L’Allemagne tient des artistes et des universitaires dans sa ligne de mire anti-palestinienne

Par Hebh Jamal, le 3 juillet 2022

En l’espace de quelques mois seulement, quatre Palestiniens de haut niveau ont été censurés et attaqués en Allemagne pour leurs opinions après avoir été accusés d’antisémitisme par des associations pro-Israël.

Des militants organisent une veillée de protestation tenant des photos de familles tuées à Gaza et des pancartes disant « cessez de blanchir les crimes de guerre ». (Anne Paq/Activestills)

Le 20 mai, l’Institut Goethe, organisme culturel allemand à but non lucratif basé à Hambourg et largement financé par le gouvernement allemand, a annulé l’invitation du poète et militant palestinien Mohammed El-Kurd à participer au sommet « Au-delà du Seul Offenseur ».

Programmé pour avoir lieu du 23 au 26 juin, le sommet était supposé se concentrer sur la façon dont les mouvements de droite agissent à l’international. Cependant, l’institut n’a pas pensé qu’El-Kurd était un « orateur approprié pour ce forum » à cause de messages antérieurs sur son réseau social qui critiquaient Israël et que l’Institut « n’a pas trouvés acceptables ».

Cet incident est le dernier épisode d’une accumulation de normes de censure et de harcèlement de militants palestiniens et de personnages publics en Allemagne, avant tout sur la base d’accusations d’antisémitisme.

En apprenant l’annulation de l’invitation d’El-Kurd, les organisateurs du panel, Sinthujan Varatharajah et Moshtari Hilal, sont allés sur Twitter pour annuler leur contribution de curateurs. « Notre annulation est une réponse aux tentatives de l’Institut Goethe d’intervenir dans nos décisions de conservateurs et, par ce biais, d’imposer un climat de censure anti-palestinienne », dit le communiqué. Varatharajah a dit à +972 que non seulement El-Kurd était sur la liste des orateurs depuis le tout début, mais que les organisateurs du Goethe aidaient à obtenir le visa d’El-Kurd pour l’Allemagne. Le 20 mai cependant, le Goethe a dit à Varatharajah et Hilal que « des discussions internes » avaient lieu « à propos de Mohammed ».

Mohammed El-Kurd et sa sœur Muna à Sheikh Jarrah, le 7 juin 2021. (Oren Ziv)

El-Kurd est originaire de Jérusalem Est et membre d’une des familles du quartier de Sheikh Jarrah dont les maisons sont directement sous la menace de prise de contrôle par les colons. Au cours de l’année écoulée, il s’est imposé comme l’une des figures de la lutte palestinienne, y compris grâce à sa poésie et en tant que reporter pour The Nation. Dans ce processus, il a écopé d’un énorme contrecoup pour, entre autres choses, sa condamnation à la fois de la politique israélienne et du sionisme.

El-Kurd n’a pas répondu à la demande de commentaire de +972.

Le panel d’Hilal et de Varatharajah était destiné à se concentrer sur la façon dont les régimes autoritaires et les groupes de droite utilisent les médias et autres techniques connexes pour opprimer leurs sociétés respectives. Les curateurs ont senti que El-Kurd avait beaucoup à apporter sur ce sujet. « Mohammed était un candidat parfait », a dit Varatharajah. « Il se sert des médias pour subvertir intelligemment le récit habituel, et nous voulions aborder ces analogies dans la table ronde. »

« Ce qui se passe en Allemagne, c’est que certaines personnes ne sont même pas considérées dignes d’une invitation », a dit Hilal à +972. « Nous voulions prétendre que nous vivions dans un monde où il est normal d’inviter quelqu’un comme Mohammed El-Kurd – parce que ce devrait être le cas. Nos décisions de curateurs étaient fondées sur nos propres valeurs et intérêts, non sur la façon dont les institutions veulent que nous jouions notre rôle. »

