L’agence des frontières, Frontex, accusée par des militants et des députés européens de se dérober à ses responsabilités envers des gens en détresse.
Des critiques portées aux récents marchés passés par l’UE pour 100 millions d’euros (90 millions de livres sterling) pour des drones de surveillance au-dessus de la Méditerranée, l’accusent de condamner à mort des migrants.
Des militants et des députés européens ont accusé l’agence Frontex d’investir dans des technologies permettant de surveiller les migrants à distance et de se soustraire à ses responsabilités envers les personnes en détresse.
Frontex est déjà sous le feu des critiques après qu’une enquête menée la semaine dernière l’a accusée de complicité dans des refoulements souvent dangereux visant à empêcher des demandeurs d’asile de traverser la mer Égée.
L’agence a nié avoir eu connaissance de ces refoulements ou y avoir participé. Mardi, elle a lancé une enquête interne, à la demande de la commissaire européenne Ylva Johansson, à la suite d’articles publiés dans le Guardian, mais a déclaré qu’elle n’avait encore trouvé aucune preuve de violations.
Wim Zwijnenburg, qui travaille sur le désarmement pour l’organisation néerlandaise pour la paix, Pax, a déclaré que les responsables politiques de l’UE avaient développé une « obsession technologique » pour la surveillance de ses frontières. « Est ce qu’ils mettent autant d’argent pour réagir ? », a-t-il déclaré. « Allons-nous maintenant avoir plus de caméras dans le ciel pour regarder les gens se noyer dans la Méditerranée ? »
« Nous avons tous ces yeux dans le ciel, mais nous n’avons pas les mains sur la mer ».
Au début de ce mois, Frontex a octroyé des contrats de fourniture de drones de type militaire à Airbus et à la société d’armement israélienne Elbit Systems, destinés à surveiller « chaque navire impliqué dans toute forme d’activité irrégulière ou illégale en mer ».
L’UE a déclaré que la surveillance aérienne permettait de sauver des vies. Mais en juin, un groupe d’ONG de sauvetage de migrants a publié un rapport affirmant que les opérations aériennes de l’Europe avaient conduit à l’arrestation de dizaines de milliers de personnes par les garde-côtes libyens, tandis que l’UE mettait fin à ses propres patrouilles maritimes.
« Les acteurs européens tentent de se retirer de leur présence en mer et, selon nous, de ne pas respecter leurs obligations », a déclaré Kiri Santer de Alarm Phone, l’une des ONG à l’origine du rapport. « Ils continuent d’être présents, mais dans le ciel, afin de pouvoir être informés des différents bateaux de migrants qui partent des côtes libyennes et de transmettre ces informations aux garde-côtes libyens », a-t-elle ajouté.
Les nouvelles opérations de drones, qui devraient être lancées l’année prochaine, permettront à Frontex d’effectuer la surveillance en temps quasi réel depuis des bases situées entre la Grèce, l’Italie et Malte.
Oliver Nuffer, responsable des ventes de la branche défense d’Airbus, a déclaré que Frontex était son premier client non militaire. La société exploitera l’avion israélien Heron 1, équipé de caméras infrarouges et de radars maritimes.
« Il est possible qu’au printemps, des réfugiés traversent à nouveau la Méditerranée et Frontex aimerait examiner de plus près ce type de situation. Mais en général, il s’agit de surveillance maritime », a-t-il déclaré.
Airbus espère que le contrat conduira à davantage de partenariats civils. Bien que la technologie ait été développée pour l’armée, les drones non armés permettent des vols d’une journée qui changeraient la façon dont Frontex est capable de surveiller la mer, a déclaré M. Nuffer.
Elbit exploitera également des drones. Cette société a déjà utilisé l’Hermès 900 lors de tests pour l’UE.
Les deux types de drones ont été déployés dans des situations de combat, principalement à Gaza, mais ils ne seront pas armés.
L’eurodéputée allemande Özlem Demirel, qui a interrogé à plusieurs reprises la Commission européenne depuis la publication de l’appel d’offres il y a un an, a déclaré qu’il était « scandaleux » d’équiper les forces frontalières européennes avec cette technologie. « La frontière extérieure de l’UE est de plus en plus militarisée, car les drones de surveillance sont avant tout une technologie militaire », a-t-elle déclaré.
Mme Demirel a également critiqué le partenariat de l’UE avec les garde-côtes libyens, qu’elle a financés et formés, en dépit des critiques visant leurs liens avec les milices et les accusations d’implication dans des trafics.
Le budget de Frontex est passé à 460 millions d’euros cette année, contre 333 millions d’euros l’année dernière et 142 millions d’euros en 2015, l’Europe se concentrant davantage sur la surveillance de ses frontières.
L’année dernière, l’agence a lancé des appels d’offres pour des systèmes de surveillance mobiles équipés de caméras infrarouges et de radars pouvant être installés sur des camionnettes et des fourgonnettes afin de détecter les mouvements transfrontaliers.
Source: The Guardian
Traduction SF pour l’Agence Media Palestine