Par Francesca Ebel, le 17 août 2021
L’organisation Forensic Architecture demande la fermeture d’une exposition à la galerie Whitworth après la suppression d’un message de solidarité à la suite d’une campagne de l’organisation UK Lawyers for Israel.
Un groupe d’investigation nominé pour le prix Turner a demandé la fermeture d’une exposition consacrée à son travail à la Whitworth Art Gallery de Manchester, une déclaration de solidarité avec les Palestiniens ayant été retirée de l’exposition.
L’exposition, conçue par Forensic Architecture (FA, Architecture forensique)*, examine la manière dont les structures de pouvoir donnent forme à l’air que nous respirons et, parmi les exemples fournis, montrait que l’action militaire israélienne dans les territoires palestiniens occupés exerçait des effets environnementaux toxiques dus à la guerre chimique, et notamment aux nuages causés par les gaz lacrymogènes ou les bombardements.
À l’entrée de l’exposition, un panneau indiquait : « Forensic Architecture soutient la Palestine » en précisant : « Nous estimons que cette lutte de libération est inséparable d’autres luttes mondiales contre le racisme, la suprématie blanche, l’antisémitisme et la violence de la colonisation de peuplement, et nous reconnaissons son lien particulièrement étroit avec la lutte de libération noire dans le monde entier. »
La suppression de cette déclaration est intervenue après que UK Lawyers for Israel (UKLFI, Avocats du Royaume-Uni pour Israël) a envoyé une lettre à l’université de Manchester, de laquelle dépend la galerie Whitworth, accusant l’exposition d’être « incendiaire » et « unilatérale ».
Eyal Weizman, directeur de FA, a indiqué à Middle East Eye mardi que le groupe d’investigation a demandé la fermeture de l’exposition « avec effet immédiat » après avoir appris cette suppression.
« L’université de Manchester [responsable des expositions de la galerie Whitworth] a supprimé la déclaration malgré nos objections réitérées. Nous n’avions pas d’autre choix que de demander la fermeture de l’exposition, car il nous est impossible d’accepter la présentation de cette exposition sous une forme incomplète », a affirmé Weizman.
« FA utilise les expositions pour mettre en lumière des investigations sur les violations des droits humains dans le monde entier. Cette exposition concernait des violations des droits humains en Indonésie, au Royaume-Uni, en Argentine, en Palestine et aux États-Unis, entre autres. La déclaration supprimée se réfère à des violations des droits humains en Palestine clairement établies, et utilise des termes et un langage adoptés par de grandes organisations de défense des droits humains.
« Il est scandaleux que l’université de Manchester se soit ingérée dans notre exposition après l’intervention d’un groupe de pression autoproclamé, connu pour être le porte-voix du mouvement des colons d’extrême-droite en Israël et pour ses attaques contre les groupes qui apportent une aide humanitaire aux Palestiniens. Voir ce groupe accepté comme arbitre sur des questions de parité en rapport avec la Palestine, c’est une véritable mascarade », a ajouté Weizman.
Vendredi, un centre juridique palestinien, l’International Centre of Justice for Palestinians (Centre international de la justice pour les Palestiniens) a déclaré que les accusations portées par UKLFI étaient « choquantes » et constituaient manifestement “une tentative de diffamation [de FA et de la galerie Whitworth] et de censure de l’information sur les atteintes d’Israël contre les droits humains, simplement parce que l’exposition inclut l’impact des atteintes commises par Israël contre les Palestiniens ».
Source : Middle East Eye
Traduction SM pour l’Agence média Palestine