L’ONU souligne l’augmentation des attaques de colons israéliens sur les Palestiniens

Le 14 avril 2021

Les experts relèvent 771 incidents de violence des colons ayant provoqué des blessures sur 133 Palestiniens et endommagé 9646 arbres et 184 véhicules en 2020.

Un manifestant palestinien se bagarre avec un colon israélien au cours d’une manifestation contre les colonies. [Dossier : Mohamad Torokman/Reuters]

Les experts en droits humains des Nations Unies ont prévenu que la violence, dont des agressions et des destructions de biens, de colons israéliens contre des civils palestiniens en Cisjordanie occupée ont substantiellement augmenté ces derniers mois.

Au cours des trois premiers mois de 2021, on a relevé plus de 210 incidents de violence coloniale, y compris la mort d’un Palestinien, ont-ils dit.

« En 2020, le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) a relevé 771 incidents de violence des colons provoquant des blessures sur 133 Palestiniens et endommageant 9646 arbres et 184 véhicules, principalement dans les régions d’Hébron, de Jérusalem, de Naplouse et de Ramallah », ont dit les experts mercredi dans une déclaration.

Dans le groupe d’experts qui a rédigé le rapport, on trouve Michael Lynk, rapporteur spécial sur la situation des droits humains dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, Balakrishnan Rajagopal, rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable et à la non-discrimination, et l’experte indépendante Claudia Mahler.

Ils ont demandé à l’armée et à la police israéliennes de mener une enquête et de poursuivre les responsables de ces actes violents.

D’après les experts, la violence a été principalement motivée par l’idéologie et par l’intention d’« effrayer et de terroriser les Palestiniens » et de les empêcher d’accéder à leur terre tout en en poussant d’autres à partir.

« Ils ciblent principalement les moyens d’existence des Palestiniens de la campagne, vandalisant le bétail, les terres agricoles, les arbres et les maisons », ont-ils dit.

Dans leur déclaration, les experts ont noté un violent incident le 13 mars à Hébron, où on a vu une famille avec les parents et huit enfants attaqués par 10 colons israéliens, dont certains étaient armés.

« Les parents blessés ont été soignés dans un centre médical d’Hébron, et les enfants sont restés traumatisés », ont-ils dit.

Près de 500 000 colons israéliens vivent dans plus de 200 colonies et des dizaines d’avant-postes non autorisés éparpillés dans les territoires palestiniens.

Les Palestiniens veulent installer un Etat en Cisjordanie, à Jérusalem Est et dans la Bande de Gaza – territoires qu’Israël a conquis dans la guerre moyen-orientale de 1967.

Les Palestiniens, qui ont une autonomie limitée en Cisjordanie, affirment que les colonies d’Israël leur interdisent un Etat viable. La plupart des pays considère les colonies comme illégales conformément au droit international.

Expulsions de Sheikh Jarrah

Les experts en droits humains ont également souligné que des dizaines de familles palestiniennes qui vivent dans le quartier de Sheikh Jarrah de Jérusalem Est occupée sont sous la menace d’une expulsion.

« Tout aussi inquiétants sont les rapports établissant que plus de 70 familles qui vivent dans la zone de Karm Al-Ja’buni de Sheikh Jarrah à Jérusalem Est sont sous la menace d’une expulsion forcée pour laisser la place à de nouvelles colonies », d’après la déclaration.

« Sept ménages ont déjà reçu des arrêtés d’expulsion et on leur a demandé d’évacuer leur logement d’ici le 2 mai 2021. Ces expulsions forcées provoquant des transferts de population sont strictement interdites par le droit international », est-il ajouté.

Sheikh Jarrah, situé sur les pentes du Mont Scopus juste au nord de la Vieille Ville, abrite 3000 Palestiniens, tous réfugiés, victimes du nettoyage ethnique qui les a chassés de chez eux dans d’autres parties de la Palestine historique au cours de la Nakba de 1948.

En octobre de l’année dernière, le tribunal correctionnel israélien de Jérusalem a décidé d’expulser 12 des 24 familles palestiniennes de Sheikh Jarrah et de donner leurs maisons à des colons juifs. Le tribunal a également décidé que chaque famille devait payer 70000 shekels (20.000 $) de frais pour couvrir les dépenses juridiques des colons.

D’après Grassroots Jerusalem, ONG qui constitue une plate-forme de mobilisation pour la communauté palestinienne qui y vit, un afflux de colons juifs a eu lieu depuis 2001.

Devoir de protection

Invoquant la Quatrième Convention de Genève, les experts ont appelé Israël à se conformer au droit international, qui l’oblige à protéger la population sous occupation.

Appelant la communauté internationale à « imposer des coûts significatifs à l’occupation israélienne prolongée », les experts ont par ailleurs exigé qu’Israël interrompe son expansion coloniale en Cisjordanie.

« Les Palestiniens doivent être protégés contre la violence des colons et les auteurs doivent être tenus pour responsables de leurs actes. »

Source : Al Jazeera

Traduction J. Ch. pour l’Agence média Palestine

Retour haut de page