Le nouveau gouvernement d’Israël : les visages et partis qu’il vous faut connaître

Mustafa Abu Sneineh, le 15 juin 2021

Le gouvernement Bennett-Lapid devra s’attaquer aux difficultés sociales et économiques post-pandémie.

Un nouveau gouvernement a prêté serment dimanche, mettant fin aux 12 ans de mandat de Benjamin Netanyahou en tant que premier ministre.

Naftali Bennett et Yair Lapid sont arrivés à bricoler une coalition de 60 membres de la Knesset, le strict minimum nécessaire pour former un « gouvernement de changement », composé de partis, de la gauche à la droite, laïques et religieux.

Le gouvernement Bennett-Lapid espère s’attaquer aux difficultés sociales provoquées par une économie en chute libre souffrant des conséquences de la pandémie de COVID-19 et de trois confinements depuis mars 2020. Mais il devra aussi s’occuper du conflit israélo-palestinien, des perspectives d’un nouvel accord nucléaire entre les États Unis et l’Iran, et des questions interieures du financement des groupes religieux par l’État.

Netanyahou est maintenant le chef de l’opposition et n’a besoin que d’un membre de la Knesset qui démissionnerait du nouveau gouvernement pour obliger Israël à organiser une cinquième élection, lui donnant une chance de revenir au pouvoir.

Middle East Eye s’intéresse à huit politiciens clés – à la tête de différents partis – qui appuient ce nouveau gouvernement israélien.

Le Premier ministre Naftali Bennett

Naftali Bennett à la Knesset, le Parlement israélien, à Jérusalem, le 6 juin 2021. POOL / REUTERS

Bennett, Juif ultranationaliste, préside le parti Yamina (de droite) qui est arrivé cinquième à la Knesset à l’occasion des dernières élections en mars.

L’entrepreneur en technologie est opposé à un État palestinien : il a appelé à l’annexion de la Cisjordanie occupée et a poussé à l’expansion des colonies illégales. En 2010, il était le directeur général du Conseil de Yesha [Judée, Samarie, Gaza], bouclier pour les colonies de Cisjordanie.

Bennett, 49 ans, a été chef de cabinet de Netanyahou en 2006. Son dernier poste dans un gouvernement a été ministre de la Défense en 2019.

Il est prévu qu’il soit le Premier ministre pendant deux ans, après quoi il sera remplacé par Yair Lapid.

Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid

Le chef centriste de Yesh Atid (Il y a un Avenir) a reçu le mandat du président sortant Reuven Rivlin de former un gouvernement, mais l’a cédé à Bennett qui le dirigera en premier.

Comme Bennett, Lapid a fait partie d’un gouvernement dirigé par Netanyahou en tant que ministre des Finances en 2013, avant de s’embarquer dans une carrière politique sur les bancs de l’opposition.

Ce célèbre présentateur TV est entré en politique en 2012, fondant un parti qui affirme que son but est de soulager les difficultés financières et sociales de la classe moyenne israélienne.

Il sera le ministre des Affaires étrangères pendant deux ans avant de remplacer Bennett en 2023, en supposant que ce gouvernement tienne.

Le ministre de la Défense Benny Gant

Benny Gantz en 2014, alors qu’il est le plus haut gradé de l’armée israélienne. NIR ELIAS / REUTERS

Diriger le ministère de la Défense est bien dans la zone de confort de Gantz.

Tout au long de sa carrière, Gantz a occupé divers postes en relation avec l’armée, en tant que chef d’état-major de l’armée, attaché militaire d’Israël aux Etats Unis et, plus récemment, ministre de la Défense. Il a également été premier ministre en alternance dans le « gouvernement d’unité » formé avec Netanyahou après les élections de mars 2020.

La coalition politique Bleu et Blanc de Gantz est composée d’anciens militaires. Gantz, 62 ans, a quitté la coalition de Netanyahou pour rejoindre l’opposition après que ce dernier n’ait pas réussi à faire voter le budget avant les élections de mars dernier.

Le ministre des Finances Avigdor Lieberman

Lieberman, 63 ans, a été ministre de la Défense avant de quitter le gouvernement de Netanyahou en novembre 2018 parce qu’il avait failli à déclencher une guerre totale contre la Bande de Gaza assiégée

Cela avait mis Israël sur le chemin de quatre élections inabouties depuis mars 2019.

Fervent laïcard, anti-Palestinien et défenseur des colons, Lieberman a cherché – et a finalement failli – à introduire des lois qui exigent des membres de la communauté juive ultra-orthodoxe de servir dans l’armée israélienne.

