Biden ou Trump, Linda Sarsour descend toujours dans la rue

Par Alex Kane, le 28 Octobre 2020.

La militante palestinienne-américaine Linda Sarsour décrit son ralliement à Biden malgré ses doutes, et explique pourquoi la défaite de Trump n’est pas suffisante pour le mouvement progressiste.

Linda Sarsour, l’un·e des militant·e·s musulman·e·s les plus important·e·s des États-Unis, ne saute pas vraiment de joie à la perspective d’une présidence Joe Biden. Biden représente tout l’inverse de Sarsour : un vieil homme blanc, centriste, sioniste.

Cependant, cette militante palestinienne-américaine, ex-suppléante de Bernie Sanders lors de sa campagne, mobilise les communautés dont elle provient afin qu’elles votent pour Biden et contre Donald Trump. C’est Biden que Sarsour veut avoir comme opposant à la Maison Blanche. Trump est tellement “fasciste” qu’on ne peut pas le faire bouger, dit-elle, tandis que Biden pourrait éventuellement se montrer réceptif à un mouvement progressiste qui exercerait des pressions sur lui.

De nombreux membres des communautés musulmane-américaine et arabe-américaine sont d’accord avec elle, quelle que soit leur méfiance à l’égard des positions de Biden en matière de politique étrangère. Selon un sondage récent du Arab American Institute, 59 pour cent des Arabes-Américains disent voter pour Biden, pendant que 35 pour cent soutiennent Trump. Par ailleurs, 71 pour cent des Musulmans-Américains soutiennent Biden, d’après une enquête du Council on American-Islamic Relations. Leurs voix pourraient être décisives dans certains États qui ne sont acquis à aucun des deux candidats, comme le Michigan, où plus de 200 000 personnes ont des racines au Moyen-Orient.

À moins d’une semaine du jour de l’élection, Sarsour — qui a passé la fin de l’été et le début de l’automne à Louisville (Kentucky), travaillant à l’organisation des habitants qui aspirent au changement à la suite du meurtre de Breonna Taylor par la police — fait maintenant une tournée dans le pays pour veiller à ce que ces communautés et l’ensemble de la gauche progressiste aillent voter et soient attentifs à leur communication avec les sondeurs.

J’ai demandé à Sarsour, qui a dirigé la Women’s March et qui est à la tête du groupe musulman-américain MPower Change, quelles étaient ses idées sur l’élection, la Palestine, les brutalités policières, le mouvement pour les vies des Noirs, et l’état du mouvement progressiste.

Linda Sarsour  à côté d’une interprète en langue des signes à la manifestation March for Truth à Washington DC, 3 juin 2017. (Miki Jourdan/CC BY-NC-ND 2.0)

Cette conversation a été remaniée pour des raisons de longueur et de clarté.

Que faites-vous dans cette dernière étape avant l’élection ? Vous, et aussi MPower Change, l’organisation que vous dirigez ?

Je mène de front deux activités qui se croisent. Je dirige une campagne pour le vote musulman, My Muslim Vote Campaign, qui cible en particulier les électeurs musulmans dans les États clés, à savoir le Wisconsin, l’Ohio, le Michigan, la Pennsylvanie, la Floride, le Texas et la Caroline du Nord. Nous avons réalisé six vidéos multilingues d’une minute. Elles expliquent en urdu, somali, bangla, arabe, anglais, bien sûr, et farsi comment les gens peuvent obtenir le formulaire de vote par correspondance. Ce sont les langues que nous utilisons parce que nous savons que beaucoup de Musulmans-Américains n’ont pas été touchés par notre travail d’organisation, n’ont jamais vraiment été concernés par notre activité d’organisation électorale, pour voter par correspondance.

J’appartiens [aussi] à un groupe du Kentucky appelé Until Freedom. Nous menons [pour mobiliser la participation électorale] une “tournée de l’état d’urgence” qui va se rendre dans neuf États, notamment l’Alabama, la Géorgie, la Floride, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Michigan. La tournée durera du 22 octobre jusqu’au jour des élections.