« Nous vivons dans un climat où les questions qui concernent les Palestiniens représentent un désagrément et une perturbation pour tout le monde, à tel point que personne ne veut les inclure pour éviter les ‘maux de tête’ qu’elles provoquent», a dit Varatharajah. « Nous avons refusé de nous plier à cette dynamique politique ou de céder à la pression politique, et c’est pourquoi nous avons annulé nos contributions. »

Depuis l’annulation de l’invitation, cependant, de nombreux orateurs, dont l’éminent journaliste britannico-pakistanais Mohammed Hanif et le rédacteur du Berliner Zeitung Hanno Hauenstein ont annulé leur participation à la conférence en solidarité avec El-Kurd. « L’Allemagne est probablement le seul contexte auquel je peux penser où, dans des cercles (supposés) progressifs, vous devez continuer à expliquer que l’anti-racisme qui ne s’inquiète pas des Palestiniens est une mauvaise blague », a écrit Hauenstein sur Twitter. Hanif a même été plus direct : « Apparemment [El-]Kurd n’est pas assez respectueux envers Israël. Comment dit-on casse toi en Allemand ? »

La police de Berlin arrête une manifestante palestinienne pendant une flashmob pour la Journée de la Nakba, après l’interdiction de toute commémoration de cette journée dans la ville, le 15 mai 2022. (@thequestionislysh)

Parmi les autres participants qui ont annulé pour témoigner de leur soutien à El-Kurd, on trouve l’artiste freelance Sarah Fartuun Heinze et le chercheur Thomas Spies, ainsi que l’écrivaine américaine Ijeoma Oluo. Le rapper turco-allemand Apsilon, qui était supposé se produire à la conférence, a lui aussi annulé sa participation. « [L’annulation de l’invitation d’El-Kurd] est un symptôme du discours raciste dans lequel toute forme de critique de la politique impérialiste anti-internationale de l’État d’Israël est délégitimée et qualifiée d’antisémite », a écrit Apsilon sur les réseaux sociaux.

« Il s’agit décidément d’une décision au cas par cas dans le contexte de cet événement spécifique », a dit Magri à +972. « L’Institut Goethe de Ramallah, par exemple, a été pendant des années un partenaire fiable de ses partenaires palestiniens et un endroit accueillant au débat ouvert et sans préjugés sur les questions sociales dans la région. Nous conservons une relation de travail très coopérative avec nos partenaires locaux. Nombreux parmi nos projets visent à contrecarrer la division de la société palestinienne. »

Il y a plus de 150 instituts Goethe à travers le monde, qui sont financés par le ministère allemand des Affaires étrangères et promeuvent la culture et la société germaniques dans le monde. Bien que l’organisation ne soit associée à aucun parti politique, soit juridiquement indépendante et ait même signé une initiative critiquant la résolution anti-BDS de l’Allemagne en 2019, les militants sont sceptiques quant à son engagement envers l’inclusion, particulièrement quand il s’agit des Palestiniens.

C’est quelque peu ironique que le Goethe ait signé un document qui critiquait le mouvement BDS – prouvant qu’il est conscient de cette dynamique – et qu’il se comporte cependant ainsi envers l’un des Palestiniens les plus célèbres. C’est l’état des lieux en Allemagne à l’heure actuelle, ce n’est pas que le Goethe, tout le monde se comporte de cette façon raciste, anti-palestinienne », a dit Moshtari Hilal.

Traiter les Palestiniens comme un dommage collatéral

L’annulation de l’invitation d’El-Kurd n’a par conséquent pas été une surprise pour ceux qui sont familiers de l’histoire de l’exclusion par l’Allemagne des artistes, universitaires et militants palestiniens. Ces dernières années ont vu l’espace se restreindre pour la défense de la Palestine en Allemagne, où le discours pro-palestinien est presque immédiatement qualifié d’antisémite. Après l’adoption de la résolution anti-BDS par le parlement germanique en 2019, les institutions fédérales ont commencé à juger toutes les actions en soutien du mouvement de boycott comme antisémite. Ceci a permis aux universités, aux gouvernements fédéraux et aux institutions publiques de dénier aux Palestiniens le droit à la liberté d’expression et de réunion.

