Un Palestinien affamé pour sa liberté, susceptible de mourir d’un instant à l’autre

Le 3 janvier 2022, par Tamara Nassar

Hisham Abu Hawwash, un père de 5 enfants âgé de 40 ans pourrait mourir à tout moment après 140 jours de grève de la faim. (PHRI / Twitter)

Un Palestinien qui refuse de se nourrir dans sa prison israélienne depuis 140 jours pourrait mourir d’un moment à l’autre, d’après l’avertissement des médecins.

Hisham Abu Hawash est face à une mort soudaine du fait d’une déficience en potassium et d’une arythmie cardiaque, selon la doctoresse Linda Qassem, une volontaire de Médecins Pour les Droits Humains Israël.

En même temps, lundi, les autorités israéliennes ont fait une descente à l’hôpital où Abu Hawash est détenu et ont obligé les journalistes et les soutiens du prisonnier à sortir.

Ce père de famille de 40 ans du village du Dura, près de la ville de Hébron en Cisjordanie occupée est en grève de la faim en signe de protestation contre sa détention prolongée sans accusation ni procès.

Il perd conscience et sa famille a du mal à lui faire boire de l’eau.

Les autorités d’occupation israéliennes commettent un crime contre Abu Hawash en refusant de répondre à son appel à mettre fin à la détention administrative, a dit le Club des Prisonniers Politiques.

Les autorités israéliennes ont soumis Abu Hawash à des mesures de rétorsion abusives, a ajouté le groupe.

Ils ont bloqué son transfert vers un hôpital civil au cours des derniers mois et l’ont laissé dans le centre médical totalement inadéquat de la prison de Ramle, surnommé « l’abattoir » par des prisonniers palestiniens.

« Suspensions »

Les autorités pénitentiaires l’ont simplement déplacé au centre médical Shamir de Tel Aviv lorsque sa détention a été « suspendue » le 26 décembre.

Mais Abu Hawash a refusé de mettre fin à sa grève parce que de telles « suspensions » ne changent rien.

La Cour Suprême d’Israël a approuvé ces suspensions au moins depuis 2015. Ils se contentent de transférer la garde des autorités pénitentiaires israéliennes à l’appareil de sécurité de l’hôpital.

« L’usage de la détention administrative et de la détention en hôpital doit cesser » ont dit les Médecins Pour les Droits Humains.

Même à l’hôpital, Abu Hawash reste prisonnier – il ne peut pas quitter l’hôpital et retourner chez lui. Il ne peut même pas aller dans un autre hôpital sans la permission d’Israël.

La seule différence est que les membres de la famille peuvent rendre visite à leurs parents emprisonnés.

Les juges israéliens utilisent ces suspensions pour détourner l’attention de la responsabilité directe d’Israël sur la vie des grévistes de la faim, tout en faisant apparaître son refus d’accéder aux revendications des grévistes.

Le groupe israélien de défense des droits, B’Tselem a précédemment décrit cette stratégie comme une « solution interprétative inventée par la Cour Suprême pour éviter de prendre une décision, ou d’assumer la responsabilité vis-à-vis des détenus administratifs sur le point de mourir ».

Abu Hawash a refusé de suspendre sa grève de la faim jusqu’à la révocation complète de sa détention administrative.

Abu Hawash a été arrêté par Israël en octobre 2020 et placé en détention administrative, un emprisonnement renouvelable à l’infini sans accusation ni procès.

L’agence israélienne d’espionnage et de torture, le Shin Bet, l’accuse d’être membre du groupe de résistance palestinien Jihad Islamique mais elle n’a montré aucune preuve explicite à l’appui de cette affirmation selon le quotidien de Tel Aviv, Haaretz.

Collaborateurs

Tandis que la la pression monte sur sur l’Autorité Palestinienne pour qu’elle aide à la libération de Abu Hawash, une délégation de son ministère de la santé lui a rendu visite à l’hôpital le 30 décembre.

Mais en dehors de gestes symboliques et de séances de photo, il semble que l’Autorité Palestinienne ne fasse pas grand-chose.

À l’inverse, tandis que la santé de Abu Hawash se détériorait la semaine dernière, le dirigeant de l’AP Mahmoud Abbas est allé rencontrer le ministre israélien de la défense, Benny Gantz chez lui, pour discuter du resserrement de liens, ce qui comprend la soi-disant coordination entre les forces d’occupation israéliennes et l’AP.

L’administration Biden, principal pourvoyeur et financeur international de l’armement israélien a salué la rencontre.

Gantz aurait accepté de transférer 32 millions de dollars (28 millions €) en tant qu’avance sur le revenu fiscal collecté par Israël auprès des Palestiniens pour le compte de l’Autorité Palestinienne.

Au nom des accords d’Oslo signés dans les années 1990, Israël est supposé lever l’impôt et faire un transfert régulier à l’AP.

Mais Israël prélève couramment des millions de dollars pour punir l’AP et faire pression sur elle lorsqu’elle n’est pas assez souple vis-à-vis des exigences israéliennes.

Gantz a aussi accepté de délivrer des centaines de permis de déplacement entre la Cisjordanie occupée et Israël pour des acteurs économiques palestiniens et des pass VIP pour l’élite de l’Autorité Palestinienne.

Les privilèges que Gantz a assurés aux dirigeants de l’AP apparaissent alors que des médias israéliens avancent que Abbas aurait ordonné une répression d’envergure à Jénine pour le compte d’Israël.

Le chef des armées Aviv Kochavi a récemment révélé dans une réunion à huis clos qu’Israël était sur le point de lancer une attaque sur la ville du nord de la Cisjordanie mais que l’Autorité Palestinienne y avait substitué une vague de répression et avait arrêté des Palestiniens.

En novembre, il y a eu des confrontations armées entre forces de l’AP et des Palestiniens dans le camp de réfugiés lorsque Abbas a donné l’ordre d’attaquer.

Israël a menacé depuis des mois d’attaquer Jénine qu’il craint comme un fief potentiel de résistance armée à son occupation.

Les factions politiques palestiniennes du Hamas et du Jihad Islamique ont critiqué la réunion entre Abbas et Gantz. Le Jihad Islamique a dit qu’elle a renforcé le rôle de sous-traitant de l’occupation de l’Autorité Palestinienne.

En ce début de 2022, Israël détient 500 Palestiniens en détention administrative, sans accusation ni procès. Sur les 4 550 Palestiniens qui sont dans les prisons de l’occupation israélienne, 160 sont des enfants.

Avec la contribution à l’analyse d’Ali Abunimah

Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

Source : The Electronic Intifada

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