Comment le drapeau israélien est devenu un symbole pour les nationalistes blancs

Par Ben Lorber, le 22 janvier 2021

L’admiration du mouvement nationaliste blanc aux Etats Unis pour les valeurs suprémacistes de l’État juif  s’accorde aisément avec son profond antisémitisme.

Le drapeau israélien a été repéré lors du rassemblement pour le président américain Donald Trump qui s’est conclu avec l’assaut sur le Capitole américain le 6 janvier 2021 à Washington. (Tyler Merbler/CC BY 2.0)

Alors que des milliers de personnes se retrouvaient le 6 janvier à Washington pour le fatal rassemblement de Donald Trump qui se terminerait par l’assaut sur le Capitole des Etats Unis, un drapeau israélien a été repéré dans la foule, flottant à côté de drapeaux glorifiant la conspiration Qanon, le mouvement des milices des III %, et autres causes populaires de droite. « La Bible dit, si vous bénissez Israël, vous devriez être béni », a expliqué le manifestant qui agitait le drapeau, répétant un verset de la Bible chéri par le mouvement des Sionistes Chrétiens. « Alors, nous sommes une nation qui soutient Israël. » Plus tard, le drapeau a été repéré directement à l’extérieur du bâtiment du Capitole pendant le siège, tandis qu’un autre manifestant masqué arborait un drapeau israélien en noir et blanc cousu sur son gilet paramilitaire, à côté d’un drapeau pro-police « Première Ligne de Défense ».

Ce n’est pas vraiment la première fois que le drapeau israélien apparaît dans un rassemblement de droite aux Etats Unis qui a apparemment peu à voir avec la politique moyen-orientale. Ce drapeau a flotté à côté du drapeau Confédéré dans un rassemblement de néo-Confédérés en Arkansas, et à l’extérieur d’appartements, de Manhattan à Jérusalem ; on l’a repéré dans une parade de « Fierté de la Droite » à Boston, et dans une caravane de voitures pro-Trump.

Maintenant que la présidence de Trump est achevée, les mouvements de droite qui ont aidé à définir la durée de son mandat et qui ont lancé l’assaut sur le Capitole – avec leur culture de la conspiration, leur politique de doléances, leur recherche xénophobe de boucs émissaires, et leur violence de justiciers – ne vont pas disparaître de sitôt. Pour les associations de droite aux Etats Unis, Israël est devenu un symbole pour un ensemble de valeurs, une vision globale du monde qui, bien que parfois fondée sur un soutien concret à Israël et à sa politique, transcende souvent toute réalité géopolitique et prend vie à son compte. En réalité, les différentes parties de la droite américaine utilisent l’État juif comme une toile où projeter leurs propres fantasmes de chauvinisme nationaliste, de rédemption chrétienne, de fierté blanche et de conspirationnisme antisémite. Et en fait, aucun de ces rôles ne s’avère bon pour les Juifs, pour les Palestiniens, ou pour la perspective d’une paix juste au Moyen Orient.

Il est bien connu qu’Israël jouit d’un ferme soutien non seulement de la droite américaine, mais de l’ensemble du spectre politique, à cause d’intérêts géopolitiques stratégiques, des recherches de profit du complexe militaro-industriel, et autres facteurs. « [Israël] est le meilleur investissement de 3 millions de dollars que nous fassions », a fait remarquer Joe Biden alors Sénateur en 1986, expliquant que « s’il n’existait pas d’Israël, les Etats Unis d’Amérique devraient inventer un Israël pour protéger leurs intérêts dans la région ». La « relation spéciale » entre les Etats Unis et Israël est défendue par les dirigeants des deux pays, parallèlement à des odes à des valeurs « judéo-chrétiennes », supposément partagées, d’exceptionnalisme de colons-pionniers, de liberté et de démocratie.

Pour les forces ascendantes du populisme de droite aux Etats Unis et dans le monde entier cependant, le soutien à Israël prend une intensité particulière. Israël est célébré en tant que défenseur de première ligne de la civilisation occidentale dans sa croisade contre l’Islam radical. On le regarde comme une nation qui incarne le bras armé du nationalisme xénophobe et de la masculinité militarisée, repoussant sans réserve les Autres envahisseurs ethnico-religieux, élargissant son territoire et protégeant son patrimoine en défiant avec audace un choeur de protestations libérales. La droite israélienne et américaine partage « un désir », comme le dit l’auteure palestinienne Nada Elia, « d’installer et de maintenir une société homogène qui se présente comme supérieure, plus avancée, plus civilisée que les ‘autres’ qui, au milieu d’eux, sont malheureusement une ‘menace démographique’ qu’il faut contenir grâce à des murs frontaliers et une législation migratoire plus stricte ».