L’une de ces universitaires, Dr. Anna-Esther Younes, est une Allemande Palestinienne qui a fait l’objet de nombreuses campagnes de désinformation. En novembre 2019, spécialiste de la critical race theory [théorie critique des races], a été invitée par Die Linke, parti politique allemand de gauche, à Berlin dans un panel pour discuter des stratégies contre l’extrême droite en Allemagne, pour voir finalement son invitation annulée avant l’événement. Quelques semaines plus tard, il est apparu que RIAS Berlin, centre de recherche sur l’antisémitisme, et MBR, qui contrôle l’antisémitisme et l’extrême droite en Allemagne, l’avaient surveillée et avaient rassemblé des informations sur elle afin de la présenter comme une raciste anti-juive, sexiste, sympathisante du terrorisme.

Anna-Esther Younes est assise sous ‘Borders’ [frontières, contours] de Nuray Koschowsky, le 1er juin 2022 à Berlin. (Nuray Koschowsky)

RIAS a rassemblé des informations personnelles sur Younes, ses publications universitaires sur Israël-Palestine et des informations relatives à son soutien supposé au mouvement BDS, et a créé un dossier secret qu’il a envoyé à Katina Schubert, directrice de Die Linke à Berlin. C’était peu de temps avant que le parti annule l’invitation de Younes.

« Je ne pouvais croire que nous avions à nouveau des dossiers secrets dans ce pays », a dit Younes à +972. « Après deux régimes autoritaires en un siècle, qui ont tous deux déployé des moyens et des techniques de surveillance de leurs propres citoyens et de contrôle des limites de la parole autorisée – c’est effrayant.

Le Centre Européen de Soutien Juridique (CESJ), qui aide les ONG de défense des droits de l’homme et autres associations et individus qui défendent les droits des Palestiniens en Europe, et qui représente Younes, a dit qu’il avait l’intention de tenir RIAS et MBR  pour responsables.

« Notre objectif est de rendre justice à Anna Younes et à tou-te-s les autres Paletinien-ne-s et voix qui défendent les droits des Palestiniens et qui subissent la surveillance d’acteurs non démocratiques tels que RIAS Berlin et MBR », a dit Alice Garcia, chargée de plaidoyer et de communication au CESJ. « Plus précisément, notre but était d’accéder à toutes les données rassemblées sur Anna par RIAS et MBR afin d’avoir une meilleure idée de l’étendue de la surveillance des défenseurs des droits des Palestiniens par ces acteurs.

« Le racisme anti-palestinien semble malheureusement être très répandu e n Allemagne », a poursuivi Garcia. « Nous avons été témoins de manifestations évidentes de ce type de racisme dans de nombreux incidents de répression que nous avons surveillés, et il est très préoccupant que, dans la plupart des cas, les institutions publiques soient effectivement impliquées. »

Un manifestant tient une banderole au cours d’une manifestation, le 8 décembre 2017 à Berlin, Allemagne, devant l’ambassade américaine, contre la décision du président américain Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. (Anne Paq/Activestills)

Le cas de Younes n’est pas un cas isolé. En 2021, le chercheur Kerem Schamberger a été approché pour contribuer à l’édition d’un volume sur la question du BDS et de l’antisémitisme intitulé « Frenemies – Antisémitisme, Racisme et leur Critiques » qui devait être publié par Verrichter Verlag en août 2022. Schamberger a accepté d’écrire à condition d’être autorisé à co-écrire sa contribution avec le militant germano-palestinien Ramsy Kilani. Sa demande a été approuvée en mai l’année dernière, mais, d’après une mise à jour faite par Schamberger sur son site web la semaine dernière, leur article n’apparaîtra finalement plus dans l’anthologie.

