Sally Rooney : un modèle pour les alliances avec les Palestiniens

Par Edo Konrad, le 15 octobre 2021

Sally Rooney. Photographe : David Levenson/Getty Images

On ne manque pas d’activistes dévoués et passionnés dans le mouvement mondial de solidarité avec la Palestine. Mais lorsque l’autrice irlandaise renommée Sally Rooney a été obligée d’expliquer cette semaine pourquoi elle ne veut pas permettre à Modan, une maison d’édition israélienne, de publier son dernier roman, « Monde magnifique, où es-tu », elle nous a donné à tous une leçon de ce à quoi ressemble une solidarité fondée sur des principes.

Rooney, dont deux précédents livres ont été traduits en hébreu, a été fermement dénoncée comme antisémite par des journalistes et des militants pro-israéliens qui avaient d’abord déformé sa décision en la présentant comme un boycott délibéré de l’hébreu. À la suite d’une grêle de critiques émanant de quelques-uns des organes de presse les plus connus du monde juif, Rooney a publié une déclaration disant que bien qu’elle adhère au boycott culturel d’Israël, ce serait un « honneur » pour elle que son dernier roman soit traduit en hébreu – à condition que la maison d’édition soit disposée à « prendre publiquement ses distances vis-à-vis de l’apartheid et à soutenir les droits du peuple palestinien stipulés par l’ONU ».

Dans sa déclaration, Rooney a cité le travail de groupes palestiniens de défense des droits humains sur l’apartheid israélien, ainsi que celui de Human Rights Watch et du groupe israélien opposé à l’occupation B’Tselem. Ce qui a été plus important, cependant, est qu’elle a clairement dit qu’elle n’agissait pas de son propre chef mais plutôt en suivant les directives mises en avant par le mouvement BDS, qu’elle a qualifié de mouvement « antiraciste ».

« De nombreux États autres qu’Israël sont bien sûr coupables de graves violations des droits humains. C’était déjà vrai de l’Afrique du Sud pendant la campagne contre l’apartheid de ce pays. Dans ce cas particulier, je réponds à l’appel de la société civile palestinienne, notamment des principaux syndicats palestiniens et unions d’écrivains » a dit Rooney dans sa réponse.

À un moment où le mouvement pour les droits des Palestiniens est l’objet d’attaques partout dans le monde, avec à peine une centaine de mots, une des étoiles montantes de la littérature mondiale a montré aux alliés de la lutte palestinienne – et aux alliés de toute lutte contre l’oppression – comment faire. Plutôt que de se centrer sur elle-même et sur les (très évidentes) difficultés que l’on rencontre souvent pour prendre une décision qui a déjà aliéné ou mis en colère une partie des fans et malgré les torrents de haine qui se sont mis sur son chemin dans la semaine écoulée, Rooney a clairement expliqué que rien de tout cela ne la concerne vraiment elle. Il s’agit des Palestiniens et du régime qui les prive de leurs droits fondamentaux. Ceux d’entre nous qui se soucient de la libération palestinienne ont beaucoup à apprendre d’elle.

Source : +972

Traduction SF pour l’Agence Média Palestine

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