Par Nora Barrows-Friedman, le 6 janvier 2022
Au moins 30 artistes, acteurs et organisations se sont retirés du Festival de Sydney parce qu’il est sponsorisé à hauteur de 20 000 dollars (17 600 €) par l’ambassade d’Israël.
Le comédien Tom Ballard a déclaré : « J’aime le Festival et j’adore raconter des blagues, mais il est plus important de défendre les droits humains et de se dresser contre un système d’apartheid. »
« Je demande respectueusement que le Festival de Sydney revienne sur sa décision et restitue le financement en question, et j’en appelle aussi à d’autres artistes pour qu’ils rejoignent ce boycot » a ajouté Ballard.
Fahad Ali, un militant intellectuel a remarqué que le festival a perdu 10% de ses interprètes de façon à conserver 1% de son budget fourni par des fonds du gouvernement israélien.
Certains artistes ayant annulé leur concert au festival ont fait en, sorte de retenir des lieux de spectacle indépendants en dehors du programme du festival.
Les activistes de Do Better on Palestine (Faire mieux sur la Palestine) ont initié un engagement à prendre par des artistes pour abandonner leurs concerts en soutien à l’appel palestinien au boycott et pour encourager d’autres à faire de même.
« Le festival de Sydney ne nous a pas laissé d’autre choix que de nous retirer et d’appeler d’autres artistes à le boycotter », précise l’engagement.
« Nous ne pouvons pas être complices de l’oppression des Palestiniens ni de tout autre peuple sur ce point. Nous ne nous produirons pas ni n’assisterons au Festival alors que le logo aux couleurs d’arc en ciel du régime israélien est utilisé pour blanchir par l’art la violence, le nettoyage ethnique et les crimes infligés au peuple palestiniens » est-il ajouté.
Le mouvement de Sydney pour la Justice en Palestine a organisé une manifestation devant le lieu de l’ouverture du festival.
Le groupe a dit jeudi que le festival « a été chamboulé par le retrait de 30 artistes et d’autres à venir, du fait de la complicité des organisateurs avec Israël qui utilise les arts pour masquer ses pratiques d’apartheid, ses violations des droits et ses crimes de guerre ».
Des militants pour la défense des droits des Palestiniens ont manifesté devant le lieu de l’ouverture du Festival de Sydney. (Palestine Justice Movement Sydney)
Le plan de blanchiment par l’art
Des militants de BDS Australie se sont organisés depuis le début décembre, incitant les dirigeants du Festival à rejeter la sponsorisation de la prestation par le gouvernement israélien.
Le bureau du festival a déclaré être « conscient des appels aux artistes et au public à boycotter le festival en lien avec le soutien financier de l’ambassade d’Israël à un spectacle de danse, Decadanse, de la compagnie de danse de Sydney.
« Nous avons passé du temps avec un certain nombre de groupes préoccupés par ce financement et nous avons apprécié l’occasion d’échanger avec eux » a ajouté le bureau.
Il a cependant souligné que « tous les accords de financement de l’actuel festival – y compris pour Decadanse – seront honorés et les spectacles auront lieu ».
Ce spectacle de danse a été créé en partenariat avec la Compagnie de danse Batsheva qui a été confrontée à des manifestations et appels au boycott depuis des années dans le monde entier.
Le ministère israélien des affaires étrangères a qualifié la compagnie de danse Batsheva « d’ambassadeur de la culture israélienne le plus connu dans le monde ».
La compagnie de danse a fait partie de la campagne “Brand Israel” conçue pour aider à donner une image libérale d’Israël.
Le bureau du festival de Sydney prétend qu’il « reverra ses pratiques concernant le financement par des gouvernements étrangers ou des parties liées.
Un soutien croissant à la Palestine
Parallèlement, KISS’ Gene Simmons, un ardent sioniste et islamophobe notoire s’est joint à d’autres célébrités de l’industrie du divertissement qui ont signé une lettre contre le boycott dans laquelle ils prétendent que « l’art ne devrait jamais se mettre au service de la politique » et où ils dénoncent la campagne de boycott culturel. La lettre émane de la Communauté créative pour la paix, un groupe de tête du lobby d’extrême droite israélien StandWithUs.
Mais le mouvement de boycott culturel se développe en dépit des objections de cet ex-rock star.
Les militants des droits humains disent que le rapide succès du boycott du festival est dû à un soutien croissant pour les droits des Palestiniens en Australie.
« Je suis avec la Palestine, toujours, et je me retire de tous événements associés au Festival de Sydney » a écrit l’artiste Barkaa sur sa page Instagram le 22 décembre.
« Nous, en tant que nation, vivons à une époque où nous devrions avoir plus de connaissances et donc avoir plus d’actions » a-t-elle ajouté.
Nora Barrows-Friedman fait partie de l’équipe des journalistes de l’Electronic Intifada dont elle est rédactrice adjointe et elle est l’auteur de Notre pouvoir : les étudiants étatsuniens s’organisent pour la justice en Palestine (Just World Books, 2014).
Source : The Electronic Intifada
Traduction SF pour l’Agence média Palestine