À votre avis, jusqu’à quel point la communauté musulmane-américaine est-elle mobilisée et auquel des candidats apportera-t-elle son soutien ? C’est-à-dire que j’imagine que son soutien va principalement à Biden ?

Notre communauté musulmane-américaine, malheureusement, se trouve dans une situation où voter, cela consiste à limiter les dégâts. Le sentiment général, c’est que Donald Trump a causé davantage de dommages que ce que les communautés avaient vu avant lui.

Mais la communauté musulmane-américaine ne peut pas nier que sous l’administration Trump tout cela a été exacerbé, y compris l’interdiction de l’entrée des Musulmans sur le territoire ou “Muslim ban”. Le “Muslim ban”, pour notre communauté, c’est un coup brutal et direct parce que nous avons vu les membres d’une même famille séparés les uns des autres. [Cette situation] a envoyé un message à notre communauté : si Trump est reconduit pour quatre ans, la liste des pays [interdits] pourra s’agrandir et inclure d’autres pays à majorité musulmane, par exemple les pays d’Afrique du Nord.

Joe Biden, candidat à la présidence, s’adresse au Forum Moving America Forward accueilli par United for Infrastructure, au syndicat étudiant de l’université du Nevada, Las Vegas, Nevada, 16 février 2020. (Gage Skidmore/CC BY-SA 2.0)

Ce qui pousse [aussi] la communauté à voter, c’est qu’elle a obtenu une confirmation publique au cours de la campagne de Joe Biden. Biden a fait cette déclaration en public, de façon officielle, et pas juste lors d’une réunion en s’adressant à la seule communauté musulmane. Il a dit qu’une de ses principales priorités, dès le premier jour de son administration, serait d’abroger le “Muslim ban”. Cette interdiction ne touche pas forcément les trois à cinq millions de Musulmans qui vivent en Amérique, mais elle touche une fraction non négligeable de notre communauté. C’est pour cela, sur ce cas précis, que la communauté musulmane a le sentiment que son vote a de la valeur.

Et Trump — vous êtes au courant, la séparation des familles à la frontière, l’augmentation des expulsions qui ont touché notre communauté. Cette communauté n’est pas enchantée. Les gens ne sont pas enthousiastes. Mais ils savent qu’ils doivent faire ce qu’il faut, et ce qu’il faut, ce n’est pas toujours ce que vous avez envie de faire, mais vous savez que vous devez le faire.

À votre avis, comment l’équipe de campagne Biden a-t-elle géré la prise de contact avec les Musulmans-Américains, qui constituent un bloc électoral important pour le Parti Démocrate ? Visiblement, ces gens-là n’ont pas vraiment fait votre bonheur au moment de la convention nationale des Démocrates, quand ils vous ont critiquée après votre participation à un événement de la convention. Comment évaluez-vous ce qui se manifeste dans les rapports qu’ils ont voulu nouer avec les Musulmans-Américains?

Comme vous l’avez rappelé, dans le contexte de la convention, il y a eu un épisode où j’ai joué un rôle, mais en fait c’était bien au-delà de ma personne. C’était un signal donné aux communautés musulmane-américaine et arabe-américaine dans leur ensemble. 

D’une certaine manière, ça a augmenté ma crédibilité auprès des progressistes et des personnes de gauche, et au sein des communautés dont je viens. Je n’ai jamais travaillé pour la campagne de Biden, et je ne le souhaitais pas. Pour que je continue à avoir de la crédibilité— pour mobiliser ma communauté — il fallait que quelque chose, quelque part, confirme que je n’étais pas allée de Bernie à Biden, ce qu’il aurait été possible de croire. Vous savez comment sont les gens, ils auraient pu penser quelque chose comme : “Bon, peut-être que Linda se fait payer par la campagne. Pourquoi est-ce que Linda dit aux gens de voter pour Biden?” Pour moi, en réalité, le fait que la campagne déclare que je ne lui étais pas affiliée a été plutôt positif.

