De Ramallah à Haïfa en passant par la bande de Gaza, les Palestiniens dans leur pays d’origine se joignent à toutes celles et ceux dans le monde qui dénoncent les systèmes de suprématie raciale.
Par Nada Elia, le 8 juin 2020
Le meurtre atroce de George Floyd par la police, capté sur son mobile par un adolescent qui a ensuite posté ces images déchirantes sur les médias sociaux, n’est que le dernier rappel que les luttes du siècle dernier pour les droits civils ne se sont pas traduites par des rues plus sûres – ni même par des maisons plus sûres – pour la population noire des USA. Néanmoins, en ces moments profondément douloureux, il y a aussi un sentiment d’espoir, prudent, avec des Américains de toutes les races, et aussi des gens dans le monde entier, qui descendent dans la rue avec un seul message : « Black Lives Matter » (« Les vies noires comptent) ».
Et de Ramallah à Haïfa en passant par la bande de Gaza, les Palestiniens dans leur pays d’origine se joignent à toutes celles et ceux dans le monde qui dénoncent le système de suprématie raciale qui a trop longtemps fait pression sur une population opprimée qui enseignait au monde que la justice est indivisible, et que, aucun d’entre nous ne peut respirer tant que la population noire ne peut respirer. Cette vidéo compile certaines de leurs déclarations de solidarité, notamment « Nous vous voyons », « Votre douleur est notre douleur », en affirmant leur conviction que la justice prévaudra.
Le slogan de Black Lives Matter, « Coupez les fonds à la police », résonne aussi aux quatre coins du monde, tout comme les dénonciations de la criminalisation générale de la population noire et des fondements racistes des forces de l’ordre américaines, lesquelles ont toujours placé la propriété au-dessus de l’humanité. Une discussion indispensable a lieu dans les foyers, sur les médias sociaux et dans la rue, sur l’identité même de l’institution policière, avec ses débuts comme patrouilles d’esclaves. Comme je l’ai écrit par ailleurs : « Avec leur origine en tant que patrouilles d’esclaves en fuite – accordant toujours la priorité à la propriété des Blancs sur la vie des Afro-américains, les forces de police des États-Unis sont racistes depuis des siècles (…) Leur comportement aujourd’hui, alors qu’elles forment un mur armé qui protège les banques et les centres commerciaux plutôt que les manifestants qui s’élèvent contre des siècles d’injustice, est une évolution directe de leur mandat initial : protéger les privilégiés et leurs richesses de celles et ceux qui ont été violemment dépossédés de leur terre, dont les terres ont été pillées, et qui sont privés du fruit de leur travail ».
C’est pourquoi les exigences de Black Lives Matter ne sont pas aménageables, demandant des caméras portables ou un meilleur système de responsabilisation. Le message est plutôt clair : « Coupez les fonds à la police » vise à démanteler tout un système qui est avant tout si raciste qu’il ne peut pas être réformé.
Les Arabo-Américains, qui savent eux-mêmes ce qu’est la violence des forces de l’ordre, expriment aussi leur solidarité avec la lutte des Noirs, dans des déclarations individuelles, dans des œuvres d’art honorant la vie des Noirs, et en animant des collectes au bénéfice du Mouvement pour les Vies noires, et d’autres organisations conduites par des Noirs. Comme le précise le Projet Justice d’Adalah dans sa déclaration, intitulée « Il est de notre devoir de défendre les vies noires », une « rébellion d’amour » est en marche.
Pour le moment, nous devons faire en sorte qu’il s’agit bien d’un mouvement, et non d’un moment. Continuons à descendre dans les rues, continuons à nous joindre à la rébellion d’amour contre le racisme. La police, qui impose aujourd’hui le respect de la suprématie raciale, doit être abolie, car (comme l’affirment les participants à cette vidéo) : Black Lives Matter (Les Vies Noires Comptent).
Traduction : BP pour l’Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss