Par Tamara Nassar, le 10 décembre 2020
Un membre de la famille royale d’Abu Dhabi a acheté près de 50 % des parts du Beitar Jerusalem, le club de football le plus notoirement raciste d’Israël.
Le club a annoncé la vente lundi après qu’elle ait été finalisée entre Hamad Bin Khalifa Al Nahyan et son actuel copropriétaire Moshe Hogeg.
Le club a qualifié cette journée « d’historique et d’excitante ».
Le cheikh Emirati s’est engagé à investir plus de 90 millions de dollars au cours de la prochaine décennie, lesquels, selon le club, seront utilisés pour les infrastructures et le recrutement des joueurs, entre autres choses.
Le club formera un nouveau conseil d’administration qui comprendra le fils de Hamad Bin Khalifa, Muhammad Bin Hamad Al Nahyan, qui sera le représentant de son père.
Hamad Bin Khalifa s’est dit « ravi d’être partenaire d’un club aussi glorieux », et à Jérusalem, pas moins, qu’il a appelé « la capitale d’Israël et l’une des villes les plus saintes du monde ».
Une histoire de racisme
Ce que le cheikh des Emirats décrit comme « glorieux » est un club dont les fans sont tristement célèbres pour leurs déchaînements anti-palestiniens, habituellement accompagnés de chants de “Mort aux Arabes.”
Et c’est précisément ce que Hamad Bin Khalifa a gagné pour sa peine.
Les fans ont accueilli le nouveau copropriétaire du club en y peignant « Fuck Dubai » sur le mur du stade du club.
D’autres slogans racistes ont également été peints sur les murs, notamment « Mort aux Arabes » et des phrases dénigrant le prophète Mahomet.
Le Beitar Jerusalem a été réprimandé et pénalisé inréprimandé dans le passé pour l’ultra-racisme de ses fans. Il reste le seul club israélien de « haut niveau » à n’avoir jamais engagé un seul citoyen palestinien d’Israël.
Lorsque le club a signé des joueurs musulmans non arabes, ils sont partis peu de temps après en raison du harcèlement raciste.
Malgré tout, le club a toujours bénéficié de la présence de personnalités israéliennes de premier plan, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, et d’Elor Azarya, le médecin de l’armée qui est devenu un héros national après avoir exécuté le Palestinien inoffensif Abd al-Fattah Yusri al-Sharif en Cisjordanie occupée en 2016.
La ministre israélienne des transports, Miri Regev, a précédemment publié une vidéo d’elle lorsqu’elle était ministre de la culture, entourée de fans du Beitar criant des slogans génocidaires contre les Palestiniens, dont « Que votre village soit brûlé ».
Changement cosmétique
« Nous marchons tous ensemble vers de nouveaux jours de coexistence, d’accomplissement et de fraternité pour le bien de notre club et de notre communauté et pour les sports israéliens », a déclaré Moshe Hogeg, le magnat israélien qui a acheté le club en 2018 avec pour mission de blanchir son image.
Hamad Bin Khalifa a déclaré avoir « beaucoup entendu parler des changements qui ont lieu dans le club » et s’est dit heureux d’en faire partie.
Le cheikh Emirati a également déclaré que les portes du club sont « ouvertes à tous, pour tout joueur talentueux, peu importe d’où il vient ou quelle est sa religion ».
La signature de l’accord de copropriété a été habillée du même langage de « paix » et de « coexistence » que celui utilisé dans l’accord de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis.
Mais ces déclarations ne servent que de feuille de vigne pour les accords de normalisation destinés à liquider les droits des Palestiniens.
Aujourd’hui, les deux hommes, qui avaient été décrits comme des amis, sont copropriétaires du club.
Après avoir acheté le club, Hogeg a remarqué en 2019 que « la réputation était très, très mauvaise et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de relever le défi ».
Mais les changements n’ont été que cela – de réputation.
Le changement le plus radical que Hogeg a réussi a été de recruter Ali Mohamed, un footballeur du Niger qui, malgré son nom typiquement musulman, est un chrétien fervent.
Lors de sa signature, la célèbre organisation de supporters du Beitar Jérusalem, connue sous le nom de La Familia, a déclaré qu’elle n’avait « aucun problème » avec Mohamed « puisqu’il est un chrétien fervent », mais qu’elle avait un problème avec son nom.
« Nous ferons en sorte que son nom soit changé afin que le nom de Mohamed ne soit pas entendu au Teddy Stadium [du Beitar] ».
Soutien à la normalisation
Hamad Bin Khalifa a été un partisan actif de la normalisation avec Israël.
En octobre, il a organisé une somptueuse fête d’anniversaire pour la pop star israélo-américaine Omer Adam à Dubaï.
Une société que Bin Khalifa préside a également signé un accord avec la société israélienne Sure Universal pour créer un produit commun.
Produits des colonies
Entre-temps, les Émirats arabes unis ont accepté de commencer à importer des produits des colonies israéliennes.
La société émiratie FAM Holding a signé lundi un accord d’un milliard de dollars pour importer du miel, du vin, du tahini et d’autres produits provenant de sociétés basées dans les colonies.
Les colonies impliquées dans l’accord – Itamar, Rehelim et Hermesh – se trouvent dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Avec d’autres colonies européennes, Israël cherche depuis longtemps à vendre sur le marché mondial du vin des vins produits sur des terres palestiniennes et syriennes volées, comme l’a récemment écrit Joseph Massad, professeur à l’université de Columbia.
Yossi Dagan, chef du Conseil régional de Samarie, un organisme de colons dans le nord de la Cisjordanie occupée, a signé l’accord avec Faisal Ali Musa, le chef de la société émiratie.
« La région de Samarie, que je suis fier de représenter, est située au cœur de l’État d’Israël, une des régions de l’État d’Israël qui connaît la plus forte croissance démographique et économique », a déclaré M. Dagan.
En vertu du droit international, la Cisjordanie occupée ne fait pas partie d’Israël et la construction de colonies par Israël et le transfert de sa population civile dans cette région est un crime de guerre.
« C’est une déclaration au monde que nous sommes de vrais frères, nous sommes de vrais amis », a déclaré Musa après la signature, invitant « plus d’Israéliens à faire des affaires avec nous ».
Dagan a conduit une délégation de colons aux Émirats arabes unis en novembre pour explorer la coopération commerciale avec ses homologues émiratis.
Source: The electronic intifada
Traduction: JPB pour l’Agence Média Palestine