Mais cependant, un signal a été donné à la communauté : l’équipe de campagne n’était pas d’accord avec mes positions, qui sont celles que défendent la plupart des membres de la communauté dont je viens. Le soutien au BDS [mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions] n’est pas une position marginale dans les communautés musulmane ou arabe-américaine. Pas plus que notre critique du lobby pro-Israël de droite en Amérique. Pas plus que notre critique véhémente de l’État d’Israël, de l’occupation, et des colonies. Toutes les positions que je soutiens sont majoritaires dans ma communauté. 

Là-dessus, l’équipe de campagne Biden a vraiment fait une grosse erreur. Et elle n’a jamais réparé cette erreur. Elle n’est jamais vraiment revenue là-dessus en public. Ça aussi, c’est devenu un problème, quelque chose que nous devons surmonter. 

C’est pourquoi il était important que ma voix se fasse entendre pour continuer à mobiliser en vue de cette élection. Parce que les gens de ma communauté vont dire, en gros : “Si Linda Sarsour fait un travail de  mobilisation et nous dit que nous devons voter, et si l’équipe de campagne l’a attaquée personnellement, elle est donc crédible dans ce contexte et elle est dans le vrai.” C’est pourquoi j’ai utilisé cette situation pour dire : “Vous savez, je ne suis pas amie avec Biden. Je ne vais pas dîner avec lui une fois qu’il sera président. Il sera mon opposant à la Maison Blanche.”

Linda Sarsour aux côtés d’autres organisatrices de la Women’s March – Bob Bland, Tamika Mallory, Carmen Perez. 21 janvier, Washington DC. (Kisha Bari)

C’est la forme d’expression que j’ai utilisée comme individu au sein de la vaste communauté musulmane-américaine, en déclarant : “Les fascistes, je n’en peux plus. Nous ne pouvons pas aller de  l’avant en combattant les fascistes. Nous dépensons toute notre énergie pour être réactionnaires et ne pas pouvoir faire réellement avancer nos idées politiques ou nos mouvements. Trouvons-nous donc un meilleur opposant – et notre meilleur opposant, c’est Biden.” Cet argument a mieux fonctionné dans notre communauté.

Le problème posé par l’équipe de campagne Biden, c’est qu’ils ne comprennent ni la dynamique politique de notre communauté ni notre cartographie du pouvoir. En fait, ils ne savent pas — et vous le voyez aux modalités de leur prise de contact — qui peut mobiliser les Musulmans-Américains, quelles sont les plus puissantes des organisations regroupant des membres, dotées de sections dans tout le pays, dotées de locaux physiques dans tout le pays, ayant la capacité de rassembler des gens. Ils n’ont pas de Musulman·e·s capables de faire à un niveau élevé un travail d’organisation de base au cours de la campagne, et qui auraient pu leur montrer le fonctionnement de cette dynamique, leur montrer qui exerce le plus d’influence dans la communauté en termes de travail électoral.

À quoi vous attendez-vous, que prédisez-vous, si Biden remporte l’élection ? Quels seront les combats les plus importants entre des personnes comme vous et la Maison Blanche ?

Un de ces combats, c’est certain, va porter sur les activités de la police dans ce pays, et va pousser l’administration Biden à mettre l’accent sur la réforme de la justice pénale dans son ensemble. Les soins de santé vont être un sujet majeur sur lequel nous devrons nous battre avec l’administration, surtout si nous remportons le Sénat et que nous parvenons à mettre sur pied une sorte de Medicare pour Tous. Biden a dit que si un projet de loi Medicare atterrissait sur son bureau, il ne le signerait pas. Je doute que cela soit vrai, parce que je crois que nous allons construire autour de lui un mouvement si important qu’il sera forcé de le faire.

