La tournée inspirée de Roger Waters est un point culminant culturel pour la Palestine

Par Philip Weiss, le 5 septembre 2022

LA TOURNÉE ACTUELLE DE ROGER WATERS PORTE LE NOM DE LA JOURNALISTE ASSASSINÉE SHIREEN ABU AKLEH. (PHOTO : MÉDIAS SOCIAUX)

Il y a quelques années, on pensait que Roger Waters pourrait être mis sur la liste noire en vue de son soutien à la Palestine. Mais cet été, il remplit les stades du pays pour parler de la libération de la Palestine.

Lorsque Roger Waters a joué sa chanson « The Powers That Be » au Madison Square Garden, mes amis et moi avons sorti nos téléphones portables car nous savions que le nom de Shireen Abu Akleh était sur le point d’être diffusé sur les écrans les plus géants qui aient jamais été aperçus dans une salle de concert, et nous avons rapidement pris des photos. Shireen Abu Akleh, aux côtés de Breonna Taylor et George Floyd.

Ce n’était pas la seule référence à la Palestine. Nous avons vu le mur de l’apartheid serpentant à travers les territoires occupés. Nous avons vu les mots « droits des Palestiniens ». Et les droits des Yéménites et des indigènes aussi.

Il faut savoir qu’à l’été 2022, un talent de premier plan remplit les stades du pays et parle de la Palestine. Roger Waters est apparu à certains concerts avec un drapeau palestinien. Et il ne s’est pas gêné pour parler de la libération de la Palestine.

Il y a quelques années, tout cela était remis en question. L’opposition au plaidoyer de Waters était féroce et rappelait la fureur qui a ébranlé la carrière de Vanessa Redgrave pendant des années. On l’accusait d’être antisémite parce qu’elle défendait les droits des Palestiniens. Je me suis demandé s’il allait être mis sur une liste noire par les promoteurs et les salles de spectacle. Des manifestations ont eu lieu devant les événements de sa tournée 2018. Il est clair que le traitement réservé à Waters a refroidi les autres artistes, qui ont vu une légende lutter pour s’opposer aux voyous sionistes.

On m’a dit qu’il y avait des manifestants devant le Madison Square Garden mercredi dernier, mais le sentiment est complètement différent cette fois-ci. Le spectacle est plus politique que la dernière tournée de Waters. Il commence par cette brillante boutade de Waters : « Si vous faites partie de ces gens qui aiment Pink Floyd, mais qui ne supportent pas la politique de Roger, vous feriez bien d’aller vous faire voir au bar. Merci. »

Waters défend Julian Assange en tant que journaliste, diffuse les images des civils tués par un hélicoptère de combat à Bagdad, dont nous ne connaissons l’existence que grâce à Assange, et accuse Barack Obama, Donald Trump et George W.Bush d’être des criminels de guerre.

(PHOTO: PHILIP WEISS)

C’est du grand théâtre politique, joué devant des foules énormes dans nos plus grandes salles, et malgré ceux qui sont fatigués de la politique de Waters, il y a eu beaucoup d’applaudissements pour son commentaire mercredi soir dernier. Et lorsque j’ai vu Waters s’exprimer en mars à Washington, il s’est moqué avec jubilation des autres musiciens qui ont ignoré ses appels répétés à ne pas se produire en Israël et à normaliser l’apartheid.

J’aime à croire que le succès de la tournée de M. Waters fait partie du changement radical que connaît la cause palestinienne aux États-Unis. Il suffit de consulter la critique dans le « Times of Israel ».

Il était très important pour le journal d’avoir le mot « Jew Hater » dans le titre. Le correspondant a manifestement été envoyé au Madison Square Garden dans le but de décrire Roger Waters comme un antisémite. Mais Jordan Hoffman n’a trouvé aucune preuve d’antisémitisme et a été enthousiasmé par le spectacle (« en tant que divertissement, c’était incroyable. Je ne pense pas avoir vu quelque chose d’aussi flashy dans ma vie. Le son était impeccable, lui aussi »).

En mettant mon autre chapeau, celui de mélomane, je partage ce point de vue. C’est une grande tournée. Waters a interprété à parts égales des succès de Pink Floyd et des succès plus récents, comme « Déjà Vu » et « Is This the Life We Really Want ? ». Waters soutient ce site (Mondoweiss) donc mon point de vue est loin d’être impartial, mais il est remarquable de voir un homme de plus de 70 ans, qui a été si créatif et expérimental pendant 60 ans, continuer à un niveau aussi élevé.

En cherchant à comprendre, je dirais que le secret est que Waters aime se produire sur scène et aime son public. Ce sentiment transparaît dans chacun de ses mouvements, et les fans adorent. Il ne cherche pas à plaire à la foule, et il ne se tait pas quand il a quelque chose à dire. Il expose les profondeurs de son esprit et fait confiance à son public pour l’entendre, et lorsqu’il répond, il s’épanche davantage. Cette générosité d’esprit s’étend à un certain nombre d’artistes que Waters mentionne dans son spectacle. De Syd Barrett, son compagnon de route lors de la création de Pink Floyd, à Bob Dylan, en passant par le grand rockeur Gene Vincent et les Rolling Stones, Waters ne cache pas sa dette envers les autres musiciens et sa gratitude à leur égard. Ce n’est pas quelque chose que l’on voit dans la plupart des spectacles.

La Palestine non plus, bien sûr. Quel réconfort d’entendre ce mot si souvent dans un grand concert américain. Espérons que c’est une tendance.

Trad. V.D pour l’Agence Média Palestine.

Source : Mondoweiss

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