D’après Schamberger, d’autres auteurs qui avaient été sollicités pour publier leurs articles dans le livre ont menacé de retirer leurs textes s’ils paraissaient aux côtés de celui de Kilani et Schamberger. La suggestion du duo d’envoyer leur texte à l’avance à tous les auteurs n’a pas été retenue. Cédant à la pression de rédacteurs anti-palestiniens, la contribution de Schamberger et Kilani a donc été retirée.

« Il ne s’agit pas du contenu spécifique de la contribution, aui était connu de certains », a écrit Schamberger. « Il s’agit des noms Ramsy Kilani et Kerem Schamberger. Le processus confirme la thèse centrale de notre contribution : les perspectives palestiniennes sont structurellement exclues du débat public en Allemagne, ou n’y ont pas même accès. »

« Il n’y a pas une seule personne d’origine palestinienne parmi les plus de 65 autres auteurs d’une anthologie qui traite aussi de la question d’Israël-Palestine », poursuivit-il, ajoutant que tous deux allaient essayer de publier leur texte ailleurs.

Cependant, même quand les Palestiniens sont effectivement invités et autorisés à participer à ces événements, ils font souvent face à la critique et au tollé public.

Début juin, l’analyste et chercheur palestinien Tareq Baconi a présenté un exposé à Berlin sur la connexion entre la militarisation de l’antisémitisme et le colonialisme israélien, dans le cadre d’une conférence intitulée « Détournement de la Mémoire : L’Holocauste et la Nouvelle Droite », qui a été accueillie dans la Haus der Kulturen der Welt (HKW) [Maison des Cultures du Monde], le Forum Einstein et le Centre ZfA pour la Recherche sur l’Antisémitisme. Le lendemain de l’exposé de Baconi, deux de ses collègues qui participaient à la conférence – Jan Grabowski, historien polonais-canadien, et Konstanty Gebrt, journaliste polonais – ont lu au public une déclaration commune qui déformait les propos de Baconi et condamnait sa présence même à l’événement.

Tareq Baconi, analyste et écrivain palestinien, donnant son exposé à la Conférence sur le Détournement de la Mémoire en juin 2022 à Berlin. (Emily Hilton)

Grabowski a donné plus tard une interview au journal allemand Die Welt dans laquelle il décrivait l’exposé de Baconi comme « non pas une conférence », mais « de la propagande, militante, violente. Il a évoqué le motif d’Israël meurtrier d’enfants ». Alors que Baconi a en effet mentionné le nombre de Palestiniens tués par Israël en 2021, dont des enfants, il n’a pas utilisé l’expression « Israël meurtrier d’enfants ».

« La raison pour laquelle je suis venu à cette conférence, c’est spécifiquement parce que la question de l’antisémitisme et l’armement des accusations d’antisémitisme ont été utilisés en tant qu’outils pour réduire l’espace pour le militantisme sur les droits des Palestiniens », a dit Baconi à +972. « Pendant longtemps, je ne me suis impliqué dans aucun des débats sur l’antisémitisme, parce que je ne pense pas qu’il s’agisse d’un débat qui implique nécessairement les Palestiniens, sauf [que] la façon dont il a été instrumentalisé a directement limité le militantisme autour de la Palestine. Dans ce discours, je parlais spécifiquement de la convergence entre la défense d’Israël et les mouvements d’extrême droite qui empêchent la liberté d’expression. »

La prévisibilité de l’hostilité envers les voix des Palestiniens était précisément la dynamique que Baconi voulait aborder en premier lieu. « Les Palestiniens sont traités comme un dommage collatéral dans ce débat et ils n’y ont pas droit à la parole », a dit Baconi.