Je pense qu’il y aura certainement des affrontements autour des questions de politique étrangère. Je ne prévois pas que cela se passe dès le début de son entrée en fonctions — à mon avis, Biden ne met pas encore l’accent sur ces questions, cela ne semble pas être au centre de son programme. Mais je prévois qu’il va déraper sur l’Iran, et sur Palestine-Israël.

Vous qui avez eu une activité d’organisatrice sur les brutalités policières, comment évaluez-vous le positionnement de l’équipe de campagne Biden sur cette question ?

J’ai l’impression que les gens de la campagne Biden voudraient avoir le beurre et l’argent du beurre. On entend beaucoup plus souvent les noms de Breonna Taylor et de George Floyd, on entend des appels lancés aux militant·e·s et à quiconque respecte le caractère sacré de la vie des Noirs. Mais j’entends aussi [invoquer] la loi et l’ordre. Je n’arrive pas à décrypter clairement les positions de cette administration sur la question des brutalités policières et de l’obligation de répondre de ses actes. Pour l’instant, la campagne cherche à s’adresser aux électeurs centristes et aux gens qui sont favorables à l’application de la loi. C’est pourquoi je pense que ce combat va compter parmi les plus importants. 

Une fois que vous êtes devenu président des États-Unis, ces mouvements ne vont pas agir avec vous comme ils l’ont fait avec [Barack] Obama. Ils vont être dans la rue et ils vont vous demander de rendre des comptes, parce qu’ils se rappellent que nous avons fait quelques erreurs sous l’administration Obama. Nous avons fait confiance à Obama, car c’était un juriste constitutionnel. C’était un travailleur social des quartiers sud de Chicago. C’était un Noir. Et nous avons réellement cru que nous avions écrit une page d’histoire, ce qui était vrai, et qu’Obama allait faire ce qu’il fallait faire.

Mais il ne peut pas faire ce qu’il faut si les gens ne descendent pas dans la rue, s’il n’y a pas un  mouvement fort et mobilisé qui exige qu’il rende des comptes. Malheureusement, il avait autour de lui une quantité de néolibéraux et de vieux Démocrates traditionnels. Et en fait, il n’a pas réalisé tout ce qu’il voulait faire, j’en suis convaincue, parce qu’on l’a plus ou moins laissé se débrouiller tout seul. Je crois que cette fois-ci, le mouvement est prêt à se battre, à s’organiser, à mobiliser, quelle que soit la personne qui occupe la Maison Blanche. Que Biden arrive ou que Trump soit encore là, nous allons être dans la rue.

Quelle est votre plus grande peur en ce qui concerne l’élection et ses suites ?

J’ai deux peurs. L’une, c’est que Trump ne lâche pas le pouvoir et que notre marge de victoire ne soit pas considérable, ce qui nous conduit à une situation où [l’élection] sera contestée et mise en cause devant les tribunaux. Comme vous le savez, Trump a nommé [220] juges dans tout le pays ; et cela s’ajoute aux juges conservateurs qui siégeaient déjà dans différents États. S’il nous met en cause et que cela remonte jusqu’à la Cour suprême, cette cour, actuellement, n’est pas faite pour les personnes en position marginale. Elle n’est pas prête à défendre la démocratie, parce que la majorité actuelle est conservatrice, la juge la plus récente ayant été désignée par l’administration Trump.

Le président Donald Trump salue de la main en embarquant sur Air Force One à Joint Base Andrews (Maryland). Mercredi 21 oct. 2020. (Joyce N. Boghosian/White House Photo)

Mon autre inquiétude, si Biden gagne, c’est que tou·te·s les allié·e·s blanc·he·s mobilisé·e·s au fil des quatre dernières années croient qu’avec l’élection de Biden leur travail est terminé, et que les gens considèrent l’administration Biden comme un tournant décisif, la défaite d’une présidence épouvantable — [si bien que] maintenant, ils peuvent retourner à leurs occupations habituelles. Ça m’inquiète parce qu’il y a encore beaucoup de raisons de se battre, parce que les militant·e·s des avant-postes, qui étaient dans la rue — en particulier les nombreuses personnes de couleur, les femmes de couleur — essaient d’étendre la base du mouvement. J’ai peur que certaines de ces personnes qui se sont mobilisées pendant ces quatre dernières années rentrent chez elles. Cela me préoccupe vivement.

