Les enfants font les frais de la sauvagerie d’Israël à Gaza

Par Tamara Nassar, le 7 août 2022

Des proches endeuillés assistent aux obsèques de sept Palestiniens, dont le commandant en chef du Jihad Islamique, Khaled Mansour, qui a été tué dans des frappes aériennes israéliennes sur Rafah, au sud de Gaza, le 7 août 2022. (Ashraf Amra / APA images)

Un cessez-le-feu entre Israël et le mouvement de résistance le Jihad Islamique est entré en vigueur dimanche avant minuit, mettant fin à une attaque meurtrière d’Israël sur Gaza.

Dans les heures qui ont précédé l’entrée en vigueur de la trêve sous médiation égyptienne, Israël a intensifié sa frénésie de meurtres et d’assassinats pour la troisième journée consécutive.

Dimanche en fin de soirée, le ministère de la Santé de Gaza a dit que 44 Palestiniens, dont 15 enfants, avaient été tués dans le territoire, depuis qu’Israël avait enclenché l’effusion de sang en assassinant vendredi après-midi un haut dirigeant du Jihad Islamique.

Plus de 300 Palestiniens ont été blessés, dont presque un tiers sont des enfants.

Personne n’a été tué en Israël où on n’a fait état d’aucune grave blessure.

Al-Haq, organisation palestinienne de défense des droits de l’homme, a dit dimanche qu’Israël avait « ciblé aveuglément des civils et des structures non-militaires » et que cette attaque constituait « une grave violation du droit humanitaire international et pouvait s’apparenter à des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. »

Pendant six journées consécutives, Israël a fermé le seul passage commercial de Gaza ainsi que le seul passage pour les personnes entre Gaza et Israël.

Difficiles négociations

Le cessez-le-feu de dimanche soir a fait suite à d’intenses négociations, sous la médiation du Caire, qui ont paru stagner à plusieurs occasions, alimentant la peur d’une escalade encore plus violente.

Selon le réseau d’Al Jazeera, la pierre d’achoppement était l’exigence du Jihad Islamique pour qu’Israël libère Bassam al-Saadi, l’un de ses dirigeants en Cisjordanie occupée, et un autre membre du groupe, Khalil Awawdeh.

Awawdeh est gravement malade, à la suite d’une grève de la faim entamée au mois de mars pour protester contre sa détention par Israël sans charge ni procès.

La violente arrestation par Israël d’al-Saadi lundi dernier chez lui dans la ville de Jénine en Cisjordanie a signé le début de l’escalade actuelle.

Bien qu’Israël ait d’abord rejeté les exigences du Jihad Islamique, un accord a été finalement atteint après que Tel Aviv ait admis que la question de la libération des deux hommes serait « débattue » après le cessez-le-feu.

L’Égypte s’est engagée à garantir la libération de ces hommes dès que possible. Ziyad al-Nakhala, secrétaire général du Jihad Islamique, a annoncé dimanche soir qu’Awawdeh serait transporté lundi à l’hôpital, puis autorisé à rentrer chez lui.

Israël ne l’a pas immédiatement confirmé.

Avion de guerre d’origine américaine

Alors que le cessez-le-feu sera un soulagement pour les Palestiniens de Gaza qui ont été terrorisés par les agressions israéliennes répétées, la dernière attaque par Tel Aviv a laissé un bilan cruel, spécialement pour les enfants qui représentent la moitié des 2.1 millions d’habitants de Gaza.

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Samedi soir, sans avertissement, un avion de guerre israélien fourni par les États-Unis a ciblé une maison de trois étages dans un quartier densément peuplé de Rafah, au sud de Gaza.

Au moins six missiles ont été tirés par les avions de guerre israéliens pendant l’attaque, tuant sept personnes et détruisant huit logements, d’après Défense des Enfants International-Palestine, qui mène des enquêtes de terrain.

Environ 35 personnes ont été blessées, dont 18 enfants.

L’attaque visait apparemment le haut dirigeant du Jihad Islamique Khalid Said Shehadeh Mansour, 46 ans. Six autres personnes ont été tuées dans cet assassinat, dont un enfant.

Ils ont été identifiés comme Raafat Saleh Ibrahim Sheikh al-Eid, 41 ans, Ziad Ahmad Khalil al-Mudallal, 35 ans, Alaa Saleh Abdulhamid al-Malahi, 30 ans, et sa mère Hana Ismail Ali Dweik, 50 ans.

