Les fondateurs d’Israël étaient des « voleurs », déclare un historien israélien

Middle East Monitor – 6 octobre 2020

L’historien israélien Adam Raz, le 21 décembre 2018 

Les premiers colons juifs en Palestine « se sont livrés au pillage des biens arabes », affirme un historien israélien dans un nouveau livre, ajoutant : « les autorités ont fermé les yeux ».

Dans ce qui a été décrit comme la « toute première étude approfondie » par l’historien israélien Adam Raz, il y décrit : « dans quelle ampleur les juifs ont pillé les biens des Arabes » durant l’attaque des bandes juives en 1948 contre les Palestiniens et leurs maisons, et il explique pourquoi Ben Gourion a déclaré : « la plupart des juifs sont des voleurs ».

Publiée dans Haaretz, la critique par Ofer Aderet du livre de Raz s’intitule : « Des soldats et des civils juifs se sont livrés à un pillage en masse des biens de leurs voisins arabes en 1948. Les autorités ont fermé les yeux ».

Un autre auteur chevronné de Haaretz, Gideon Levy, fait remarquer que « les mots ’la plupart des juifs sont des voleurs n’ont pas été prononcés par un dirigeant antisémite, par un juif haineux ou par un néo-nazi, mais par le fondateur de l’État d’Israël, deux mois après sa fondation ».

Pour Levy, les autorités israéliennes « ont fermé les yeux et ont ainsi encouragé le pillage, malgré toutes les dénonciations, les faux-semblants et quelques procès ridicules ».

« Le pillage servait un objectif national : achever rapidement le nettoyage ethnique des Arabes de la plus grande partie du pays, et faire en sorte que les 700 000 réfugiés n’imaginent même pas revenir dans leurs foyers »  explique-t-il.

L’auteur israélien ajoute : « Avant même qu’Israël ait réussi à détruire la plupart des maisons, et à effacer plus de 400 villages de la surface de la terre, est intervenu ce pillage massif afin de les vider, de façon à ce que les réfugiés n’aient plus aucune raison de revenir ».

Levy dit également que les pilleurs « étaient motivés non seulement par l’effroyable avidité de posséder les biens volés une fois la guerre finie, des biens qui appartenaient dans certains cas à des personnes qui, la veille encore, étaient leurs voisins, et pas simplement par le désir de s’enrichir rapidement en pillant des articles ménagers et des bibelots, certains très coûteux…,  mais encore ils servaient, consciemment ou inconsciemment, le projet de purification ethnique qu’Israël a tenté en vain de nier tout au long des années ».

« Presque tout le monde a pris part » au pillage, ajoute-t-il, qui « était un petit pillage, un qui a prouvé, ne serait-ce que pendant un moment, que ‘la plupart des juifs sont des voleurs’, comme l’a déclaré le père fondateur. Mais ce fut un mini-pillage comparé au pillage institutionnalisé des biens, des maisons, des villages et des villes – au pillage de la terre ».

« Le déni et la répression » font partie des raisons pour lesquelles les chefs de la communauté juive ont permis le pillage des biens des Arabes en Palestine. Il déclare : « La soif de vengeance et l’ivresse de la victoire après une guerre difficile pourraient peut-être expliquer, même en partie, qu’autant de personnes y ont participé ».

Levy écrit : « le pillage reflétait non seulement une faiblesse humaine momentanée, mais il était destiné à servir un objectif stratégique clair – purifier le pays de ses habitants – les mots manquent ».

En conclusion de son article, Levy déclare : « Quiconque croit qu’une solution sera un jour trouvée au conflit sans expiation ni compensation appropriées pour ces actes, vit dans l’illusion ».

Il demande à Israël de « réfléchir aux sentiments des descendants, les Arabes d’Israël et les réfugiés palestiniens, qui vivent avec nous et à côté de nous. Ils voient les images et lisent ces choses – qu’est-ce qui leur traverse l’esprit ? ».

Et de répondre : « Ils ne pourront jamais voir les villages de leurs ancêtres : Israël en a démoli la plupart, pour ne pas en laisser une parcelle » notant qu’ « un petit souvenir volé de la maison qui a été perdue pourrait faire couler une larme ». 

En ajoutant : « Il suffit de demander aux juifs qui sont furieux devant tout bien juif volé ». 

Traduction : BP pour l’Agence Média Palestine

Source: Middle East Monitor

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