Par Ali Abunimah, le 27 septembre 2021

Défaite spectaculaire pour le lobby pro-Israël, les délégués au Congrès du parti travailliste de Grande-Bretagne ont massivement approuvé lundi une motion condamnant la « Nakba continue en Palestine ».
Appelant à des sanctions et à un embargo des armes, la motion souligne que des rapports récents de groupes de soutien aux droits humains ont conclu « sans équivoque qu’Israël pratique un crime d’apartheid tel qu’il est défini par les Nations unies ».
« Nous saluons cette motion importante, historique, qui représente une étape significative dans la reconnaissance par le parti travailliste de la réalité du système d’apartheid imposé par Israël sur les Palestiniens », a déclaré Kamel Hawwash, président de la Campagne de solidarité avec la Palestine.
« Malgré d’immenses pressions imposées sur les travaillistes pour qu’ils reviennent sur les engagements de leur politique pris lors des Congrès de 2018 et 2019, ceci montre la force de la solidarité avec le peuple palestinien parmi les membres de base du parti travailliste et dans le mouvement syndical », a ajouté Hawwash.
« Il est temps de mettre fin à l’impunité et de commencer à faire rendre des comptes ».
La résolution appuie l’enquête de la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre en Cisjordanie occupée et dans la Bande de Gaza.
Elle entérine d’autres « mesures effectives » auxquelles « appelle la société civile palestinienne » – une confirmation du mouvement pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) qui vise à mettre fin aux violations par Israël des droits des Palestiniens et du droit international.
Elle affirme aussi explicitement « le droit du peuple palestinien, tel qu’inscrit dans le droit international, à revenir dans leurs maisons ».
Israël et ses supporters s’opposent à laisser les réfugiés palestiniens retourner dans leurs maisons et sur leurs terres dont ils ont été expulsés ou qu’ils ont fuies, simplement parce qu’ils ne sont pas juifs.
🚨BREAKING🚨
— PSC (@PSCupdates) September 27, 2021
Historic motion on Palestine passes at Labour Party Conference 2021 acknowledging that Israel is practicing apartheid and calling for strong sanctions #Lab21 #FreePalestine pic.twitter.com/nmsvZDxIYR
Le Comité national palestinien BDS, le comité de pilotage de la campagne internationale de boycott, a aussi salué « la motion historique ».
🚨 Victory! 🚨
— BDS movement (@BDSmovement) September 27, 2021
A landmark motion has just been passed at Labour Party Conference 2021.#Lab21 declares Israel an apartheid state & calls for sanctions against it until it ends its apartheid & occupation & respects the right of Palestinian refugees “to return to their homes.” pic.twitter.com/8tGwSIU7Ib
Le Congrès annuel du parti est le moment où le principal parti d’opposition vote sur les politiques qu’il est supposé mettre en pratique s’il est au gouvernement. En pratique, néanmoins, la direction néglige souvent la volonté de la base.
Cependant le vote de lundi signale que les années de purges et de dénigrements contre un prétendu antisémitisme visant à étouffer le soutien aux droits palestiniens ont échoué.
« La motion a été votée à ‘mains levées’, si massivement que ses opposants n’ont même pas pris la peine de demander un recompte des voix ou un vote par carte », a rapporté le site d’information de gauche The Skwawkbox.
Le vote a eu lieu « le lendemain du jour où de nombreux délégués ont subi des intimidations pour soutenir les ‘dangereuses’ nouvelles règles disciplinaires du parti destinées à empêcher la libre expression sur la conduite d’Israël » a ajouté The Skwawkbox.
David Evans (acting General Secretary): " Everybody remembers why they joined Labour. What was it for you?". People in the conference shout JEREMY CORBYN. #Lab21 pic.twitter.com/T2KCDja1Dt
— Saul Staniforth (@SaulStaniforth) September 25, 2021
Depuis l’élection de 2015 de Jeremy Corbyn comme chef des travaillistes, l’aile droite du parti a monté, avec des groupes de lobbying pro-Israël, une campagne de plusieurs années pour dénigrer, suspendre et expulser des membres qui soutiennent les droits des Palestiniens.
Malgré l’éviction de Corbyn en 2019, la droite a continué la purge, qui a culminé dans l’expulsion récente du réalisateur internationalement acclamé Ken Loach.
Le remplaçant de Corbyn, Keir Starmer, a gagné la direction du parti après une campagne subventionnée par de l’argent du lobby pro-Israël.
Après sa prise de fonctions, Starmer a agi immédiatement pour orienter nettement le parti travailliste dans une direction pro-Israël.
Les groupes de lobbying pro-Israël ont exprimé leur colère après le vote de lundi.
Le député Steve McCabe, président de Labour Friends of Israel (Les amis travaillistes d’Israël), a déclaré que la résolution était « complètement inacceptable, grossièrement inexacte et moralement répugnante » et qu’elle « propageait la calomnie sur l’apartheid ».
Statement from our chair @steve_mccabe on the Israel/Palestine motion passed at #Lab21: pic.twitter.com/Z2lJp06cBc
— Labour Friends of Israel (@_LFI) September 27, 2021
Le bureau des Représentants des juifs britanniques a approuvé cette attaque sur la résolution.
Les lobbyistes pro-Israël ont poursuivi leur tactique de calomnie lundi, rendant clair et sans ambiguïté le fait qu’ils identifient complètement la critique d’Israël et la solidarité avec les Palestiniens d’une part, et le sectarisme anti-juif d’autre part.
Disgusting that mover of Palestine motion compared Israel to Franco and delegitimised Israel as "settler colonial", a clear denial of Jewish self determination and possible breach of IHRA definition.
— Luke Akehurst (@lukeakehurst) September 27, 2021
Lies about #Israel and demonisation of the Jewish state. The empty smears of expulsion and Apartheid, screams of 'free Palestine' ,and Palestinian flags in the hall…
— David Collier (@mishtal) September 27, 2021
The Labour Party conference hall.
September 27 2021.
Dont tell me the door has been closed on #antisemitism.
Leur frustration est compréhensible. Les politiciens comme Starmer peuvent être intimidés et achetés, mais les membres ordinaires du parti travailliste prouvent que leur engagement pour les droits des Palestiniens et leur solidarité avec eux sont vastes et profonds.
Ali Abunimah, cofondateur de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books. Il a aussi écrit : One Country: A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse. Les opinions exprimées sont les siennes seules.
Source : The Electronic Intifada
Traduction CG. pour l’Agence média Palestine