Israël attaque Gaza après sa défaite à Jérusalem

Par Ali Abunimah, Maureen Clare Murphy et Tamara Nassar, le 10 mai 2021

Des Palestiniens à al-Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, font brûler des pneus en manifestant leur solidarité avec les Palestiniens qui résistent aux expulsions et à la violence policière à Jérusalem. 9 mai (Ashraf Amra/APA)

Vingt Palestiniens dont 9 enfants ont été tués par un bombardement israélien sur la bande de Gaza lundi soir. 

Cela s’est passé à la fin d’une journée de violence qui a commencé dans Jérusalem Est occupée, où les forces israéliennes ont attaqué des fidèles sur l’esplanade de la mosquée d’Al-Aqsa et en ont blessé des centaines. 

Les scènes de brutalité à Jérusalem ont déclenché colère et solidarité parmi les Palestiniens et dans le monde entier. 

L’aile militaire du Hamas, organisation de la résistance palestinienne, a lancé un ultimatum, donnant une heure à Israël – jusqu’à 18h en heure locale – pour retirer ses forces d’Al Aqsa et du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem est occupée et libérer les détenus. 

À l’échéance du délai, des groupes de la résistance à Gaza ont tiré des salves de roquettes en direction de Jérusalem pour la première fois depuis la guerre de l’été 2014, ce qui a déclenché des celebrations de la part de certains Palestiniens.

Des Israéliens qui s’étaient rassemblés pour la marche dite du Jour de Jérusalem courent se mettre à l’abri au bruit des sirènes.

Pas de graves blessures côté israélien. 

Un porte-parole du Hamas a dit que les combattants de la résistance « avaient tiré des roquettes sur Jérusalem en réponse aux crimes et aux agressions de l’ennemi dans la ville sainte et contre la façon dont notre peuple est malrraité à Sheikh Jarrah et à la mosquée d’Al-Aqsa ».
Israël ripostera de toutes ses forces » a dit Netanyahou, le premier ministre israélien, ajoutant que « quiconque nous attaque paiera le prix fort ». 

De tels avertissements doivent être compris comme des menaces de punition collective contre les civils de Gaza. 

Les ministres israéliens ont approuvé une offensive aérienne contre le territoire et un porte-parole de l’armée israélienne a dit que « l’attaque prendrait quelques jours ».

Le ministère de la santé de Gaza a déclaré que 20 personnes avaient été tuées dans le territoire assiégé par des frappes israéliennes.

Parmi les morts on compte 9 enfants, d’après ce qu’on fait savoir les media palestiniens.

Israël prétend que trois combattants du Hamas ont été tués dans l’une de leurs frappes aériennes et le Hamas a dit qu’un de ses commandants a été tué. 

Israël est dit avoir aussi fermé le seul passage commercial entre Israël et Gaza et avoir ensuite restreint l’accès aux eaux côtières de la bande de Gaza.

Annulation de la marche des colons

Avant l’ultimatum du Hamas, Israël avait essuyé un revers humiliant dans son effort pour affirmer son contrôle sur Jérusalem Est occupée.

Lundi était le jour où des milliers de colons juifs extrémistes étaient supposés marcher dans la Vieille Ville en l’honneur de l’ainsi nommé Jour de Jérusalem.

Cette parade annuelle est un affichage grotesque de racisme et de provocation au cours de laquelle les Israéliens célèbrent leur occupation de la partie Est de Jérusalem en 1967.

Il était prévu que la marche de cette année se déroule dans le cadre de tensions accrues et d’une résistance contre  les efforts d’Israël pour chasser des dizaines de familles palestiniennes de leurs maisons dans le quartier de Sheikh Jarrah, dans le cadre de la poursuite du nettoyage ethnique et de la judaïsation de Jérusalem.

Pendant la plus grande partie de la journée la police israélienne a maintenu que la marche des colons se déroulerait sur le trajet prévu à partir de la Porte de Damas dans les ruelles étroites de la Vieille Ville y compris dans son quartier musulman. 

Mais dans l’après-midi, et sur recommandation de l’armée israélienne et du Shin Bet, l’agence nationale d’espionnage et de torture, Netanyahou a décidé de dévier la marche avant de l’annuler complètement.

Ce fut une victoire marquante pour les Palestiniens, bien qu’elle ait été payée chèrement en blessures dues à la violence exercée sans discernement par Israël. 

Des centaines de blessés

Lundi, avant l’aube des milliers de Palestiniens se dirigeaient vers l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa pour prier sur ce site et le protéger d’incursions attendues de la part d’extrémistes juifs et du type des violentes attaques des forces d’occupation observées vendredi et samedi lorsque des centaines de Palestiniens ont été blessés.

Parmi les 90 000 Palestiniens qui se sont rassemblés sur le site d’Al-Aqsa samedi en l’honneur de Laylat al-Qadr, une des nuits les plus saintes de Ramadan, se trouvaient des milliers de citoyens palestiniens d’Israël. 

