Prévenir le terrorisme

Par Amira Hass, le 17 novembre 2020

Amira Hass

Ce n’est pas seulement Givat Hamatos : Israël planifie et met en œuvre en permanence des infrastructures et des activités de construction à grande échelle à Jérusalem-Est et dans toute la Cisjordanie, toutes conçues pour saboter la possibilité d’un État palestinien. Mais à notre grande joie, cet appel d’offres, pour la construction d’unités résidentielles sur les réserves de Beit Safafa et de Bethléem, fait du bruit, car il est interprété comme une manœuvre sournoise avant que le président élu Joe Biden n’entre à la Maison Blanche.

Hier, des diplomates européens ont visité le site de la colonie. Les condamnations, ou plus précisément les réserves à l’appel d’offres, seront probablement publiées prochainement par les ministères des affaires étrangères de l’UE et de plusieurs États européens. Le coordinateur spécial des Nations unies, Nickolay Mladenov, a déjà exprimé son inquiétude. Il a mentionné pour la millionième fois que la construction de colonies viole le droit international.

Le président américain Donald Trump n’est pas le seul à avoir encouragé le projet israélien de vol de terres. Pendant deux décennies de négociations avec l’Organisation de libération de la Palestine, les expressions rituelles de regret et les condamnations de l’Union européenne et de ses pays membres ont appris à Israël qu’il n’a rien à craindre. Si ces pays, qui soutiennent la voie des accords d’Oslo plus que quiconque, ne prennent pas de mesures concrètes contre la criminalité en série d’Israël, pourquoi devrait-il s’inquiéter ? Il peut continuer à voler et à piétiner et, si nécessaire, à sortir l’arme de « l’antisémitisme » et de « l’Holocauste », pour freiner toute initiative visant à mettre fin à la frénésie de dépossession immobilière israélienne.

Alors, je vous en prie. Le « Givat Hamatos » est une opportunité pour ces pays de convertir le rituel en actions concrètes, qu’ils peuvent et doivent adopter. Tout d’abord, ils doivent publier les précisions suivantes :

– La construction de colonies en territoire occupé est interdite par le droit international.

– L’apartheid est un crime pour lequel ses auteurs, ses exécutants et ceux qui y participent consciemment doivent être punis.

– Une déclaration de « terre d’État » appuyée par des armes et des ordres militaires, et le transfert de cette terre à un groupe ethnique au détriment de l’autre, est une pratique de terreur.

– La construction de colonies sur le territoire palestinien occupé est issue de la vision du monde et des pratiques d’un régime d’apartheid qui considère les Juifs comme supérieurs et qui pourrait donc, une fois de plus, procéder à des actes d’expulsion massive de Palestiniens.

Sur la base de ces éclaircissements, les pays opposés à la terreur d’État et à l’apartheid publieront les avertissements suivants :

– Tout entrepreneur participant à l’appel d’offres de Givat Hamatos ne sera pas autorisé à participer à des projets dans lesquels des entreprises européennes sont impliquées, et ses propriétaires et gestionnaires ne seront pas autorisés à entrer en Europe.

– Si les propriétaires et les gestionnaires sont des citoyens européens, ils seront poursuivis dans leur pays pour avoir participé au crime de l’apartheid.

– L’interdiction d’entrer et de faire des affaires, ainsi que la poursuite des contrevenants, s’appliquent également aux planificateurs et aux architectes.

– Tout ce qui précède s’applique aux cadres supérieurs de l’Autorité territoriale israélienne.

– Tout ce qui précède s’applique aux acheteurs de ces unités résidentielles.

– Les propriétaires et les directeurs de sociétés opérant en Europe qui font des affaires avec ces sous-traitants et architectes seront poursuivis pour complicité de crime.

– Tout comme les comptes bancaires des personnes soupçonnées d’être impliquées dans le terrorisme sont confisqués, les comptes bancaires de toutes les personnes mentionnées ci-dessus seront confisqués.

– La vente de résidences aux Palestiniens comme une « feuille de vigne » ne rendra pas le projet légal, à moins que des Palestiniens résidant en Cisjordanie n’y vivent également.

Ce sera le début. Plus tard, les mêmes avertissements s’appliqueront à d’autres plans de construction moins médiatisés – et aux colonies existantes. Ne dites pas que c’est « délirant » si vous vous opposez à l’apartheid et si vous vous rendez compte que ses planificateurs et ses bénéficiaires sont disposés et capables d’expulser davantage de Palestiniens de leur patrie.

Source: Haaretz

Traduction: GD pour l’Agence média Palestine

Le 16 novembre 2020, plusieurs représentants de l’Union européenne (UE) et d’Europe en Israël et en Palestine ont visité le site de colonisation de Givat Hamatos . Les représentants de l’UE et d’Europe qui ont accompagné des membres de la société civile palestinienne et israélienne sur le site, comprenaient des représentants d’Autriche, de Belgique, du Danemark, de Finlande, de France, d’Allemagne, d’Irlande, d’Italie, de Malte, des Pays-Bas, de Pologne, d’Espagne, de Suède et de Norvège et Suisse.

Source: Imemc.org

Le 16 novembre 2020 le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères émettait son communiqué habituel comme à chaque fois que le gouvernement israélien annonce une nouvelle étape de la colonisation de la Cisjordanie :

Israël / Territoires palestiniens – Colonisation (16.11.20) – Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères

La France condamne les annonces relatives à la construction de 1 257 unités de logement dans la colonie israélienne de Givat HaMatos, à Jérusalem-Est. L’expansion de cette colonie porte directement atteinte à la viabilité d’un futur État palestinien, comme l’a rappelé à plusieurs reprises l’Union européenne.

La colonisation est illégale en droit international et remet en cause sur le terrain la solution des deux États. La France appelle les autorités israéliennes à revenir sur cette décision. La France appelle à mettre un terme à toute mesure unilatérale remettant en cause la solution des deux États fondée sur les paramètres internationalement agréés, qui est seule à même de conduire à une paix juste et durable dans la région.

Source: diplomatie.gouv

Amira Hass célèbre journaliste israélienne du Haaretz lui a répondu.

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