation, et par des mesures israéliennes illégales à l’encontre de toute une population civile dans des territoires palestiniens toujours occupés.

Mais surtout dans une période particulière de lutte contre l’épidémie du coronavirus, marquée par le confinement, et une paralysie de toute l’activité économique, avec des conséquences dramatiques sur les travailleurs palestiniens et sur leurs familles.

Selon Shaher Saad, le secrétaire  général du syndicat des travailleurs palestiniens,  parmi les 220.000 travailleurs palestiniens qui travaillent dans les usines et les champs israéliens, 145.000 ont arrêté de travailler depuis le début du mois d’avril 2020, et sont retournés dans leurs villes respectives en Cisjordanie s’ajoutant aux chômeurs, les autres sont restés dormir sur leurs lieux de travail dans des conditions très difficiles, ils sont particulièrement vulnérables devant l’épidémie avec un risque de contamination. Sans oublier leur exploitation par les employeurs israéliens qui profitent de ce contexte pour mettre la pression sur ces ouvriers sans garantie, ni assurance, et appliquer par de multiples moyens des discriminations raciales. 

En fait, ces travailleurs palestiniens qui ont des protections minimales, sont rémunérés beaucoup moins que les travailleurs israéliens . De plus, les Palestiniens sont obligés de payer les contributions de sécurité sociale et les frais d’adhésion au syndicat des travailleurs israéliens, sans y être représentés.

Et pendant cette période exceptionnelles, l’armée israélienne a poursuivi ses mesures inhumaines envers les travailleurs palestiniens, ces travailleurs humiliés sur les check-points de l’occupant. Et quand ils sont infectés, ils sont jetés d’une façon barbare durant des heures sur la route avant que les ambulanciers palestiniens viennent les récupérer pour les emmener dans des hôpitaux ou des centres de quarantaine palestiniens.

En Cisjordanie, ce sont plus de 130.000 travailleurs qui ont été touchés par les mesures préventives suite à la fermeture des territoires palestiniens.

Dans la bande de Gaza, 45.000 travailleurs ont perdu leur emploi avec le confinement, ou plutôt, le double confinement.

Tous ces travailleurs sont devenus chômeurs , qui ont seulement une indemnisation et une aide symboliques de la part de deux gouvernements de Ramallah et de Gaza,  qui ont des difficultés budgétaires et économiques énormes, et n’arrivent pas à faire face à cette situation exceptionnelle dans nos territoires.

Cette situation a augmenté le chômage dans les territoires palestiniens, avec des conséquence dramatiques sur l’économie palestinienne en faillite.

Le bureau des Statistiques palestiniennes, dans son bulletin de fin avril 2020, confirme que le PIB a diminué de 7%, et que les pertes économiques, suite à cette crise dans les territoires palestiniens, dépassent un milliard de dollars pour les mois de mars et d’avril 2020.

Maher Tabaa, directeur des relations publiques à la Chambre de commerce et d’industrie de Gaza, a montré que tous les secteurs économiques dans cette région sous blocus israélien ont été paralysés , avec une baisse de 70 % de pouvoir d’achat chez les Palestiniens de Gaza. En conséquent, le nombre de personnes qui dépendent des aides nationales et internationales a augmenté de 25% .

Malgré ces chiffres et cette souffrance, les travailleurs palestiniens où qu’ils soient : en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans les territoires de 1948 et dans l’exil, sont plus que jamais déterminés et espèrent comme toute notre population, un lendemain meilleur, un lendemain de changement, de liberté et de justice.

Les chiffres sur la souffrance de nos travailleurs palestiniens sont choquants, avec de plus en plus de chômage et de fermetures d’usines et d’ateliers et une économie en recul permanent. Toutes les entreprises agricoles, artisanales et industrielles souffrent des mesures atroces de l’occupation israélienne contre l’économie palestinienne.

Le taux de chômage dépasse les 47% en Cisjordanie et les 67% dans la bande de Gaza, une région toujours sous blocus israélien, avec plus de 77% des Palestiniens vivant en dessous du seuil de pauvreté, et une vie économique paralysée à cause de la fermeture des frontières et des passages, et l’enfermement de toute une population civile dans une prison à ciel ouvert.

Les Palestiniens célèbrent cette journée mondiale du travail avec une pensée particulière pour les travailleurs détenus dans les prisons israéliennes, pour ceux de Cisjordanie qui défient l’occupation, la colonisation, le mur de la honte et les check-points, et pour les travailleurs de Gaza qui souffrent, comme toute la population civile, de ce blocus inhumain imposé depuis plus de 14 ans par les forces de l’occupation.

Une pensée particulière pour tous nos travailleurs tués par les soldats israéliens sur leurs lieux de travail, devant le mur d’apartheid, dans les manifestations pacifiques contre la confiscation des terres appartenant aux Palestiniens, et contre le blocus inhumain,  devant les barrages militaires israéliens, ou suite à des agressions israéliennes permanentes.

Une pensée pour nos travailleurs qui, malgré les humiliations israéliennes et les files d’attente devant les check-points, continuent à vouloir se rendre sur leur lieu de travail afin de vivre, eux et leurs familles, dignement.

Une autre pensée pour nos citoyens qui sont depuis des années sans travail à cause de toutes les mesures israéliennes, qui affrontent une réalité dure et qui n’arrivent pas à répondre aux besoins de leurs familles.

Les travailleurs palestiniens fêtent le 1er Mai dans les larmes et la peine. Ils pensent aux morts, aux blessés, aux prisonniers, et à toute la population civile en Cisjordanie qui résiste contre la colonisation.

Et à la population civile de Gaza, en souffrance permanente depuis des années, une population, qui a commencé le 30 mars 2018 une « Grande Marche du retour », une marche pour la dignité pour réclamer le droit au retour, et pour exiger la levée du blocus israélien inhumain et mortel, dans une démarche populaire et non-violente. Et qui poursuit ses actions pacifiques pour la troisième année consécutive, malgré le bilan lourd des pertes humaines entre morts, blessés et amputés.

Un grand hommage à nos travailleurs, à nos syndicats, à tous nos ouvriers, pêcheurs, paysans et fonctionnaires pour leur patience, pour leur combat, pour leur détermination et leur lutte pour la dignité.

Un hommage à nos travailleurs qui sont morts ou blessés sur leurs lieux de travail et sur leur terre.

Merci à tous les solidaires, les syndicats et les travailleurs du monde entier qui ont célébré symboliquement et virtuellement ce premier mai 2020 de chez eux confinés, avec des drapeaux palestiniens et des banderoles saluant le courage, la détermination et la résistance des travailleurs palestiniens, en demandant la levée du blocus israélien contre la bande de Gaza, et l’application du droit international.

Le chemin est encore très long pour que nos travailleurs obtiennent tous leurs droits.

Mais la lutte continue pour obtenir ces droits ; elle passe avant tout par la fin de l’occupation israélienne et la liberté de tous les territoires palestiniens afin que le peuple palestinien vive dignement sur sa terre.

Retour haut de page