Fiche d’information : la cyber-industrie israélienne

Par Visualizing Palestine, le 30 août 2022

« La Palestine Occupée fonctionne pour ainsi dire comme un laboratoire à ciel ouvert afin qu’Israël teste des techniques d’espionnage et de surveillance avant de les vendre aux régimes répressifs à travers le monde. » –Midde East Institute


« L’utilisation par Israël de la surveillance et de la reconnaissance faciale est sans doute parmi les déploiements les plus élaborés d’une telle technologie par un pays cherchant à contrôler une population assujettie. » –AccessNow

Les structures du colonialisme israélien de peuplement, de l’occupation militaire et de l’apartheid ont permis à Israël de construire l’une des plus grandes cyber-industries au monde. En exportant des technologies telles que le logiciel espion Pegasus, le gouvernement israélien et les entreprises privées israéliennes exportent leur expérience en Palestine de la surveillance de masse et de la violence d’État sous l’apartheid, profitant ainsi des besoins croissants de ceux qui menacent les défenseurs des droits humains, les journalistes et les opposants politiques partout dans le monde.

La société civile palestinienne appelle à l’interdiction de tout commerce en technologies de cyber-surveillance, comprenant non seulement les logiciels espions Pegasus, mais également les technologies biométriques à distance qui permettent une surveillance de masse.

Visualizing Palestine a produit cette fiche d’information pour accompagner le visuel « L’effet Pegasus : l’impact mondial de la technologie de surveillance israélienne », créé en partenariat avec Al Haq, Bisan Center et Mind the Gap Consortium.

Voir et télécharger ce visuel https://visualizingpalestine.org/visuals/the-pegasus-effect 

LA CYBER-INDUSTRIE D’ISRAËL
    • Israël héberge plus de sociétés de surveillance par habitant que tout autre pays dans le monde.
    • Les cyber-entreprises israéliennes revendiquait  31 % des investissements mondiaux dans le cyber-secteur en 2020.
    • Les cyber-entreprises israéliennes exportent à la fois des cyber-technologies offensives et défensives, tirant profit des besoins inhérents aux menaces de plus en plus sophistiquées ainsi que des besoins advenus en réaction à ces menaces.
    • En 2020, les exportations militaires totales d’Israël étaient évaluées à 8,8 milliards de dollars,  ses cyber-exportations  à 10 milliards de dollars.
    • Le gouvernement israélien s’engage dans la « diplomatie des logiciels espions », fournissant une cyber-technologie offensive comme monnaie d’échange pour promouvoir la normalisation dans des pays tels que le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Maroc et l’Arabie saoudite.

UNITÉ 8200
    • L’unité 8200, l’unité de renseignement israélienne responsable de la cyber-offensive israélienne, est la plus grande unité de l’armée israélienne.
    • L’unité 8200 fonctionne comme un incubateur pour les cyber-entreprises privées israéliennes et les tech-entrepreneurs, dont les « anciens » ont déjà fondé plus de 1 000 entreprises.
    • Sur 2 300 Israéliens qui ont fondé 700 cyber-entreprises israéliennes, 80 % sortaient de l’unité 8200. Ces fondateurs utilisent leur expérience militaire et leurs relations comme un outil de marketing face aux investisseurs étrangers.
    • Les informations recueillies par l’unité 8200 « sont utilisées à des fins de persécution politique et pour créer des divisions au sein de la société palestinienne ».

UNIVERSITÉS ISRAÉLIENNES
Il existe une porte tournante entre les institutions universitaires israéliennes, l’armée israélienne et les cyber-entreprises du pays :
    • Six universités israéliennes disposent de centres dédiés à la cyber-recherche.
    • Les universités israéliennes mènent des recherches militaires dirigées par la DDR&D, la Direction pour la recherche et le développement du Ministère israélien de la Défense et par des entreprises militaires.
    • Les universités israéliennes proposent des programmes à l’armée et au corps du renseignement militaire israéliens ; on y trouve les programmes de Academic Reserves (Atuda), Talpiot et Havatzalot.