Un robuste noyau conservateur israélo-américain, dirigé par des intellectuels comme Yoram Hazony, des groupes de réflexion comme PragerU, et des fondations comme le Fonds Tikvah, chantent souvent les louanges d’Israël comme une sorte d’archétype primordial, incarnant un idéal religio-nationaliste incarné dans la Bible qui se trouve à la base même de l’Occident lui-même. En révolte contre un ordre mondial « globalisé » de frontières ouvertes et d’homogénéisation internationale, l’idée d’Israël signifie, pour beaucoup de membres de l’extrême droite mondiale, insister sur le fait que les nations fortes maintiendront leur souveraineté, mettront de la police à leurs frontières, conserveront leur identité et rejetteront l’« ingérence » des standards des organismes internationaux et des droits de l’homme.

Le premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahou et le premier ministre de Hongrie Viktor Orban tiennent un Rubik’s Cube au Forum Commercial israélo-hongrois le 19 juillet 2017 à Budapest en Hongrie. (Haim Zach/GPO)

Le Sionisme de droite s’installe confortablement à côté des courants frémissants d’antisémitisme. Les dirigents d’extrême droite – du premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahou et son fils Yair, à Viktor Orban en Hongrie et Donald Trump aux Etats Unis – diabolisent des ennemis désignés comme George Soros et les « mondialistes » avec des tropes bien éculés d’antisémitisme moderne, comme l’incarnation d’un programme libéral subversif de frontières ouvertes, de cosmopolitisme et de justice raciale. Evoquant les tropes de « double loyauté », Trump semble fréquemment regarder ses supporters juifs américains comme avant tout loyaux envers Israël, ou même comme des Israéliens temporairement déplacés, tout en dénigrant les Juifs américains libéraux comme « déloyaux ».

Pour des millions de Chrétiens de droite cependant, un amour presque fanatique pour Israël est imprégné de rêves fiévreux d’un scénario apocalyptique de Fin des Temps, où l’État juif est plongé dans une guerre cataclysmique et où ses Juifs rassemblés sont obligés par un Christ ressuscité à se convertir ou à périr, tandis que les fidèles chrétiens triomphants sont enlevés au ciel. Comme beaucoup l’ont remarqué, ce Sionisme Chrétien philosémite charrie de profonds courants souterrains d’anti-judaïsme, aggravés par la tendance croissante de nombreux croyants à se draper dans un vêtement et une iconographie juive religieuse. Pour le coup de force du 6 janvier au matin, par exemple, un groupe de meneurs des Chrétiens de droite a conduit une Marche de Jéricho – le nom lui-même évoquant le récit biblique de guerriers assiégeant un ville cernée de murs – dans les rues de Washington, appelant les participants à « prier, marcher, jeûner et se rassembler pour l’intégrité de l’élection », d’après une version cachée du site du groupe. Plus tard, un émeutier, peut-être pour imiter un ancien guerrier biblique, a joué du shofar, corne de bélier creusée que l’on fait sonner dans les grandes occasions juives, par les fenêtres brisées du bâtiment du Capitole.

Pas assez fiers

Dans les courants radicaux de la droite américaine, le soutien à Israël devient incroyablement mêlé à un antisémitisme déclaré, créant une ambivalence complexe. Pour les divers groupes qui composent le mouvement des milices américaines – mené par un mélange de paranoïa du Deuxième Amendement, de conspirations de tyrannie du « Nouvel Ordre Mondial », de libertarianisme anti-gouvernement, et de soutien acharné à Trump – Israël est souvent respecté en tant que société grandiosement hyper-militarisée, alignée avec les Etats Unis sur le champ de bataille cosmique contre tel ou tel Autre démoniaque, totalitaire. « Un gouvernement mondial arrive très bientôt dans un pays près de chez vous… Amérique », a proclamé un commentateur sur un forum réservé aux seuls membres du mouvement des milices III %, et « la seule chose qui se met en travers de sa route c’est « Nous Le Peuple des Etats Unis et d’Israël ». Etant donné l’antisémitisme profond qui sous-tend ce genre de conspirations cependant, il n’y a aucune garantie pour que l’Etat juif se retrouve du côté des bons et des vertueux. « Israël, la Cabale bancaire et l’État Profond sont tous un seul ennemi multi-tentaculaire de notre esprit de Liberté américain, ama [à mon avis] », a déclaré un autre membre sur le même forum.

