L’infection au COVID-19 fait un bond en Cisjordanie

Par Tamara Nassar, le 6 juillet 2020

Travailleurs palestiniens faisant la queue pour entrer en Israël par le checkpoint de Mitar dans la ville cisjordanienne de Hebron, le 28 juin. 
Mosab Shawer/APA images

Le nombre de cas COVID-19 confirmés s’est presque multiplié par sept en Cisjordanie occupée au cours des trois dernières semaines.

Le nombre total de cas est passé de 690 le 16 juin à plus de 4 700, le 6 juillet.

Il y a eu 20 décès en Cisjordanie, dont plus de la moitié ont été enregistrés au cours de la semaine dernière.

Le groupe de surveillance des Nations Unies, OCHA, a déclaré qu’il s’agissait de l’un des taux d’augmentation les plus élevés enregistrés dans le monde au cours de cette période.

L’Autorité palestinienne a renouvelé les mesures de bouclage dans certaines zones, à la lumière de la récente augmentation, après les avoir assouplies en mai.

La récente augmentation a été attribuée à l’assouplissement des restrictions – dont la réouverture des entreprises et des lieux de culte.

Entre-temps, le nombre total de cas confirmés en Israël dépasse désormais les 30000. Plus de la moitié des personnes infectées se sont rétablies et 332 sont mortes.

Les premiers tests d’anticorps suggèrent que 2,5 % de la population israélienne a été infectée par le virus, soit plus de 10 fois le nombre de cas confirmés.

Restrictions renouvelées

Mohammad Shtayyeh, le premier ministre de l’Autorité Palestinienne, a exhorté Israël à fermer tous les checkpoints d’entrée et de sortie de la Cisjordanie, afin d’enrayer la propagation.

Les travailleurs palestiniens qui continuent à travailler en Israël sont considérés comme un des principaux vecteurs de la propagation de COVID-19 en Cisjordanie.

Des centaines de milliers de travailleurs se déplacent chaque semaine entre leur domicile en Cisjordanie et leur lieu de travail en Israël.

En réponse à la récente recrudescence, l’Autorité Palestinienne a imposé une fermeture d’une semaine à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, et de deux jours à Bethléem, plus au nord.

Des bouclages plus courts ont été imposés à d’autres villes palestiniennes dans toute la Cisjordanie.

Tous les magasins ont été fermés, à l’exception des épiceries, des boulangeries et des pharmacies.

L’Autorité palestinienne a renouvelé l’interdiction des grands rassemblements, tels que les mariages, les remises de diplômes et les enterrements.

Shtayyeh a lancé un appel au public pour qu’il évite d’organiser de tels rassemblements.

Le Pont Allenby, qui sépare la Cisjordanie de la Jordanie, a été ouvert à plusieurs reprises ces dernières semaines, ce qui a permis à des voyageurs de passer en Cisjordanie.

Pas de sorties de Gaza

Aucun nouveau cas de coronavirus n’a été enregistré dans la bande de Gaza depuis le 10 juin.

Cela est dû en grande partie à une forte diminution du nombre de personnes entrant à et sortant de Gaza au cours des dernières semaines.

Il y a eu 72 cas confirmés de COVID-19 à Gaza, dont un mortel. La grande majorité des personnes infectées se sont rétablies.

Le point de passage de Rafah entre Gaza et l’Égypte a été fermé par les autorités égyptiennes. C’est le seul point d’entrée et de sortie pour la grande majorité des résidants de Gaza vers le monde extérieur.

Le point de contrôle d’Erez, le seul point de passage pour les personnes entre Gaza et Israël, est pratiquement inopérant depuis le mois de mars, pour tenter de freiner la propagation de COVID-19.

Les sorties de Gaza vers Israël sont généralement limitées aux cas médicaux.

Mais, depuis que l’Autorité Palestinienne a annoncé, le 21 mai qu’elle suspendait sa coordination avec les autorités israéliennes, les Palestiniens n’ont aucun moyen de demander un permis de voyage pour entrer en Israël.

Cela inclut les Palestiniens qui ont besoin d’un traitement médical crucial, non disponible dans l’enclave côtière.

Des groupes de défense des droits humains ont envoyé une lettre au gouvernement israélien pour exiger qu’Israël veille à ce que les Palestiniens ayant des besoins médicaux ou humanitaires soient autorisés à se déplacer en dehors de Gaza.

« Israël ne peut pas, quelles que soient les circonstances, empêcher un voyage pour des raisons de procédure et de bureaucratie, d’autant plus lorsque le voyage est nécessaire à l’exercice des droits humains fondamentaux », indique la lettre.

« Refuser à ces personnes de voyager serait une violation flagrante et grave de leurs droits fondamentaux, notamment du droit à la vie et à l’intégrité corporelle ».

La lettre a été signée par les groupes de défense des droits humains Adalah, Gisha, Médecins pour les droits humains-Israël, HaMoked et l’Association pour les droits civils en Israël.

Les autorités de Gaza ont décidé que pour le reste de l’année, toutes les personnes entrant dans la bande de Gaza seraient obligatoirement placées en quarantaine de trois semaines.

Le siège d’Israël sur le territoire est entré dans sa treizième année. 

Propagande pandémique

Le point de contrôle de Kerem Shalom, le seul endroit où Israël permet l’entrée et la sortie de marchandises de Gaza, est toujours opérationnel.

Le COGAT, la branche administrative de l’occupation militaire israélienne, a utilisé la pandémie de coronavirus comme une opportunité de propagande pour se glorifier de l’équipement médical et des autres fournitures dont il autorise l’entrée à Gaza par le point de passage.

Le COGAT s’est également vanté d’avoir rendu son dispositif d’occupation plus efficace pendant la pandémie, en connectant directement le checkpoint de Qalandiya en Cisjordanie avec une gare routière.

Le COGAT masque son rôle oppressif de branche administrative de l’occupation militaire israélienne par des actes apparemment « humanitaires », notamment en essayant de rendre l’occupation plus « efficace », en ajoutant des systèmes de haute technologie aux checkpoints et en construisant des raccourcis routiers.

Une telle propagande n’apporte aucun réconfort aux victimes de l’oppression israélienne.

Traduction : SF pour l’Agence Média Palestine

Source : The Electronic Intifada

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