Le Rapporteur spécial des Nations Unies dit dans un nouveau rapport qu’Israël commet un apartheid « impitoyable »

Par Yumna Patel, le 24 mars 2022

« Sous les yeux grand ouverts de la communauté internationale, Israël a imposé sur la Palestine une réalité d’apartheid dans un monde post-apartheid », écrit dans un nouveau rapport Michael Lynk, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme [dans le Territoire palestinien occupé]. 

Un garçon palestinien monte à cheval près du mur de séparation, pendant un entrainement équestre au Club d’équitation palestinien de Rafat, près de Jérusalem, le 3 février 2019. Photo: Shadi Jarar’ah/APA Images.

Michael Lynk, Rapporteur spécial aux Nations Unis sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, est le dernier expert des droits humains en date à déclarer qu’Israël est un Etat d’apartheid. 

Dans un rapport de 19 pages remis mardi au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH), Lynk a écrit que la situation dans le Territoire palestinien occupé (TPO) avait évolué au-delà d’une occupation et d’une annexion et équivalait maintenant à un crime d’apartheid. 

«  Le système politique du pouvoir bien établi dans le territoire palestinien occupé, qui munit un groupe racial-national-ethnique de droits, d’avantages et de privilèges substantiels tout en contraignant intentionnellement un autre groupe à vivre entre des murs, des checkpoints et sous un régime militaire permanent — satisfait aux normes de preuve en vigueur pour l’existence d’un apartheid », dit le rapport. 

Dans son rapport, Lynk détaille la manière dont la situation dans le TPO équivaut selon le droit international au crime d’apartheid qui, selon la définition, doit remplir trois critères principaux : 

  1. Un régime institutionalisé d’oppression raciale systématique 
  • (i.e. Les juifs israéliens et les Palestiniens vivant dans le TPO vivent sous un seul régime (Israël), mais sont confrontés à une distribution très différente de droits et d’avantages sur la base de leur identité nationale et ethnique « qui garantit la suprématie d’un groupe sur l’autre, au détriment de ce dernier »). 
  1. L’intention de maintenir la domination d’un groupe racial-national-ethnique sur un autre 
  • (i.e. Les libertés et les privilèges des Israéliens juifs sont liés à l’oppression des Palestiniens, par exemple, par l’expansion des colonies juives, expansion qui exige l’expropriation des terres et des ressources palestiniennes.)
  1. La pratique régulière d’actes inhumains 
  • (i.e. «  Assassinats arbitraires et extra-judiciaires. Torture. Morts violentes d’enfants. Déni des droits humains fondamentaux. Système de tribunaux militaires fondamentalement biaisé et manque de procédures pénales régulières. Détention arbitraire. Punition collective », qui, dit Lynk, ne sont pas des actes aléatoires isolés, mais font au contraire partie intégrante du « système de domination d’Israël »). 

Si l’apartheid israélien diffère de l’apartheid sud-africain, Lynk déclare fermement que « c’est un apartheid ». 

« Il y a des traits impitoyables dans le régime ‘de mise à part’ d’Israël dans le territoire palestinien occupé qui n’étaient pas pratiqués en Afrique du Sud, comme des routes ségrégées, de hauts murs et des checkpoints étendus, une population barricadée, des frappes de missile et des pilonnages par des tanks sur une population civile et l’abandon de l’aide sociale des Palestiniens à la communauté internationale », dit le rapport.

« Sous les yeux grand ouverts de la communauté internationale, Israël a imposé sur la Palestine une réalité d’apartheid dans un monde post-apartheid ». 

Le rapport de Lynk est le dernier en date d’une série de rapports rédigés par des groupes internationaux et israéliens de défense des droits humains accusant Israël du crime d’apartheid — quelque chose que les experts et groupes palestiniens de défense des droits humains font depuis des décennies.

Remarquablement, contrairement aux derniers rapports d’ Amnesty International, de Human Rights Watch et de B’Tselem, le rapport de Lynk porte une attention particulière au rôle que la fragmentation a joué pour établir et maintenir le régime d’apartheid d’Israël et reconnaît la nature de colonialisme de peuplement du régime d’Israël. 

Dans son rapport, Lynk a recommandé qu’Israël mette fin « complètement et inconditionnellement » à l’occupation, « à toutes les lois, pratiques et politiques discriminatoires et d’apartheid qui privilégient les Israéliens juifs » et « respecte pleinement les droits nationaux et les droits humains des Palestiniens ».

Israël «  doit leur permettre d’exercer leur liberté de mouvement, d’assemblée, d’expression et d’association, et doit ôter toutes les restrictions arbitraires et injustes sur la vie familiale, sur la propriété, sur l’emploi, sur l’accès aux ressources et sur leur jouissance, sur l’éducation et sur la vie quotidienne », dit Lynk. 

Il a aussi appelé la communauté internationale à mettre en oeuvre des mesures de reddition de comptes pour « mettre complètement fin à l’occupation israélienne et à sa pratique d’apartheid dans le territoire palestinien ». 

Yumna Patel est directrice des actualités sur la Palestine pour Mondoweiss.

Source : Mondoweiss

 Traduction CG pour l’Agence média Palestine.

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