Petites victoires

Et pourtant, malgré les forces écrasantes en œuvre pour faire taire la voix des Palestiniens en Allemagne, il y a eu récemment un certain nombre de petites victoires.

En conséquence des nombreuses annulations, la conférence de l’Institut Goethe a à la fois drastiquement réduit l’événement et reconnu sa faute. « Nous avons fait des erreurs d’organisation à l’approche de l’événement et nous regrettons vraiment que ces annulations aient eu lieu. Daniel Stoevestandt, directeur de l’Institut Goethe de Hambourg, a dit dans un communiqué :

« La réduction de l’échelle de [la] conférence de l’Institut Goethe a montré que notre force réside en réalité dans le fait que le collectif n’accepte pas verbalement ce dangereux amalgame entre la lutte anti-coloniale et l’antisémitisme, et que les boycotts sont un moyen efficace pour prendre position », a dit la militante et écrivaine basée à Vienne Nicole Schöndorfer, qui était également invitée dans le panel à la conférence du Goethe.

« Nous n’avons pas pu faire notre table ronde comme prévu », a dit l’organisateur du panel du Goethe, Varatharajah, « mais nous avons pu faire quelque chose de beaucoup plus important : montrer aux institutions allemandes que le racisme anti-palestinien peut avoir des répercussions qui dépassent de loin les frontières de notre État. La solidarité l’emportera toujours sur le fascisme. »

Et à la mi-mai, Younes a remporté une victoire juridique quand le Tribunal de District de Berlin a ordonné à la Société, financée par l’État, pour une Culture Démocratique à Berlin (VDK) – qui supervise RIAS et MBR – de divulguer toutes les données qu’elle avait réunies sur Younes. A la mi-mai, l’Autorité de Protection des Données (DPA) de Berlin a statué que RIAS Berlin et MBR avaient agi dans le respect de la loi quand elles avaient compilé et partagé le dossier sur Younes, tout en respectant en même temps le droit pour Younes d’accéder au dossier.

Un militant tient une pancarte qui dit : « Juifs contre le sionisme, Palestine libre » pendant une manifestation commémorant la Journée de la Nakba, le 15 mai 2016 à Berlin, Allemagne. (Anne Paq/Activestills)

« Nous devons réaliser à quel point Anna a été courageuse de décider de contester sa censure et de poursuivre RIAS et MBR devant les tribunaux, étant donné le haut degré d’autocensure en Allemagne », a dit Garcia du CESJ. « Elle réclame son espace et conteste leur discours, ce qui est remarquable dans un pays où la peur de s’exprimer est si importante. Nous espérons que cela enverra un message positif. »

« Notre but est d’établir cette affaire comme un précédent pour d’autres penseurs et militants palestiniens et pro-palestiniens en Allemagne », a dit Younes. « Elle doit bénéficier à ceux qui ont atterri sur la liste noire de ceux qui, dans ce pays, considèrent clairement les Palestiniens comme des citoyens de seconde zone. »

Baconi, cependant, a réfléchi au courage des organisateurs de la conférence sur le « Détournement de Mémoire », qui ont unanimement offert leur soutien à la suite des attaques de Grabowski. « Le fait que les organisateurs de la conférence aient pu me faire venir, m’aient offert cette plate-forme et m’aient défendu après que ces accusations soient apparues par la suite, témoigne de l’engagement des organisateurs envers la liberté d’expression », a-t-il dit.

« Certains des outils que détiennent les supporters d’Israël et les acteurs d’extrême droite, c’est d’impressionner et de diaboliser et de procéder à des assassinats par diffamation, et la plupart des institutions cèdent à cette intimidation, aussi je remercie les organisateurs de la conférence pour leur engagement à avoir ces honnêtes conversations sur ce qui se passe sur le terrain plutôt que de s’adonner à des tactiques d’intimidation. »

Hebh Jamal est un journaliste et défenseur des droits actuellement basé en Allemagne.

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

Source : +972 Magazine

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