Par Tamara Nassar, le 3 juillet 2020

Le mois dernier, un tribunal israélien a rejeté une requête de l’Église orthodoxe grecque visant à annuler la vente de concessions sur des propriétés de Jérusalem à une organisation extrémiste de colons israéliens.
Le jugement donne à nouveau le feu vert à Ateret Cohanim, un groupe de droite impliqué dans la colonisation des terres palestiniennes de la ville, pour qu’il s’empare des trois propriétés.
Le tribunal de district de Jérusalem a statué en août dernier en faveur du groupe de colons qui cherche à assurer une majorité juive dans la vieille ville de Jérusalem par la colonisation et le déplacement forcé d’autochtones palestiniens.
Ateret Cohanim affirme avoir loué les terres de l’église en 2004 à Irénée I, le patriarche grec orthodoxe de l’époque. Les baux étaient d’une durée de 99 ans.
L’Église a déclaré qu’elle ferait appel de la décision du 24 juin auprès de la Cour Suprême israélienne et a accusé le tribunal de district de Jérusalem d’avoir négligé « une foule de nouvelles preuves du comportement délinquant, notamment l’extorsion, la fraude et la tromperie » concernant les transactions de 2004.
« La décision du tribunal a été une surprise, et elle a été reçue ce matin dans les 24 heures suivant la conclusion de l’audience sur la question, sans que le tribunal n’examine les preuves et sans permettre qu’elles soient entendues », a déclaré le patriarcat.
« Nous pensons qu’après avoir examiné les preuves, la Cour suprême acceptera notre dossier et inversera la décision du tribunal de district ».
Pourtant, cette confiance dans la cour suprême d’Israël est peut être déplacée.
La cour s’est déjà prononcée en faveur de l’organisation des colons, lui donnant le feu vert pour qu’elle s’empare des propriétés.
Au cours des 16 dernières années, Ateret Cohanim a mené une bataille juridique contre l’Église pour tenter de se saisir des propriétés situées près de la porte de Jaffa dans la vieille ville.
Deux des trois propriétés, le New Imperial Hotel et l’hôtel Petra, sont actuellement occupées par des organisations palestiniennes, qu’Ateret Cohanim cherche à expulser.
Ce sont deux des plus anciens bâtiments de la ville, qui surplombent le Dôme du Rocher et l’église du Saint-Sépulcre.
Irénée I a été évincé de l’église suite à des accusations selon lesquelles il aurait approuvé les transactions avec Ateret Cohanim.
Les trois sites ont été loués à un prix bien inférieur à leur valeur, et les responsables de l’église ont été accusés de recevoir des paiements du groupe de colons pour faire avancer la transaction.
Une commission formée par l’Autorité palestinienne en 2005 a enquêté sur l’affaire et a exonéré Irénée I de toute implication dans la transaction.
L’enquête a conclu que les accords n’avaient pas été approuvés par le Synode de Jérusalem, ce qui les rend « juridiquement invalides et donc incomplets ».
Irénée I a affirmé que son éviction n’était pas légale et a continué à se présenter comme patriarche.
Théophile III, l’actuel patriarche, a rejeté les ventes que son prédécesseur aurait approuvées, affirmant qu’elles impliquaient des pots-de-vin et de la corruption. L’église a repris les sites après sa nomination.
Le patriarcat affirme qu’Ateret Cohanim a soudoyé le directeur financier de l’église, Nikolas Papadimos, pour faire avancer l’affaire.
L’Église orthodoxe grecque est l’un des plus grands propriétaires fonciers du pays.
Alors que Theophile III tente d’empêcher la reprise des trois propriétés par des colons israéliens, il a lui-même été accusé d’essayer de vendre d’autres biens de l’église à des acheteurs souvent mystérieux, y compris des investisseurs israéliens.
Cela a amené les chrétiens palestiniens à demander son éviction en tant que patriarche de l’Église orthodoxe grecque.
Traduction : SF pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada