Boycott du festival de Sydney : plus de 20 participants se retirent à cause du financement israélien

Le 4 janvier 2022, par Kelly Burke

Le bureau du Festival a publié une nouvelle déclaration alors que la protestation grandit, le programme étant jeté dans le chaos deux jours avant la nuit d’ouverture.

Betty Grumble, Tom Ballard and Yumi Stynes
Betty Grumble, Tom Ballard et Yumi Stynes font partie des participants du festival de Sydney festival qui se sont récemment retirés du programme. Composition : Lexi Laphor/SBS

Plus de 20 participants se sont retirés du festival de Sydney 2022, à juste 48 heures de la nuit d’ouverture : ils boycottent le festival à cause d’un accord de sponsoring avec l’ambassade israélienne.

L’humoriste Tom Ballard, la production de Black Brass par le théâtre Belvoir, l’ex-politicienne de Nouvelle-Galles du Sud Meredith Burgmann, la compagnie de danse des Premières Nations Marrugeku et la chroniqueuse Yumi Stynes ne sont que quelques-uns des participants du festival qui ont soit annulé soit pris leurs distances en signe de protestation, rejoignant ainsi un nombre croissant de groupes arabes, pro-palestiniens, des Premières Nations et des Verts qui mènent l’appel au boycott.

Plusieurs événements du festival dont Jurrungu Ngan-ga de Marrugeku et une installation de l’œuvre « Return to Sender »  de l’artiste visuelle wiradjuri Karla Dickens sont maintenus à Carriageworks, mais à titre indépendant, s’étant retirés de la bannière du festival.

Après avoir écouté les appels à boycotter @Sydney_Festival à cause de sa décision d’accepter des subventions et un partenariat de l’ambassade d’Israël, j’ai décidé de retirer mon intervention prévue pour la Nuit du gala de la comédie au Festival, en signe de solidarité.
— Tom Ballard #80aday (@TomCBallard)

La production de Black Brass  par The Belvoir St Theatre se maintient également, mais a opté pour ne pas recevoir la subvention préalablement acceptée de la part du festival.

Dans une déclaration postée sur les réseaux sociaux mardi, Belvoir a déclaré qu’ils avaient une « longue et fructueuse relation » avec le festival de Sydney. « Black Brass a été fait par et avec beaucoup de communautés africaines à Perth », disait le post.

« Au cœur du processus, il y avait un engagement à la sécurité culturelle qui donne aux artistes la liberté de travailler sans peur ni compromis. Reconnaissant le fait que la communauté est maintenant divisée et que les artistes palestiniens sont incapables de participer au Festival de Sydney de cette année avec la même sécurité culturelle qui était si essentielle dans l’élaboration de Black Brass, nous choisissons de ne pas accepter de soutien financier direct du Festival. »

Mardi, le Bureau du festival de Sydney a publié un deuxième communiqué, soutenant sa décision controversée de poursuivre la production de Decadance par la Compagnie de danse de Sydney, une œuvre créée par le chorégraphe israélien Ohad Naharin et la Compagnie de danse  Batsheva de Tel Aviv, dont la participation au festival de Sydney a été financée par une subvention de 20 000 dollars de l’ambassade d’Israël à Canberra.

Ce dernier communiqué du bureau a reconnu les appels grandissants pour que les artistes et le public boycottent le festival, un mouvement qui a commencé fin décembre.

« Le Bureau du Festival de Sydney souhaite collectivement affirmer son respect pour le droit de tous les groupes à protester et à exprimer des inquiétudes », a dit le communiqué.

« Nous avons passé du temps avec plusieurs groupes qui ont des inquiétudes à propos de ce financement et nous apprécions l’occasion de discuter avec eux. Tous les accords de subvention pour le Festival en cours — y compris pour Decadance — seront honorés et les spectacles continueront. En même temps, le Bureau a aussi décidé qu’il révisera ses pratiques liées aux financements de gouvernements étrangers ou de parties liées. »

Le communiqué continue en disant qu’il respecte le droit de chaque artiste à se retirer du festival.

« En tant que Bureau nous demandons un dialogue respectueux de la part de tous les individus et de toutes les organisations quand nous discutons avec les artistes, particulièrement pour les décisions personnelles prises par les artistes », conclut le communiqué.

The Guardian Australia a demandé un commentaire au président du Bureau, David Kirk.

Parmi les autres artistes et organisations qui se retirent figurent le comédien Nazeem Hussain, l’artiste visuel Khaled Sabsabi, la performeuse burlesque Betty Grumble, l’artiste de hip-hop Malyangapa et Barkindji Barkaa, ainsi que le slam de poésie de Bankstown et le musicien Marcus Whale.

Pour clarifier, oui, je boycotte le Festival de Sydney 2022. L’ambassade israélienne, un sponsor star de Sydfest 2002, collabore avec des institutions culturelles occidentales pour dépeindre Israël comme une démocratie libérale d’un côté, tout en mettant en œuvre une occupation brutale et un apartheid de l’autre. Cela suffit.
— Undead (@marcuswhale) 2 janvier 2022

Sur Instagram, le groupe de Melbourne Karate Boogaloo – qui s’est aussi retiré – a déclaré que l’acte de boycott et de désinvestissement avait de solides antécédents pour obliger les gouvernements et les entreprises à rendre des comptes sur leurs actions.

Selon une déclaration publiée le 22 décembre par le Mouvement pour la justice en Palestine- Sydney, l’accord de sponsoring a été scellé en mai, le mois même où les forces armées israéliennes ont lancé une série d’attaques aériennes sur Gaza, tuant de nombreux civils palestiniens.

« Les défenseurs de la Palestine appellent tous les opposants à l’apartheid à boycotter le Festival de Sydney 2022 », disait ce communiqué. « Par ce partenariat avec Israël, le festival de Sydney … contribuera à la normalisation d’un Etat d’apartheid. »

Dans une déclaration adressée au Guardian le 23 décembre, et réitérée le 4 janvier, l’ambassade israélienne a dit : « L’Etat d’Israël est fier de soutenir cet important Festival qui met en scène des artistes et des performances de premier plan du monde entier, et d’y participer. Israël a toujours promu et continuera à promouvoir l’échange culturel et à s’impliquer dans le dialogue culturel dans des nombreux pays y compris l’Australie. La culture est un pont pour la coexistence, la coopération et le rapprochement, et doit être laissée en dehors de l’arène politique. »

Source : The Guardian

Traduction CG pour l’Agence Média Palestine

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