Pour les Palestiniens, la victoire de Netanyahou n’est qu’un changement de gardiens de prison

Par Yara Hawari, le 3 novembre 2022

Quels que soient les résultats des élections en Israël, il y aura toujours du soutien pour la poursuite de l’oppression des Palestiniens.

La nouvelle configuration de l’éventail politique israélien ne fait aucune différence pour l’avenir des Palestiniens. Photo : Abir Sultan/EPA

Benjamin Netanyahu a fait un retour en force après son éviction en 2021 sur fond d’allégations de corruption. Lors des élections de cette semaine, son parti, le Likoud, a obtenu plus de voix que tout autre parti et ses alliés d’extrême droite sont arrivés en troisième position, ouvrant la voie à un gouvernement de coalition dirigé par le Likoud. Bien que la formation d’une coalition ne soit pas un jeu facile – en effet, Netanyahou n’a pas réussi à le faire lors des quatre élections précédentes – cette fois, il devrait former un bloc majoritaire confortable avec les partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite.

Pourtant, malgré cette perspective, pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, les élections israéliennes n’ont pas été au premier plan des discussions politiques, car ils continuent à résister et à lutter pour leur survie sur un territoire de plus en plus réduit. Pour eux, la question est simplement de changer les gardiens de prison, car tous les partis israéliens se rejoignent sur le soutien à l’oppression continue des Palestiniens et à la colonisation de la Palestine.

Le leader du parti sioniste religieux, Itamar Ben-Gvir, a pris de l’importance l’année dernière. Il était autrefois considéré comme un candidat marginal, mais a depuis rassemblé de nombreux partisans. Il vit dans une colonie de Hébron connue sous le nom de Kiryat Arba, qui abrite certains des colons israéliens les plus extrémistes de Cisjordanie, et a construit une carrière juridique en défendant les extrémistes juifs israéliens.

Sa plateforme comprend le soutien à l’annexion complète de la Cisjordanie par Israël et il a été à l’avant-garde du soutien à la violence des colons israéliens en Palestine. Il s’est même présenté dans le quartier palestinien de Jérusalem de Sheikh Jarrah avec une arme.

Cet encouragement à la violence décomplexée accordé aux colons a entraîné des répercussions palpables sur les Palestiniens, en particulier en Cisjordanie. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires a signalé que la violence des colons à l’encontre des Palestiniens est à son plus haut niveau depuis 2005. L’augmentation de la violence due à la rhétorique incendiaire ne doit pas être sous-estimée. S’exprimant lors d’un rassemblement électoral, Ben-Gvir a déclaré : « Chaque fois que [les Arabes] attaquent une voiture juive, notre peuple, je cours voir ce qui se passe… Nous avons besoin de nouvelles règles contre les terroristes, nous devons permettre à tous les citoyens de se protéger avec des armes à feu. Nous avons besoin de lois pour protéger les soldats ».

Au-delà de l’extrême-droite, la suprématie juive israélienne est normalisée dans tout le spectre politique israélien. Le premier ministre sortant, Yair Lapid – un soi-disant « centriste » – ne fait pas exception. En 2013, Lapid a déclaré au Time Magazine : « Vous savez que mon père n’est pas venu du ghetto pour vivre dans un pays mi-arabe, mi-juif. Il est venu ici pour vivre dans un État juif. » 

Lors de l’assemblée générale des Nations unies en septembre de cette année, Lapid a « approuvé » la solution à deux États, à la grande joie de nombreux membres de la communauté internationale qui tentent toujours de faire avancer cette idée obsolète. Mais un simple coup d’œil aux positions politiques de son parti, Yesh Atid, sur la Cisjordanie, révèle ce qu’il entend par solution à deux États : l’annexion des blocs de colonies qui aura pour conséquence de couper la Cisjordanie en deux, ne laissant que des îlots d’autonomie palestinienne.

Un autre soi-disant « centriste », Benny Gantz, qui était à un moment donné challenger favori de Netanyahou au sein de la communauté internationale lors des élections de mai 2019, a utilisé la violence envers les Palestiniens comme un cri de ralliement. Dans sa vidéo de campagne électorale en 2019, il a utilisé des images d’une Gaza détruite et a affirmé en avoir renvoyé certaines parties « à l’âge de pierre ». 

Pour les Palestiniens, plus de sept décennies d’oppression, de vol et de colonisation des terres ont montré que, gauche ou droite, le gouvernement ne fait aucune différence pour leur avenir. Le régime israélien est fondamentalement construit sur leur oppression. C’est pourquoi, en fin de compte, les Palestiniens ne veulent pas de gardiens de prison différents. Ils veulent se libérer de la prison.

Trad. A.G pour l’Agence Média Palestine

Source : The Guardian

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