Israël est arrivé à une frénésie de démolitions en 2020

Par Tamara Nassar, le 5 janvier 2021

Les forces israéliennes démolissent le 29 décembre une maison palestinienne à l’est de Yatta, près de la ville d’Hébron en Cisjordanie. (Mosab Shawer / APA images)

Alors que, dans le monde entier, on a dit aux gens de rester chez eux à cause de la pandémie, Israël a mis plus de Palestiniens à la rue en 2020 qu’il ne l’a fait pendant des années.

Israël a démoli et confisqué plus de 850 structures palestiniennes au cours de l’année, déplaçant 1.000 personnes. Plus de la moitié des ces déplacés étaient des enfants.

Israël a pris pour cible presque toutes les sortes de structures dont les Palestiniens ont besoin pour une vie durable, dont les logements, les bâtiments agricoles, les infrastructures et les équipements d’assainissement de l’eau.

Le nombre de démolitions de l’année dernière a également atteint le total le plus haut sur une année depuis que l’association de surveillance des Nations Unies OCHA a commencé à les enregistrer en 2009 – à l’exception de 2016.

Ces chiffres ne comprennent pas les quelque 5.000 Palestiniens dont le mode de vie a été affecté par les démolitions et les saisies effectuées au cours de l’année sans qu’ils aient été déplacés.

En 2020, le nombre de Palestiniens qui ont dû démolir sur les ordres d’Israël leur propre maison à Jérusalem Est occupée a également crû. Les Palestiniens sont contraints de le faire pour ne pas avoir à payer les équipes israéliennes de démolition.

Zone C

La grande majorité des démolitions et saisies ont eu lieu à Jérusalem Est occupée et en zone C, les 60 pour cent de la Cisjordanie qui demeurent sous totale autorité militaire israélienne.

La majeure partie de la zone C était censée devoir graduellement passer sous contrôle de l’Autorité Palestinienne à la suite de la signature des accords d’Oslo dans les années 1990. Mais cela ne s’est jamais produit.

Israël contrôle toute planification et construction dans la zone sous un régime ouvertement discriminatoire.

Les Palestiniens sont soumis aux ordres militaires israéliens qui régulent tous les aspects de leur vie, tandis que les colons israéliens qui vivent dans les colonies réservées aux seuls Juifs et construites illégalement en territoire occupé sont soumises au droit civil israélien.

Israël interdit virtuellement toute construction en zone C. 

« Les Palestiniens ne sont autorisés à construire que dans moins d’un pour cent de la zone C et dans seulement environ 15 pour cent de Jérusalem Est », a récemment déclaré OCHA.

Ceci oblige les Palestiniens à construire sur leur propre terre sans permis israélien et à vivre dans la peur constante que les forces d’occupation israéliennes puissent saisir ou détruire leur bien.

« Ce système fonctionne principalement pour démolir les structures », a déclaré l’association de défense des droits de l’homme B’Tselem et fait partie des efforts à long terme d’Israël pour changer la démographie dans la zone et assurer une majorité juive en prévision de l’annexion.

On refuse aussi aux Palestiniens l’accès aux infrastructures élémentaires, telles que l’eau et l’électricité, dans ces zones. Beaucoup dépendent des panneaux solaires financés par les donateurs pour l’électricité ou le stockage de l’eau.

Mais même les structures financées par des dons ne sont pas à l’abri d’une destruction par Israël.

En 2020, Israël a démoli ou confisqué pour environ 250.000 $ de structures financées par des donateurs, dont beaucoup par l’Union Européenne.

A part de discrètes déclarations et à l’occasion de photographier des sites menacés de démolition, l’UE n’a rien fait pour tenir Israël pour responsable de la destruction de projets représentant des dizaines de millions de dollars financés par les contribuables européens au cours des années.

La plus grande démolition sur des années

Pendant le seul mois de novembre, d’après OCHA, les forces israéliennes ont démoli et confisqué plus de structures palestiniennes en un seul mois qu’enregistré depuis 2009.

Novembre a aussi été le témoin de la plus grande démolition en une seule fois depuis des années en territoire occupé, lorsqu’Israël a rasé la majeure partie de la communauté de Khirbet Humsa en Cisjordanie occupée.

Les forces israéliennes sont arrivées à Khirbegt Humsa le 3 novembre et ont démoli 76 structures. Plus de 70 Palestiniens se sont retrouvés sans domicile, y compris 41 enfants – au total 11 familles.

La députée du Minnesota au Congrès, Ilhan Omar, a dit à l’époque que la démolition constituait « un crime grave » et a affirmé que « les Etats Unis ne devraient pas financer un nettoyage ethnique ».

Il s’agit d’un crime grave – en violation directe du droit international. Si elles ont utilisé quelque équipement américain que ce soit, cela viole aussi la loi américaine.

Toute une communauté est maintenant sans abri et va vraisemblablement subir un traumatisme sa vie durant.

Les Etats Unis ne devraient pas financer un nettoyage ethnique. Où que ce soit.

A cours de la première semaine de 2021, Israël a déjà démoli 12 structures et déplacé trois Palestiniens.

Source : The Electronic Intifada

Traduction : J. Ch. pour l’Agence média Palestine

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