SURVEILLANCE DE MASSE DES PALESTINIENS
L’utilisation généralisée par Israël de la surveillance de masse et des logiciels espions ciblés confirme son régime d’apartheid et son déni systémique de nombreux droits fondamentaux : vie privée, liberté de mouvement, protection contre la discrimination, liberté d’expression et d’association, application régulière de la loi dans un Etat de droit, etc.
    • La surveillance de masse donne à Israël tout pouvoir pour collecter des informations sur les palestiniens, qui sont jugés par des tribunaux militaires avec un taux de condamnation de près de 100 %, souvent sur la base de « preuves secrètes ».
    • Des soldats israéliens prennent en photo des palestiniens aux « checkpoints » pour créer une base de données à l’échelle de la population afin d’alimenter Blue Wolf, un programme de reconnaissance faciale sur smartphone.
    • Israël utilise des réseaux de caméras CCTV de vidéosurveillance, équipées de capacités biométriques, pour surveiller les Palestiniens en temps réel dans des villes comme Jérusalem, Hébron et dans toute la Cisjordanie.
    • Israël est capable de surveiller et d’écouter n’importe quel appel téléphonique en Cisjordanie et à Gaza.
    • Les défenseurs palestiniens des droits humains travaillant pour des organisations attaquées par le gouvernement israélien ont été ciblés par le logiciel espion Pegasus, actuellement la cyber-arme offensive la plus sophistiquée.
    • « La population palestinienne sous régime militaire est totalement exposée à l’espionnage et à la surveillance des services secrets israéliens. » — Réservistes de l’unité 8200

GROUPE NSO ET LOGICIEL ESPION PEGASUS
    • NSO Group, une cyber-entreprise israélienne fondée en 2010, est le fabricant du logiciel espion Pegasus.
    • Pegaus est capable d’effectuer des  « attaques zero click », ce qui signifie que le logiciel espion peut obtenir un accès complet au smartphone ou à l’appareil d’une cible et télécharger toutes les données sans que l’utilisateur n’ait clique sur un lien malveillant.
    • Le groupe NSO a vendu Pegasus à des régimes qui se livrent à de graves violations des droits humains.
    • Chaque vente de Pegasus est approuvée par l’Agence de contrôle des exportations de défense du gouvernement israélien, qui ne divulgue aucune information sur les approbations d’exportation, même à la Knesset israélienne.
    • Des chercheurs et des journalistes ont confirmé l’utilisation étendue de Pegasus pour cibler des journalistes, des défenseurs des droits humains et des politiciens, et ont trouvé des preuves que le logiciel espion était utilisé dans au moins 45 pays.
    • 50 000 numéros de téléphone, y compris ceux de défenseurs des droits humains, de journalistes et d’hommes politiques, sont apparus, grâce à une fuite d’information, sur une liste de cibles potentielles de Pegasus fournie au groupe NSO.
    • Pegasus permet une surveillance transfrontalière, telle que la surveillance des associés du journaliste assassiné , Jamal Khashoggi, permettant ainsi aux États d’étendre les violations des droits humains au-delà de leurs propres frontières.
    • Pegasus fut associé à des cas où des preuves ont été plantées par les autorités de l’État pour incriminer des dissidents, comme dans l’affaire Bhima Koregaon en Inde.
    • Le groupe NSO est poursuivi en justice par Whatsapp, Apple et en France par le militant et avocat palestinien Salah Hammouri.

PEGASUS ET LA POLITIQUE AMÉRICAINE
    • En novembre 2021, le Département du commerce des États-Unis a interdit tout commerce avec le groupe NSO parce que l’entreprise « a développé et fourni des logiciels espions à des gouvernements étrangers qui ont utilisé ces outils pour cibler de manière malveillante des responsables gouvernementaux, des journalistes, des hommes d’affaires, des militants, des universitaires et des employés d’ambassade ».
    • Avant l’interdiction, le FBI avait lui-même acheté Pegasus pour la surveillance intérieure et la CIA a fourni Pegasus au gouvernement de Djibouti.
    • Depuis l’interdiction, un sous-traitant américain de la défense, L3Harris, aurait été en pourparlers pour acheter Pegasus au groupe NSO en juin 2022.
    • Une enquête de DAWN (Democracy for the Arab World Now) a révélé que les lobbyistes étasuniens du groupe NSO avaient enfreint la loi sur l’enregistrement des agents étrangers (FARA) « en dénaturant la relation entre la société de logiciels espions israélienne et le gouvernement d’Israël ».

Source : Visualizing Palestine

Traduction BM pour l’Agence média Palestine

Retour haut de page