Maintenant, en tant que ministre des Finances, Lieberman, né Moldave, a l’opportunité de faire entrer la communauté ultra-orthodoxe dans la force de travail, la rendant moins dépendante des avantages et profits financés par l’État. Il faudra aussi qu’il s’attaque à la terrible situation économique.

Le ministre de la Justice Gideon Saar

Photo : AMIR COHEN / REUTERS

Saar, 54 ans, est le quatrième des anciens alliés de Netanyahou, après Bennett, Lapid et Lieberman, à avoir manœuvré pour le détrôner.

En décembre, Saar a quitté le Likoud de Netanyahou qui, avec ses 30 sièges, est le plus gros parti de la Knesset, et a formé son parti Nouvel Espoir.

On l’a vu comme le principal rival de Netanyahou. Son poste de ministre de la Justice lui est attribué alors que Netanyahou doit affronter des procès pour corruption, qui pourraient prendre des années et le voir un jour ou l’autre condamné à une peine de prison.

Saar fera aussi partie du cabinet de sécurité israélien.

L’islamiste Mansour Abbas

En théorie, la Liste Arabe Unie d’Abbas, Raam, est un rejeton de l’idéologie des Frères Musulmans et les faucons de la droite israélienne le voient donc comme « le Hamas dans la Knesset ».

Pourtant, Abbas n’a rien à voir avec les Frères ou le Hamas. Au début de 2021, son parti s’est séparé de la Liste Arabe Unie, alliance politique qui représente les aspirations nationales et les droits des citoyens palestiniens d’Israël qui, avec leurs 1.9 millions, représentent 21 % de la population.

Le parti Raam a gagné quatre sièges à la Knesset et a été perçu en mars comme le faiseur de roi après les dernières élections. Mais Netanyahou a affronté l’opposition et les pressions de ses alliés sionistes religieux afin de ne pas former un gouvernement avec Raam.

Abbas affirme avec insistance que son parti n’est ni de gauche ni de droite.

Il a fait des déclarations controversées, décrivant les prisonniers politiques palestiniens comme des « terroristes » et ne condamnant pas le bombardement de Gaza par Israël, ni son invasion violente de la Mosquée al-Aqsa, ni sa violente répression des citoyens palestiniens d’Israël pendant les manifestations de mai dans les villes mixtes.

Abbas entre dans l’histoire en étant le premier citoyen palestinien d’Israël à faire partie d’un gouvernement israélien.

Il sera ministre adjoint dans le bureau du premier ministre. Bennett et Lapid lui avaient promis qu’ils mettraient fin à la démolition des maisons des citoyens palestiniens que les autorités déclaraient comme ayant été construites sans permis.

La ministre des Transports Merav Michaeli

Michaeli est à la tête du Parti Travailliste, autrefois le parti qui dominait la politique israélienne jusqu’à ce que le Likoud revienne au pouvoir dans les années 1990 après l’assassinat d’Yitzhak Rabin à Tel Aviv.

Comme Lapid, Michaeli est entrée en politique en venant du journalisme.

Âgée de 54 ans, elle est la seule femme parmi les chefs des huit partis qui entrent au gouvernement. Elle a travaillé à renforcer le parti Travailliste, qui a gagné sept sièges aux élections de mars et est à gauche d’un gouvernement dont la majorité consiste en partis religieux et de droite.

Le ministre de la Santé Nitzan Horowitz

Horowitz a une lourde tâche devant lui : il va diriger le ministère de la Santé alors que le pays sort de trois confinements et de vaccinations à l’échelle nationale.

Horowitz, 56 ans, est le deuxième politique israélien ouvertement gay, après Amir Ohana. Il a été attaqué par des militants de l’extrême droite israélienne et des supporters de Netanyahou pour avoir soutenu les appels à la Cour Pénale Internationale de La Haye pour qu’elle enquête sur les chefs de l’armée israélienne pour crimes de guerre.

Le slogan du Meretz c’est « La Gauche, c’est le Meretz ». Il demande des opportunités à égalité dans l’éducation, le partenariat et le mariage civils, la laïcité et la lutte contre l’influence des partis juifs religieux.

Le Meretz soutient un État palestinien, le désengagement des colonies en Cisjordanie, le gel de l’expansion coloniale et la partition de Jérusalem en deux capitales, la partie occidentale pour les Israéliens et la partie orientale pour les Palestiniens, et la restitution des Hauteurs du Golan à la Syrie en échange de la paix.

Le Meretz a remporté six sièges aux élections du mois de mars.

 Source : Middle East Eye

Traduction J. Ch. pour l’Agence média Palestine

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