Que faire : réflexions sur la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien

Par Haidar Eid, le 29 novembre 2020

La seule façon d’honorer ceux qui ont perdu la vie depuis la Nakba de 1948 est de faire en sorte que leurs descendants vivent dans une société juste où tous les citoyens sont égaux.

Des artistes palestiniens réalisent une peinture murale à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, à Gaza City le 28 novembre 2019. (Photo: Ashraf Amra/APA Images)

Gaza subit un blocus hermétique, médiéval, depuis 2006, soit presque 14 ans. Cette année-là, une mission d’établissement des faits avec à sa tête Desmond Tutu, militant anti-apartheid et lauréat du prix Nobel de la paix, s’est vu refuser l’accès à Gaza pour y enquêter sur le massacre de Beit Hanoun, lieu où Israël avait tué 19 civils, dont des femmes et des enfants, en une seule attaque aérienne. À l’époque, Tutu avait déclaré que le massacre par Israël des Palestiniens de Gaza portait “tous les signes distinctifs des crimes de guerre”. Associé à d’autres militants sud-africains anti-apartheid, notamment Ronnie Kasrils et Ahmed Kathrada, il a souligné avec insistance que les Palestiniens ont subi entre les mains des Israéliens un traitement pire que celui subi par les Sud-Africains noirs de la part du gouvernement d’apartheid sud-africain.

Les enfants du camp de Jabaliya, accablé par la pauvreté, ne connaissent pas le goût du chocolat parce qu’Israël contrôle tous les aspects de ce que sera leur vie. Des époux et épouses qui s’aimaient tendrement ont été séparés, des membres d’une même famille ont été coupés les uns des autres, en raison du système israélien d’occupation et d’apartheid. 

Aujourd’hui, en Cisjordanie, des centaines de checkpoints séparent les villes et les villages, ce qui impose de dures restrictions aux déplacements des civils palestiniens, notamment les étudiants, vers le lieu de travail, l’université, l’école, l’hôpital. Dans un processus dont la meilleure qualification est celle de Bantoustanisation de la Cisjordanie, les Palestiniens sont séparés les uns des autres ; même des membres d’une même famille qui vivent à 40 minutes les uns des autres ne peuvent pas se retrouver à cause des politiques d’apartheid d’Israël.

De nombreuses maisons, de nombreux vergers d’orangers ou d’oliviers ont été détruits à cause de la construction du Mur de l’apartheid qui impose la ségrégation entre des groupes humains au motif de leur religion. Les Palestiniens n’ont pas le droit d’entrer dans les colonies réservées aux Juifs et ne bénéficient pas des droits civiques dévolus à leurs voisins juifs, simplement parce que leur religion n’est pas la bonne. 

Six millions de réfugiés palestiniens — que ce soit dans la diaspora ou dans les camps isolés du Liban, de Syrie et d’autres pays arabes avoisinants, où ils vivent dans des conditions terribles et inhumaines — attendent encore de pouvoir, conformément à la résolution 194 des Nations unies, rentrer dans les foyers d’où ils ont été expulsés en 1948.

Ce que les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza connaissent est un processus décrit par l’historien israélien Ilan Pappé comme un “génocide graduel”. Le massacre de militants pour la paix sur le Mavi Marmara, ainsi que les trois offensives massives contre Gaza en 2009, 2012 et 2014, puis les homicides et mutilations de centaines de manifestants non violents lors de la Grande marche du retour, ont constitué un autre tournant de l’histoire de cette cause. 

Que faire ?

Telle est la question à laquelle il faut chercher à répondre à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. 

Il revient aux citoyens du monde de mener de façon intensive une campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour isoler Israël jusqu’à ce que celui-ci se conforme au droit international. De façon comparable au mouvement mondial de BDS qui a joué un rôle déterminant pour conduire le régime sud-africain d’apartheid à l’effondrement, nous appelons les personnes dotées d’une conscience à rejoindre notre mobilisation en faveur du BDS et à agir pour une Palestine libérée, jusqu’à ce que l’obligation de rendre des comptes soit respectée, jusqu’à ce que la justice soit réalisée, jusqu’à ce que le droit au retour et aux réparations soit mis en application. Le déséquilibre des forces dans ce combat ne peut être contrebalancé que par un puissant mouvement international de solidarité prenant pour guide le mouvement BDS. 

Des actions civiles créatives telles que les bateaux Free Gaza qui ont brisé le siège à au moins cinq reprises, la Marche de la liberté ou la Flottille de la liberté pour Gaza sont de simples exemples de ce qu’il faudrait faire pour briser le siège et remettre à sa place cet arrogant État d’apartheid. Alors que les dirigeants de la communauté internationale officielle persistent dans leur complicité avec Israël, nous comptons sur les personnes dotées de courage et d’une conscience pour nous rejoindre dans notre lutte, de la même manière que les opprimés d’Afrique du Sud espéraient que nous  allions tous rejoindre leur combat contre le régime d’apartheid inhumain, qui s’est finalement effondré en 1994.  

La seule façon dont nous pouvons rendre hommage à tous ceux qui ont trouvé la mort depuis la Nakba de 1948, du fait d’actes barbares, est d’agir pour que leurs proches survivants vivent dans une société juste où tous les citoyens sont égaux indépendamment de leur genre, de la couleur de leur peau, de leur race, de leur origine ethnique, de leur sexualité ou de leur religion.

L’archevêque Tutu nous rappelle qu’en choisissant d’être neutres dans des situations d’injustice, nous nous plaçons du côté de l’oppresseur. Ne restez pas silencieux face à l’injustice, faites entendre votre voix en faveur de la Palestine et des victimes d’un état de terreur qui ne cessent de tomber depuis maintenant plus de 72 ans. Boycott Apartheid Israel. Boycottons Israël, État d’apartheid.

Source : Mondoweiss

Traduction SM pour l’Agence média Palestine

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