À votre avis, que faut-il faire pour que cela ne se produise pas ? 

J’ai eu des conversations à ce sujet avec une quantité de groupes : DSA [Democratic Socialists of America], Indivisible, et d’autres, pour savoir comment maintenir les adhésions qui se sont accumulées pendant ces quatre dernières années. Je crois que nombre de ces groupes poursuivent le travail, qu’ils continuent à solliciter l’engagement des gens au-delà de cette élection, à faire en sorte que les gens gardent en tête l’idée qu’il y aura des élections en 2021, en 2022, en 2023 et en 2024. Faire en sorte que les gens consolident leur force en allant vers 2024 où nous espérons qu’il y aura un·e concurrent·e progressiste, que ce soit Biden qui se présente de nouveau, ce dont je doute, ou que ce soit Kamala [Harris].

[Nous devons] préparer le mouvement progressiste à présenter un·e concurrent·e progressiste, et à faire entrer au Congrès davantage de progressistes dans tout le pays. À chaque élection — 2018, 2020, et maintenant, espérons-le, 2022 — nous avons vu davantage de personnes de couleur et de progressistes se présenter au Congrès. Le travail nécessaire est fait. Et j’ai foi en ces groupes d’allié·e·s qui continuent à affûter ce message. Mais au fond de mon cœur, je suis toujours aux avant-postes à mener ce travail d’organisation, et cela me préoccupe toujours. Nous devons attendre et voir. Je fais confiance à mes allié·e·s pour faire le travail nécessaire et maintenir l’effectif des membres.

Nous sommes en plein milieu d’une pandémie écrasante, et une administration d’extrême droite est résolue à passer au rouleau compresseur les droits humains et la justice sociale. Dans ces quelques jours qui précèdent l’élection, trouvez-vous des raisons d’espérer ? 

Mon déplacement à Louisville m’a apporté l’espoir qui m’était nécessaire pour que je puisse ne serait-ce que survivre à cette élection. Je suis une organisatrice locale. Je viens de quartiers bien localisés, et c’est là que j’aime faire mon travail d’organisation. 

Pour moi, cette période est pleine d’espoir parce que j’ai pu voir l’évolution de certain·e·s de ces militant·e·s des avant-postes. J’ai observé des jeunes gens que j’avais formé·e·s à l’action directe et à la désescalade non-violente, en leur donnant des outils et des savoir-faire, si bien que lorsque nous quitterons Louisville, nous laisserons quelque chose derrière nous.

Les jeunes Noir·e·s, les jeunes de couleur, ne sont pas l’avenir : ils sont le temps présent. Je vois dans cette génération une autre sorte d’analyse. C’est une génération qui est prête à faire appel à vous lors d’élections, puis à vous flanquer dehors. Ils et elles n’ont pas de loyauté à l’égard des élu·e·s. Je les ai regardé·e·s parler à des personnalités élues, et c’est impressionnant. Rien ne se trame dans l’ombre. C’est une génération qui dit : “Ce dont nous savons avoir besoin, c’est la justice, et rien de moins. Et nous allons continuer à nous battre jusqu’à obtenir la justice.”

Alex Kane est un journaliste basé à New York dont le travail sur Israël/Palestine, les libertés civiles et la politique étrangère des États-Unis a été publié dans VICE News, The Intercept, The Nation, In These Times et d’autres médias. Suivez-le sur Twitter @alexbkane.

Source: +972 Magazine

Traduction SM pour l’Agence média Palestine

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