2022 sera sans doute l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens en Cisjordanie occupée, selon l’ONU

Par Edith M.Lederer, le 29 octobre, 2022

« La priorité immédiate est de calmer la situation et d’inverser les tendances négatives sur le terrain », a déclaré l’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient.

Un enfant se tient derrière un membre des forces de sécurité israéliennes qui se prépare à lancer une bombe de gaz lacrymogène, lors d’affrontements avec des manifestants palestiniens dans la ville occupée d’Hébron, en Cisjordanie, vendredi : HAZEM BADER / Getty Images

L’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient a déclaré que 2022 est en route pour devenir l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens en Cisjordanie occupée, depuis que l’ONU a commencé en 2005 à comptabiliser les décès. Il a appelé à une action immédiate pour calmer ce qu’il a appelé « une situation explosive » et pour aller vers la reprise de négociations pour une paix israélo-palestinienne.

Tor Wennesland a déclaré au Conseil de sécurité de l’ONU que « la montée du désespoir, de la colère et de la tension a de nouveau enclenché un cycle meurtrier de violence de plus en plus difficile à contenir » et que « trop de personnes, majoritairement palestiniennes, ont été tuées et blessées ».

Dans une sombre évaluation, le coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a déclaré que la spirale descendante en Cisjordanie et la situation volatile actuelle sont le résultat de décennies de violence qui ont coûté cher aux Israéliens comme aux Palestiniens, de l’absence prolongée de négociations, et de l’échec à résoudre les questions cruciales qui alimentent le conflit israélo-palestinien.

Wennesland a insisté que son message aux factions et aux autorités palestiniennes, aux responsables israéliens et à la communauté internationale depuis quelques semaines, était clair : « La priorité immédiate est de travailler pour calmer la situation et inverser les tendances négatives sur le terrain », mais l’objectif ultime doit être « d’autonomiser et de renforcer l’Autorité palestinienne et d’œuvrer pour le retour à un processus politique ».

Au cours du mois dernier, l’envoyé de l’ONU a déclaré que 32 Palestiniens dont six enfants ont été tués, et 311 autres blessés par les forces de sécurité israéliennes lors de manifestations, d’affrontements, d’opérations de recherche/arrestation, et lors d’attaques allégués contre des Israéliens.

Deux membres des forces israéliennes ont été tués et 25 civils israéliens ont été blessés par des Palestiniens lors d’attaques à arme à feu, d’affrontements, de jets de pierres et de cocktails Molotov ou lors d’autres incidents au cours de la même période, a-t-il affirmé.

Le Wennesland a déclaré que le mois avait vu « un pic de violence mortelle » qui devrait faire de l’année 2022 la plus meurtrière en Cisjordanie.

Plus de 125 palestiniens ont été tués dans les affrontements israélo-palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est cette année. Les combats ont augmenté depuis qu’une série d’attaques palestiniennes a tué 19 civils en Israël au printemps. L’armée israélienne affirme que la plupart des Palestiniens tués étaient des militants. Mais de jeunes lanceurs de pierres qui protestaient seulement contre les incursions et d’autres non impliqués dans les affrontements ont également trouvé la mort.

Les raids d’arrestation israéliens qui se poursuivent en Cisjordanie posent un sérieux défi à l’Autorité palestinienne et a son président Mahmoud Abbas. Abbas compte sur la coopération sécuritaire avec Israël, en particulier dans son combat contre ses rivaux militants islamiques, pour rester au pouvoir. Cette coopération est pourtant profondément impopulaire parmi les Palestiniens qui s’insurgent contre l’occupation illimitée de leur terre par Israël, pour la 56e année consécutive.

Israël a envahi la Cisjordanie lors de la guerre de 1967 et y a construit plus de 130 colonies, dont beaucoup ressemblent à de petites villes, avec des immeubles d’habitation, des centres commerciaux et des zones industrielles. Les Palestiniens considèrent que c’est la Cisjordanie qui doit constituer la partie principale de leur futur État. La plupart des pays du monde considèrent ces colonies comme une violation patente du droit international.

Riyad Mansour, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, a prononcé vendredi un discours passionné devant le Conseil de sécurité, déclarant : « Notre peuple, nos enfants, nos jeunes sont en train d’être tués, et ils ne mourront pas en vain ». « Ce qui se passe ensuite est de votre responsabilité », a-t-il déclaré aux membres du Conseil. « Nous avons frappé à toutes les portes, recherché toutes les voies menant à la liberté et à la dignité, à la justice et à la réparation, à la paix et à la sécurité partagées. »

Mansour a déclaré que malgré cela, et 75 ans après la partition britannique de la Palestine, son peuple attend toujours « son tour pour être libre », et il a accusé Israël « de viser la destruction de l’État de Palestine ».

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L’ambassadeur palestinien a mis au défi le Conseil de sécurité de protéger et de promouvoir la solution à deux États, et il a évoqué le spectre de nouvelles effusions de sang et une lutte de plusieurs décennies pour la liberté si nécessaire, sans exclure une éventuelle action en justice à la Cour internationale de justice dénonçant l’occupation israélienne.

« Soit nous vivons côte à côte, soit je crains que nous ne mourrions côte à côte », a déclaré Mansour à propos d’Israël. « Aidez-nous à vivre… Notre peuple ne disparaîtra pas, il ne reniera pas son identité nationale, il n’acceptera pas l’asservissement. Le peuple palestinien sera libre. »

L’ambassadeur israélien à l’ONU, Gilad Erdan, a rétorqué que le message du discours d’Abbas aux dirigeants mondiaux le mois dernier et la déclaration de Mansour vendredi étaient du pareil au même : « Il s’agit d’un message de prétendue victimisation, qui n’avance que des mensonges d’oppression et d’agressions fictives. »

« Israël se trouve au milieu d’une vague de terreur », a-t-il déclaré au Conseil. « Depuis le début de cette année seulement, il y a eu plus de 4 000 attentats terroristes palestiniens perpétrés contre des Israéliens. Attentats à la voiture-bélier, jets de pierres, attentats à la bombe, coups de couteau, tirs de fusil ou de roquettes et de nombreux autres actes de violence palestinienne sont devenus la réalité de la vie quotidienne pour des millions d’israéliens. »

Erdan a déclaré que « l’Autorité palestinienne peut jouer les victimes ici au Conseil », mais que dans les rues des villes cisjordaniennes de Jénine et de Naplouse, elle « louait les terroristes ».

Les dirigeants palestiniens disent qu’ils veulent la paix, mais selon Erdan « ils ont toujours refusé de s’asseoir à la table des négociations avec Israël et ont rejeté tous les plans de paix qui leur ont été présentés ».

Lors de l’Assemblée générale du mois dernier, Abbas avait lancé une campagne pour devenir membre à part entière des Nations Unies « tout en contournant la table des négociations », a déclaré Erdan. La Palestine est actuellement un État observateur non-membre à l’ONU.

Erdan a souligné que « la paix ne peut être obtenue que par des négociations directes et des concessions mutuelles – je répète mutuelles ».

Source : Associated Press

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