Israël approuve 7000 nouvelles unités d’habitations coloniales dans le sud de la Cisjordanie

La zone entre Bethléem et Hébron devient le nouveau champ de bataille de l’annexion.

Par Yumna Patel, 8 mai 2020

Le ministre de la Défense israélien Naftali Bennett a approuvé l’extension de la méga-colonie Efrat dans le sud de la Cisjordanie occupée, avec 7000 nouvelles unités d’habitations — doublant presque la taille de la colonie.

Grâce à l’approbation de Bennett, le ministère du Logement d’Israël peut avancer dans les étapes de la planification pour ce « quartier », qui occupe 1100 dounams (110 hectares) de terre palestinienne, connue des locaux sous le nom de al-Nahla et des colons sous celui de Givat Eitam.

Les colons d’Efrat ont été impliqués dans une bataille juridique de plusieurs décennies contre les Palestiniens à propos de cette terre, où des dizaines de familles palestiniennes des villages environnants possèdent des terrains qu’ils utilisent pour l’élevage et l’agriculture.

La terre en question a été désignée par Israël comme « terre de l’Etat » en 2004, une mesure qui a été contestée avec véhémence par les Palestiniens parce qu’elle ouvrait la voie à l’allocation des terres à une future expansion coloniale. Ils ont déposé une requête à la Haute Cour israélienne pour s’opposer à la désignation de « terre de l’Etat », mais leur requête a été rejetée.

La décision de Bennett cette semaine a suivi de seulement quelques jours le rejet par l’Administration civile israélienne d’un appel de 2019 fait par les Palestiniens et par l’association Peace Now [La Paix maintenant], qui surveille les colonies, pour allouer les terres de al-Nahla à l’usage palestinien, plutôt qu’aux colons.

La requête arguait que les Palestiniens cultivaient cette terre depuis des années et avaient donc des liens plus forts avec elle que les colons d’Efrat.

De plus, ils arguaient qu’en expropriant ces terres pour une extension des colonies, Israël couperait de fait la cité de Bethléem des villages au sud, Efrat s’étendant juste au milieu.

L’Administration civile a cependant décidé dimanche de rejeter la requête des Palestiniens et de donner à la place le territoire aux colons, en arguant que « Efrat n’a presque aucune réserve foncière et Givat Eitam est la seule possible à acquérir », a rapporté Haaretz.

Selon Peace Now, les données indiquent que depuis l’occupation de la Cisjordanie en 1967, 99,8% des terres d’Etat en territoire occupé ont été allouées à l’usage israélien et à celui des colonies, alors que moins de 0,2% ont été données à des Palestiniens. Peace Now a dit avoir l’intention de combattre la décision de Bennett par une requête à la cour dans les prochains jours.

« C’est une mesure cynique de la part d’un ministre de la Défense intérimaire à la fin de son mandat, alors que la nation titube encore sous la crise du coronavirus, que de mettre en oeuvre un plan dangereux destiné à enraciner la domination israélienne permanente dans le sud de la Cisjordanie et de porter atteinte aux perspectives d’une solution à deux états », a déclaré Peace Now.

« La chose correcte à faire est d’allouer la terre à la construction palestinienne, mais le ministère de la Défense est actuellement dirigé par un politicien irresponsable prêt à franchir n’importe quelle ligne rouge au nom de son idéologie anti-démocratique ».

« E2 »: le nouveau champ de bataille de l’annexion

Entre les districts de Bethléem et de Hébron au sud de la Cisjordanie, se trouvent des dizaines de colonies israéliennes qui forment le bloc de Gush Etzion.

Pendant des années, le gouvernement israélien a oeuvré pour étendre ce bloc et créer un conglomérat de colonies dans la zone, ce qui couperait de fait le sud de la Cisjordanie en deux.

Cela inclut la main-mise en 2014 sur près de 405 hectares de terre palestinienne de cinq villages au sud de Bethléem — la plus grande confiscation de terre palestinienne en trente ans.

Les plans d’Israël pour al-Nahba ont été baptisés par les militants « E2 » à cause de leurs similarités avec les plans « E1 » d’Israël, qui créeraient un bloc de colonies entre Jérusalem et la Cisjordanie centrale, rendant impossible la viabilité d’un futur état palestinien en un seul morceau.

L’approbation par Bennett des nouvelles unités de « E2 » arrive exactement une semaine avant la visite prévue du Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo en Israël pour discuter des plans d’annexion avec le Premier ministre israélien Netanyahu et le chef du parti Bleu et Blanc, Benny Gantz, selon les rapports de médias israéliens.

Alors que la visite de Pompeo n’est pas encore annoncée officiellement, des rapports sur elle ont fait surface le jour même où l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman, a dit aux médias israéliens que le gouvernement de Trump était prêt à reconnaître la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie « dans les prochaines semaines ».

« Quand le processus de cartographie sera terminé, quand le gouvernement israélien acceptera d’arrêter les constructions dans les parties de la Zone C qui ne sont pas désignées comme celles où sa souveraineté s’appliquera et que le premier ministre sera d’accord pour négocier avec les Palestiniens sur la base du plan de Trump — et il a déjà accepté cela dès le premier jour — nous reconnaîtrons la souveraineté d’Israël dans les zones qui doivent en faire partie selon le plan », a dit Friedman à Israel Hayom Daily.

Alors que Friedman dit que la reconnaissance américaine de l’annexion israélienne sera conditionnée à un accord entre les gouvernements israélien et palestinien à propos du plan de paix américain, Israël a continué à construire de nouvelles colonies et à étendre celles qui existaient déjà dans le mois qui a suivi la publication du plan.

Depuis 1967, Israël a installé environ 700 000 citoyens israéliens en Cisjordanie en contradiction avec le droit international et le consensus que les colonies israéliennes sont illégales.

Des groupes de défense des droits ont noté une nette augmentation de l’expansion coloniale pendant la période du gouvernement de Trump. Selon Peace Now, le taux annuel moyen d’expansion des colonies sous Trump a été de 25% plus élevé que pendant la période de gouvernement du président Obama.

Yumna Patel
Yumna Patel est correspondante de Mondoweis pour la Palestine.

Traduction : CG. pour l’Agence Média Palestine

Source : Mondoweiss

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