Après que la police a arrêté des dizaines de bus qui amenaient des fidèles à Jérusalem, nombre d’entre eux ont poursuivi leur trajet à pied

Lundi à l’aube, des vidéos et des photos partagées sur les réseaux sociaux ont montré des Palestiniens se préparant à défendre la mosquée contre une nouvelle attaque ce matin-là, en élevant des barricades aux entrées avec des meubles et en ramassant des pierres.

Juste après 8h du matin, les forces d’occupation ont lancé un assaut sur l’esplanade, avec des salves de grenades assourdissantes, de gaz lacrymogène et de balles d’acier enrobées de caoutchouc sur les Palestiniens qui étaient là, blessant des fidèles, des journalistes et des infirmiers. 

La Société du Croissant Rouge Palestinien a déclaré avoir assisté près de 400 blessés dont quelque 220 ont été transportés à l’hôpital.

Au moins sept Palestiniens ont été gravement atteints, certains ayant dû subir une intervention chirurgicale.

Les forces israéliennes ont aussi attaqué le lieu de prière des femmes près de Bab al-Rahma, la porte orientale de l’esplanade qui a été pratiquement scellée par les autorités depuis 2003 

Les armes israéliennes ont aussi endommagé l’intérieur de la mosquée 

Les Palestiniens ont ramassé des cartouches de gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et des balles d’acier enrobées de caoutchouc et les ont disposées en reproduisant l’image du Dôme du Rocher avec le mot « Jérusalem ».

Malgré cette violence extrême perpétrée sans discernement, le chef de la police Kobi Shabtaï a quand même  déclaré aux media lundi soir que ses forces avaient fait preuve de beaucoup de retenue et qu’il était temps de « passer aux choses sérieuses »

Des journalistes blessés

Parmi les centaines de Palestiniens blessés lundi par les forces israéliennes se trouvaient des reporters. 

Cette vidéo montre des soldats israéliens en train d’acculer le photojournaliste Faïz Abu Rmelah et de le frapper à la tête :

Abu Rmelah, dont les photos ont déjà été publiées par l’Electronic Intifada, avait aussi été attaqué par les forces d’occupation en 2017.

L’organe de presse palestinien Al Qastal a dit que trois de ses reporters ont été blessés par des balles d’acier enrobé de caoutchouc et par du gaz lacrymogène.  

Un autre Palestinien qui saignait de l’œil a été transporté par le personnel médical qui a déclaré à un reporter de l’Agence Anadolu que le blessé était journaliste. 

Attaques contre le personnel médical

La Société du Croissant Rouge Palestinien a dit que les forces israéliennes avaient empêché le personnel médical d’entrer sur l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa où des dizaines de blessés palestiniens nécessitaient une assistance médicale. 

Un médecin palestinien de Jérusalem venu assister les blessés a dit que des soldats l’ont empêché d’entrer sur l’esplanade et ce, « à toutes les portes ». 

Le réseau Quds News a rapporté qu’Israël a tenté de chasser le personnel médical palestinien de l’esplanade.

Des sauveteurs font aussi partie du nombre de blessés. 

Les forces israéliennes ont tué à balles l’infirmier Ahmad Dweikat en l’atteignant sous l’œil avec une balle d’acier enrobée de caoutchouc.

Report de l’audience au tribunal

La Cour Suprême a essayé de désamorcer la résistance croissante au nettoyage ethnique des Palestiniens en repoussant une audience sur l’expulsion forcée de trois familles de leurs maisons du quartier de Sheikh Jarrah, dimanche. 

Israël met en place des lois ouvertement discriminatoires pour tenter de chasser les Palestiniens de leurs maisons afin de les donner à des colons juifs. 

Un juge de la cour suprême a dit que l’audience serait reprogrammée d’ici un mois et que les familles palestiniennes pourraient rester dans leurs maisons jusqu’à ce qu’une décision soit prise. 

Les tribunaux israéliens ont constamment émis des jugements en faveur de groupes de colons pour chasser des familles palestiniennes de leurs maisons de Jérusalem Est. 

Les organisations de colons, soutenues par l’appareil d’État israélien ne sont pas prêtes à abandonner leurs efforts de nettoyage ethnique des Palestiniens de la ville. 

L’objectif est cependant de le faire doucement sans l’agitation née d’une colère à l’échelle internationale. 

Les États Unis bloquent une déclaration des Nations Unies

L’Égypte, le Qatar et les Nations Unies sont dits avoir exercé une médiation entre le Hamas et Israël pour ralentir l’escalade des hostilités. 

Le gouvernement étatsunien a exprimé sa profonde préoccupation sur « les violentes confrontations » de Jérusalem, mais ont réservé leur condamnation explicite aux tirs de roquettes de Gaza. 

Il est dit que l’envoyé de Washington au Conseil de Sécurité de l’ONU a empêché la publication d’une déclaration conjointe condamnant la violence à Jérusalem.

Le représentant de l’Union Européenne en Israël a dit qu’il était « extrêmement préoccupé » par la violence à Jérusalem mais s’est borné à déclarer que les tirs de roquettes étaient « totalement inacceptables et devaient cesser ».

Source : The Electronic Intifada

Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

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