Un policier israélien félicité après avoir tué un palestinien en situation de handicap mental

Par Tamara Nassar, le 2 avril 20201

Munir Anabtawi avec sa sœur. (Le Centre Mossawa / Twitter)

La police israélienne a tué lundi un homme en situation de handicap après que sa mère les ait appelés à l’aide.

L’auteur des tirs a reçu les félicitations du ministre israélien chargé du contrôle de la police.

Munir Anabtawi, 33 ans, vivait à Wadi Nisnas, faubourg de la ville de Haïfa au nord d’Israël.

La police a prétendu qu’Anabtawi avait attaqué un policier avec un couteau, le blessant, et que la police avait alors abattu Anabtawi.

Sa mère, Itaf, a dit dans une vidéo postée sur Facebook, tournée par le reporter local Rashad Omari, qu’elle avait téléphoné à la police pour demander de l’aide parce qu’Anabtawi était malade et causait des « problèmes » – apparemment l’objet d’une crise que les membres de la famille ne pouvaient maîtriser tout seuls.

Anabtawi, dont les proches ont dit qu’il souffrait d’une maladie mentale, a demandé de l’argent à sa mère, mais quand elle a refusé de lui en donner davantage, il a commencé à s’énerver.

Itaf a dit que, généralement quand elle appelle leur prestataire local de santé, ils l’orientent vers la clinique où son fils est soigné. Elle a dit qu’elle a appelé la police pour voir s’ils pouvaient l’aider à transporter son fils puisqu’elle même est malade, et ils ont proposé d’envoyé une ambulance.

Mais la police a rappelé Itaf pour lui demander plus de détails et elle dit dans la vidéo qu’elle n’avait pas pu répondre clairement à cause de son asthme.

La mère d’Anabtawi a dit que son fils avait ramassé un couteau et était sorti, mai selle a dit qu’elle l’avait vu le rapporter, montrant deux couteaux à fruits à la caméra.

Une de ses tantes a dit à la télévision israélienne qu’Anabtawi « voulait se suicider avec le couteau, pas attaquer la police, » c’est ce que dit l’Associated Press.

Elle a ajouté qu’Anabtawi avait été atteint de cinq balles dans le torse. « Ils ont des fusils. [Pourquoi pas] le viser à la jambe ? Lui tirer dans la main ? »

La police a requis une obligation de silence sur cette affaire pour empêcher les médias d’en parler.

La vidéo surveillance a montré une partie de l’incident qui a circulé sur les réseaux sociaux. Elle fait voir deux hommes dans une altercation, l’un en uniforme de policier.

L’autre, vraisemblablement Anabtawi, porte un objet, bien qu’il ne soit pas facile de savoir ce que c’est. Au milieu de l’accrochage, la vidéo semble montrer le policier qui sort une arme et tire sur Anabtawi de très près.

Le Centre Mossawa, association de défense juridique des citoyens palestiniens d’Israël, a accusé la police d’avoir divulgué la vidéo.

L’association a dit qu’elle « condamne la police pour divulgation de preuves et de vidéos prises sur la scène de crime, en contradiction avec les propres ordres de la police ».

Mussawa a ajouté que la police aurait pu utiliser des moyens non létaux, tels qu’un vaporisateur de poivre ou un pistolet paralysant, plutôt que de tirer à plusieurs reprises dans le torse d’Anabtawi.

Le policier obtient le respect du ministre

Le centre a demandé que les deux policiers impliqués dans l’incident soient suspendus de leurs fonctions en attente d’une véritable enquête. Mais cela semble très peu probable.

Le ministère israélien de la Justice a paraît-il interrogé le policier impliqué dans le tir pendant troisheures après le meurtre, acceptant finalement la déclaration du policier qui prétend avoir agi en légitime défense.

Minimisant l’absence de toute véritable responsabilité, le ministre israélien de la sécurité publique, Amir Ohana, a appelé personnellement le policier lundi, d’après le journal israélien Haaretz.

« Il est important que chaque policier sache qu’il sera complètement soutenu dans toute action intentée pour prévenir tout dommage sur eux ou sur des civils, et pas seulement soutenu, mais aussi respecté », a dit Ohana.

Le ministre a ajouté que le policier « a fait exactement ce qu’on attendait de lui ».

On dit que le meurtrier d’Anabtawi est de nouveau en service, même s’il ne retourne pas immédiatement en patrouille.

Les Palestiniens ont manifesté lundi à Haïfa contre le meurtre d’Anabtawi.

En mai dernier, des agents de sécurité privée ont tiré mortellement sur un citoyen palestinien d’Israël devant le Centre Médical Sheba près de Tel Aviv.

Multafa Mahmoud Younis, 26 ans, était à l’hôpital pour une séance de psychothérapie et était soumis à un traitement contre l’épilepsie, a dit son père aux médias à l’époque.

Les citoyens palestiniens d’Israël ont manifesté ces dernières semaines contre la brutalité de la police  israélienne ainsi que contre la faillite de l’État à s’occuper du crime organisé et de la violence à l’intérieur des communautés palestiniennes en Israël, phénomène lié à la discrimination et à la négligence systématiques.

Cibler les gens souffrant de handicap

 Alors qu’Anabtawi était un citoyen palestinien d’Israël, la violence d’État contre les Palestiniens souffrant de handicap ou nécessitant des soins spéciaux s’étend aussi en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza occupées.

Les utilisateurs des réseaux sociaux ont comparé l’assassinat d’Anabtawi à celui en mai dernier de Iyad Hallaq, Palestinien avec des caractéristiques autistiques.

La Police des Frontières israélienne a abattu Hallaq alors qu’il se dirigeait vers son école d’enseignement spécialisé à Jérusalem Est occupée.

L’association palestinienne des droits de l’homme Al-Haq a dit que l’assassinat de Hallaq peut constituer un crime de guerre.

Des semaines après l’assassinat de Hallaq, Al-Haq et d’autres associations de droits de l’homme ont envoyé un rapport au Comité National des Nations Unies sur les Droits des Personnes souffrant de Handicap.

Cela a alimenté le recueil des « violations généralisées et systématiques des droits de l’homme ciblant la population palestinienne, y compris les personnes en situation de de handicap.

En juillet dernier 2020, Al-Haq a dit qu’Israël avait tué 14 Palestiniens en situation de handicap depuis 2018 en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza occupées.

Ali Abunimah a contribué à ce rapport.

Source : The Electronic Intifada

Traduction J. Ch. pour l’Agence média Palestine

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