Une ambivalence parallèle est présente chez les Fiers Garçons, fraternité ultra-misogyne connue, pendant l’ère Trump, pour ses répétitives batailles de rue contre les antifa, raccourci pour « anti-fascistes » qui décrit les militants d’extrême gauche qui affrontent les néo-nazis et les suprémacistes blancs dans les manifestations. D’une part, les appels de groupes au « chauvinisme occidental » en tambourinant sur sa poitrine s’accordent confortablement avec l’hyper-masculinité israélienne, et un chapitre israélien des Fiers Garçons, formé en 2018, a vite été symbolisé pour renforcer son image de diversité. Un site des Fiers Garçons présentait un article d’un Fier Garçon américain, reliant le soutien au droit au port d’armes à feu en Amérique à l’ethos du sionisme. « L’auto-préservation, c’est ce qui nous a conduits ici [nous les Israéliens]  », déclare « l’Israélien établi », son sobriquet faisant référence à un terme d’argot d’extrême droite utilisé d’un air approbateur quand les non-blancs professent des idées réactionnaires. « C’est ce qui a créé l’occident et l’Amérique, dans toute sa gloire », ajoute-t-il.

Fiers Garçons défilant le 6 janvier 2021 devant la Cour Suprême des Etats Unis à Washington, D.C. (Photographie d’Elvert Barnes /CC BY-SA 2.0)

A la même époque, quantité de nationalistes blancs sont arrivés dans le milieu des Fiers Garçons et, pour eux, comme nous le verrons, l’antisionisme antisémite tend à régner en maître. Dans un exemple récent, un nationaliste blanc nommé Kyle Chapman a déclaré conduire une faction dissidente du groupe, les Fiers Goys, faisant référence au mot hébreu pour les non-juifs, s’engageant à « affronter les criminels sionistes qui veulent détruire notre civilisation ». Un canal populaire non officiel des Fiers Garçons sur l’appli de messagerie Telegram présente cependant de multiples posts qui dénigrent « les guerres pour Israël au moyen orient », dont il prétend qu’elles sont soutenues par les politiciens d’« Israël d’abord » qui sont déloyaux envers l’Amérique.

Pour le fondateur des Fiers Garçons, Gavin McInnes, cependant, de grossiers stéréotypes qui dévalorisent les Juifs israéliens servent d’accessoires branchés au chauvinisme sioniste. Dans une vidéo de 2017 filmée au cours d’un voyage en Israël, McInnes s’est moqué de « la peur pleurnicharde, paranoïaque des Nazis » dans le pays (tout en flirtant avec la négation de l’Holocauste), et a dénigré la langue hébreue la comparant à un « crachat ». En même temps, il a déclaré que son « plus gros problème avec Israël, c’est qu’ils ne sont pas assez fiers. Il faut qu’ils arrêtent de s’excuser et qu’ils disent : ‘C’est notre terre. Nous la méritons, oh, et nous aimons notre mur.’ »

Sionisme antisémite

Le mouvement nationaliste blanc, cependant, est profondément divisé sur la « question d’Israël » qui pour eux, à la base, est truffée d’antisémitisme. La plupart des nationalistes blancs insistent pour dire que la diaspora juive est la force motrice du « génocide des blancs », du « grand remplacement » démographique de la race blanche, et que les Juifs ont depuis longtemps mis sur pied l’immigration non-blanche, les mouvements de libération des Noirs, la libération sexuelle et genrée, le relativisme culturel, et qu’elle est l’hôte d’autres phénomènes « anti-blancs », dont le soutien néoconservateur à Israël, afin d’atteindre cet objectif.

En même temps, certains sont des émules d’Israël en tant qu’exemple enviable de la création réussie, par un peuple dépossédé, de sont propre état ethnique – un peuple qui continue, sans aucune hésitation, à « prendre son propre parti » dans un conflit ethnique. L’éminent nationaliste blanc Richard Spencer a parlé de lui à la télévision israélienne comme d’un « Sioniste blanc » et a décrit son état ethnique tant désiré comme « an Altneuland – un vieux, nouveau pays », empruntant l’expression à Theodor Herzl, considéré comme le fondateur du Sionisme politique moderne. « J’ai une grande admiration pour « la loi Etat-nation », a-t-il dit en 2018. « Les Juifs sont, une fois de plus, à l’avant-garde, repensant la politique et la souveraineté pour l’avenir, montrant aux Européens le chemin à suivre. » L’écrivain d’extrême droite Bronze Age Pervert (le pervers de l’âge de bronze), dans une analyse des influences nationalistes européennes sur le premier projet sioniste, a fait remarquer avec sympathie qu’Israël est « un Etat fondé pour permettre la survie de la race… sa création spirituelle et la raison de son existence est nationale socialiste de bout en bout… Le nationalisme israélien et le nationalisme blanc sont la même chose ».

