Mahmoud Abbas: la paille et la poutre – Réponse à un Éditorial du Monde

Le 7 juillet 2021

Nombre de Palestinien.nes critiquent leur président depuis bien longtemps, alors même qu’il était loué en occident, y compris dans Le Monde lorsqu’il « plaidait pour la reprise du dialogue israélo-palestinien».

Si l’éditorial du Monde du 5 juillet 2021 (« Palestine : le déshonneur de Mahmoud Abbas ») dénonce très justement le bilan désastreux du président de l’Autorité palestinienne, il manque cruellement de contexte, et réduit la critique de Mahmoud Abbas à celle de n’importe quel dirigeant corrompu et oppressif. Sans rien enlever à sa lourde responsabilité, Abbas demeure le produit d’un conflit où un rapport de force inégal détermine la marge de manœuvre des dirigeants palestiniens sous occupation.

Comment critiquer Mahmoud Abbas si l’on ne critique pas ceux qui l’ont mis en place? Ceux qui ont interdit d’organiser les élections qui devaient lui chercher un successeur, pas seulement cette année, mais déjà en 2009. Ceux qui par là même ont entériné son impunité. Ceux qui ont installé et profitent de la corruption systémique de l’Autorité Palestinienne. Ceux qui financent et entraînent les forces de sécurité palestiniennes responsables de l’assassinat de Nizar Banat. Ceux qui ne s’offusquent que sélectivement des atteintes aux droits humains des Palestinien.nes.

Certes, l’éditorial critique aussi le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, comme si la question palestinienne dépendait de la bonne volonté d’un dirigeant ou d’un autre. En réalité, Mahmoud Abbas est tombé dans le piège d’Oslo, comme Yasser Arafat avant lui. C’est Israël qui décide quel dirigeant elle place ou laisse à la tête des confettis de territoires qui constituent la Palestine actuelle, traversés de check-points, avec une économie sous contrôle, et sans aucune souveraineté nationale.

« Sa fin de carrière, calamiteuse, fait le lit de l’occupant israélien » écrit Le Monde. C’est plutôt l’occupant israélien qui fait le lit de Mahmoud Abbas depuis 16 ans, en échange de services rendus. Alors certes, on peut critiquer l’Autorité Palestinienne et son président fantoche, et pas seulement à la veille de sa mort. Mais à condition d’abord de critiquer ses marionnettistes, à savoir l’occupation israélienne, ainsi que les États qui la soutiennent, dont la France, et se retrouvent donc indirectement complices du meurtre de Nizar Banat.

Alima (Argenteuil), Brigitte (Montpellier), Dominique (Lyon), Dror (Paris), Fatima (Paris), Geneviève (Paris), Hédi (Paris), Ismahane (Paris), Juliette (Aix en Provence), Mabrouk (Villefranche), Monira (Saint-Étienne), Naïma (Paris), Perrine (Strasbourg), Yves (Clermont-Ferrand)

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