L’Eglise presbytérienne des Etats-Unis ajoute sa voix à un choeur grandissant qui nomme l’apartheid israélien

Réunie en Assemblée générale, l’Eglise a déclaré que « les lois, les politiques et les pratiques d’Israël constituent un apartheid contre le peuple palestinien ». 

Par Jeff Wright 11 juillet 2022

UNE PHOTO PARTAGÉE SUR LES MÉDIAS SOCIAUX DU RÉV. SHAVON STARLING-LOUIS QUI A ÉTÉ CO-MODÉRATEUR DE LA 225E ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ÉGLISE PRESBYTÉRIENNE (USA) (PHOTO : TWITTER/@PRESBYGA)

Dans un vote décisif de 266 voix contre 116, les délégués participant la semaine dernière à l’Assemblée générale de l’Eglise presbytérienne (USA) ont approuvé une résolution intitulée: « Reconnaître que les lois, les politiques et les pratiques d’Israël constituent un apartheid contre le peuple palestinien ». 

La résolution décrit les différentes manières par lesquelles le gouvernement d’Israël satisfait à la définition internationale de l’apartheid : l’établissement de deux ensembles de lois, l’une bénéficiant aux juifs israéliens et une autre opprimant le peuple palestinien ; la saisie de la terre et des ressources en eau palestiniennes en faveur des colonies réservées aux juifs ; le déni du droit à la liberté de résidence et du droit à une nationalité pour les Palestiniens ; et la division par Israël de la population selon des lignes raciales par la création de réserves séparées pour les Palestiniens.

La résolution presse « les membres, les congrégations, les presbytères et les unités de personnel national, y compris le Bureau des relations interconfessionnelles, de chercher des façons appropriées de mettre fin à l’apartheid israélien ».

 L’Eglise presbytérienne (USA) est la plus grande obédience presbytérienne aux Etats-Unis avec plus de 1 190 000 membres actifs fin 2021.

David Jones, un des auteurs de la résolution, a fait remarquer le vote par 28 voix contre 3 du Comité d’engagement international de l’Eglise en faveur de la transmission de la résolution à l’Assemblée générale. Il a dit : « Les membres du Comité ont lu la [résolution], ont regardé la justification, les faits, les chiffres et les cartes décrivant l’apartheid et ils ont appris que la critique des politiques du gouvernement d’Israël n’est pas antisémite. Ils sont probablement plus informés que 98% des Américains à propos des faits sur le terrain. » 

La longue justification accompagnant la résolution commence par exprimer « l’espoir [qu’elle] conduira à une réconciliation pacifique entre les peuples d’Israël et de Palestine similaire à celle qui a eu lieu en Afrique du Sud quand l’apartheid a été internationalement reconnu ».

Avant l’Assemblée générale, dix anciens modérateurs de l’Eglise —remontant jusqu’en 2004— ont fait une déclaration incitant à soutenir la résolution, « Au nom de l’Evangile et des soeurs et des frères en Israël et en Palestine ». Ils ont cité l’histoire de l’Eglise dans la région, remontant à 1823, et ont rappelé aux délégués que l’Eglise presbytérienne est la plus grande obédience protestante au Moyen-Orient, avec un million de presbytériens en Egypte. « Votre vote en faveur [de la résolution] », ont-ils écrit, « donnera de l’espoir à nos frères et soeurs en Christ dans la région ». 

« Cette [résolution] », ont écrit les anciens modérateurs, « concerne les lois, les politiques et les actions du gouvernement israélien et pas la foi juive ou le peuple juif … Etiqueter une légitime critique des politiques du gouvernement israélien qui oppriment les Palestiniens comme anti-Israël ou anti-sémite est une tentative à peine voilée pour réduire au silence toute critique des actions du gouvernement israélien. »

L’action presbytérienne s’ajoute à une liste croissante d’églises ou d’organisations liées à une église qui ont décrit la pratique d’apartheid du gouvernement israélien. 

Interrogé sur ceux qui ont voté « non » à la résolution — ceux qui hésitent à utiliser le mot apartheid par inquiétude pour les échanges interconfessionnels de l’Eglise et les relations de ses membres avec des collègues et amis juifs —, Jones a dit : « La peur d’être étiqueté comme antisémite est réelle pour la plupart des chrétiens, et il y a eu un effort constant de la part des groupes sionistes pour assimiler la critique des politiques de l’Etat d’Israël avec le fait d’être antisémite ou anti-Israël ». 

« Cependant », a-t-il dit, « des relations interconfessionnelles saines sont construites sur une parole vraie à propos de toutes les questions de justice sociale ».

Dans un post de blog sur le site web de Times of Israel, le rabbin Eugene Korn, ancien Directeur académique pour le Centre de l’Entente judéo-chrétienne en Israël, a écrit que la résolution presbytérienne « est un document déplorable, criblé de contre-vérités, de demi-vérités, de distortions juridiques et de biais profonds … portant un faux témoignage et [ne montrant] aucune des vertus chrétiennes d’amour, de charité ou d’équité ». 

Mais, comme l’observent les avocats d’une paix juste et durable en Palestine et Israël, pas une seule réponse à l’accumulation de rapports documentant les lois, les politiques et les pratiques d’apartheid d’Israël n’a offert une réfutation point par point des accusations.

John Anderson, co-modérateur du Réseau de mission presbytérien Israël/Palestine a dit : « Une fois encore, les faux arguments d’antisémitisme et de délégitimation de l’Etat d’Israël détournent l’attention de la question de l’apartheid. Le gouvernement d’Israël et les soutiens de ses pratiques d’apartheid ne peuvent nier ce qu’il fait, donc ils doivent blamer le messager pour le message. » 

Jones a ajouté: « L’Eglise presbytérienne (USA) affirme régulièrement qu’elle soutient pleinement le droit d’Israël à exister comme Etat légitime. » 

Interrogé à propos des prochaines étapes, Anderson a dit : « Nous devons continuer à éduquer notre congrégation sur ce à quoi ressemble l’apartheid en Israël/Palestine. Maintenant qu’ils ont entendu le mot et sont conscients de cette déclaration, ils deviendront plus attentifs à sa réalité. »

Anderson a ajouté : « Notre espoir est que d’autres confessions nous rejoindront ». 

Jeff Wright est un pasteur à la retraite de l’Eglise chrétienne (Disciples du Christ) et sert actuellement comme collaborateur de mission assigné à Kairos Palestine.

Trad. CG pour l’Agence Media Palestine

Source : Mondoweiss

Retour haut de page