L’éminent nationaliste blanc Richard Spencer dans le bâtiment Ronald Reagan, à Washington D.C., le 19 novembre 2016. (Vas Panaglotopoulos/CC BY 2.0)

De nombreux nationalistes blancs rêvent d’un monde où chaque « race » occupe son propre Etat ethnique homogène. Dans ce schéma, le Sionisme représente l’application loyale de ce principe « ethnopluraliste » pour la « race juive », solution qui viderait sans inconvénient les Etats Unis et l’Europe de leurs populations juives indésirables. « Je ne m’oppose pas à l’existence d’Israël », a expliqué avec une précision glaçante le nationaliste blanc Greg Johnson. « Je suis opposé à la diaspora juive aux Etats Unis et dans d’autres sociétés blanches. J’aimerais voir les populations blanches du monde entier briser la puissance de la diaspora juive et envoyer les Juifs en Israël, où ils devront apprendre comment être une nation normale. »

Même alors qu’ils expriment à contre coeur leur admiration pour l’idée d’Israël, les nationalistes blancs dénigrent le soutien à l’État juif – obstacle essentiel à leur isolationnisme de « l’Amérique d’abord » et symbole éclatant, à leurs yeux, de l’étreinte sinistre d’un « pouvoir juif » qui exerce un contrôle clandestin sur la politique étrangère américaine. Singeant le mouvement MAGA transformé en « MIGA » – Make Israel Great Again (Rendez à Israël sa grandeur) – beaucoup accusent disant qu’une cabale juive néoconservatrice déloyale a longtemps subverti le GOP de l’intérieur, le transformant, selon les mots de Johnson, « en un véhicule pour faire avancer les intérêts des Juifs à travers le monde, spécialement au Moyen Orient. ». L’adoration d’Israël par les conservateurs, explique ailleurs Johnson, « n’est qu’une forme de nationalisme racial blanc sublimé… Alors, laissons les Juifs à leur nationalisme racial et ayons alors le nôtre ».

Même alors qu’ils expriment leur affinité pour l’idée d’Israël, les nationalistes blancs détestent les Sionistes juifs qui, avec une duplicité caractéristiquement juive, « condamnent les blancs pour ne serait-ce qu’oser réfléchir au sujet [de l’ethnonationalisme] », comme quelqu’un l’a écrit sur le site nationaliste blanc Contre Courants, « mais autorise librement les Juifs non seulement à exprimer leurs désirs pour, mais en fait à avoir, leur propre Etat ethnique ». Sous des slogans ironiques d’extrême droite comme « ouvrez les frontières à Israël » se cache l’accusation comme quoi les Juifs soutiennent intentionnellement ces doubles standards, rusant pour assurer la survie de leur propre tribu tout en favorisant le « génocide des Blancs » en Occident.

Finalement, quantité de nationalistes blancs se dispensent de toute prétention d’admiration et diabolisent Israël avec des formes d’antisionisme violemment antisémites. Israël devient pour eux le centre nerveux du « pouvoir juif » démoniaque mondial, son oppression des Palestiniens étant emblématique des qualités éternelles des Juifs de tribalisme, de prédominance et d’agressivité. « Alors que le monde entier est devenu par métaphore un camp de prisonniers à ciel ouvert sous les oligarques juifs », a écrit le nationaliste blanc Matthew Heimbach, « la Palestine est littéralement  un camp de prisonniers à ciel ouvert. Alors que le monde entier est soumis à la machine financière juive, Israël bloque et inspecte tout ce qui entre en Palestine et en sort ». Des conspirations accusant Israël et le Mossad pour le 11 novembre, l’explosion en 2020 du port de Beyrouth, et une foule d’autres événements mondiaux abondent dans ces cercles, à côté de condamnations du GOS, ou « Gouvernement d’Occupation Sioniste », nom donné depuis des décennies au gouvernement américain par les nationalistes blancs et qui montre que le mot Sionisme, pour eux, n’est qu’un signifiant variable pour le « Juif international » lui même.

Nonobstant le ressentiment des nationalistes blancs, il est vraisemblable que les droites américaine et israélienne resteront profondément emmêlées, et que le drapeau israélien continuera à apparaître régulièrement dans les rassemblements de droite pour quelques temps. Cela ne signifie pas pour autant que la droite pro-israélienne ait un véritable respect pour le peuple juif. S’ils devaient cesser de traiter Israël comme une toile sur laquelle projeter n’importe quelle quantité d’idéologies réactionnaires, ils seraient obligés de compter sur la véritable humanité et les expériences vécues des Juifs israéliens et des Palestiniens et de se confronter à la réalité concrète de l’occupation, de l’apartheid et de la dépossession incessantes. En réalité, ce genre de calcul est une étape nécessaire sur la route vers une paix juste et durable pour tous ceux qui résident entre le fleuve et la mer.

Ben Lorber travaille chez les Associés en Recherche Politique, groupe de réflexion politique, en tant qu’analyste de recherche focalisé sur l’antisémitisme et le nationalisme blanc. Il vit à Boston, blogue sur www.doikayt.com et joue de la musique folk Yiddish sur soundcloud.com/lev-basar.

Source : +972 Magazine

Traduction : J. Ch. pour l’Agence média Palestine

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