L’attaque a également ôté la vie à Muhammad Iyad Muhammad Hassoun, un garçon de 13 ans. Muhammad « a subi de graves lacérations sur tout le corps, spécialement sur le côté droit de la poitrine », a dit DCIP.

Les États-Unis, qui ont sans cesse soutenu la campagne meurtrière d’Israël sur Gaza pendant les trois derniers jours, fournit annuellement à Tel Aviv des milliards de dollars d’armes qui sont fréquemment utilisées pour attaquer les civils palestiniens.

« Les États-Unis fournissent tous les avions de guerre, les bombes et les armes nécessaires aux forces israéliennes pour continuer à tuer systématiquement les Palestiniens », a dit Ayed Abu Eqtaish, directeur du  programme de responsabilité à DCIP.

Explosion à Jabaliya

Samedi soir, une explosion près d’un commerce de quartier du camp de réfugiés de Jabaliya a tué sept Palestiniens, dont quatre enfants.

L’attaque a par ailleurs blessé plus de 40 autres personnes, dont 26 enfants.

Al-Mezan, association de défense des droits de l’homme basée à Gaza, a dit que l’explosion avait été causée par une grenade propulsée par une fusée, mais n’a pas spécifié sa source.

« Au moment de l’explosion, des avions israéliens étaient visibles dans le ciel et les groupes armés palestiniens tiraient des roquettes », a dit DCIP.

L’association a ajouté qu’elle continuait d’enquêter sur la source de l’explosion, qui a eu lieu dans une zone où les gens étaient assis à l’extérieur à cause des coupures de courant à Gaza.

L’armée israélienne a dit que l’explosion était due à une roquette du Jihad Islamique trop courte. Mais étant donné ce que l’on sait des mensonges et des ciblages de civils de l’armée israélienne, on ne peut prendre ses déclarations au pied de la lettre.

Des personnes endeuillées assistent, le 7 aout 2022, aux funérailles des Palestiniens tués dans le nord de la région de Jabaliya. (Atia Darwish / APA images)

Parmi ces morts, il y a Hazim Muhammad Ali Salem, 9 ans, Ahmad Walid Ahmad al-Farram, 16 ans, et Ahmad Muhammad Ahmad al-Nairab, 11 ans, et son frère de 5 ans Mumin Muhammad Ahmad al-Nairab, comme l’ont confirmé les deux associations de défense des droits de l’homme.

L’explosion a également tué Khalil Iyad Mustafa Abu Hamada, 18 ans, Muhammad Muhammad Ibrahim Zaqout, 19 ans, et Nafid Muhammad Misbah Juma al-Khatib, 50 ans.

Samedi au nord de Gaza, Des avions de guerre israéliens ont frappé un groupe de Palestiniens, blessant mortellement Nour al-Din Hussein Ali al-Zuwaidi, 18 ans.

Un missile israélien a frappé un groupe de Palestiniens samedi à Jabaliya, blessant Abdulrahman Ali Hussein Ibrahim, 22 ans, qui est mort de ses blessures quelques heures plus tard.

Une grenade projetée par une roquette a frappé samedi matin une maison dans le camp de réfugiés de Jabaliya, tuant Dia Zuheir Ahmad al-Buri, 32 ans, et en blessant d’autres. Israël a nié être responsable de cette attaque.

Dans l’attaque de dimanche sur le camp de réfugiés d’al-Burej au centre de Gaza, Yaser Nimr Mahmoud al-Nabahin, 49 ans, membre des brigades Qassam, branche armée du Hamas, a été tué avec trois de ses enfants.

La fin – pour l’instant – du bombardement de Gaza par Israël signifie que le calvaire des Palestiniens va rapidement disparaître des gros titres. Mais ils ne vont pas pour autant retrouver quoi que ce soit qui ressemble à une vie normale.

Leur situation demeure dramatique et intolérable à cause du siège israélien incessant, sorte de violence silencieuse qui cible dans ce territoire chaque homme, chaque femme et chaque enfant, 24 heures sur 24.

Israël peut perpétrer cette violence contre eux grâce à l’impunité et au soutien international dont il continue de jouir, spécialement de la part des États-Unis, du Canada et de l’Union Européenne – ces mêmes pays qui n’ont de cesse de donner des leçons sur les « droits de l’homme » et le « droit international ».

Ali Abunimah a contribué à ce reportage et cette analyse.

Source : The Electronic Intifada

Traduction J. Ch. pour l’Agence média Palestine

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