Israel-Palestine : non, ce n’est pas un conflit religieux

Par Thomas Vescovi, le 5 avril 2023

Évitons les erreurs d’analyses en resituant l’agression israélienne de cette nuit dans sa temporalité.

Base : depuis le 1er janvier, 94 Palestiniens ont été tués, dont la moitié n’était pas des combattants, et 14 Israéliens. Plusieurs centaines d’attaques de colons sont recensées. Des milliers de nouveaux logements sont annoncés dans les colonies israéliennes.

Ni protection ni justice pour les Palestiniens, qui sont les premières victimes du gouvernement d’extrême droite israelien. Impunité pour les colons et les soldats israeliens, alimentant mécaniquement la dynamique armée.

Dans ce contexte, dimanche 2 avril, le Dr. Mohammad Al-Osaibi, 26 ans, Palestinien de citoyenneté israelienne, est tué à la sortie de l’esplanade des mosquées à Jerusalem. Les policiers israéliens l’accusent d’avoir voulu prendre une arme. Les temoins donnent une autre version : il s’est interposé entre ces policiers et une fidèle contrôlée/harcelée. 

La police a tiré dix balles sur ou en direction de la victime. En dépit des demandes d’ONG et de la gauche israélienne d’accès aux images dans une zone quadrillée par les caméras, les autorités israéliennes n’acceptent aucune enquête indépendante, nourrissant la colère face à l’impunité.

Dans ce contexte, la concomitance entre le Ramadan et Pessah (Pâques juive) ajoute des tensions puisque les fondamentalistes sionistes religieux veulent venir prier sur l’esplanade des mosquées, avec l’appui du ministre de la Sécurité israelien, le fasciste Itamar Ben Gvir.

Pour ces fondamentalistes, la mosquée Al Aqsa et le dôme du rocher devraient être rasés pour permettre la reconstruction du temple juif. Voir en commentaire le documentaire de Charles Enderlin.

Côté palestinien, chrétiens ou musulmans sont appelés par toutes les organisations à « défendre Al Aqsa ». Le Hamas, notamment, en tant qu’organisation islamiste, espère évidemment tirer profit de la polarisation des tensions sur ces lieux saint et religieux.

Dès lors, comme en 2021, des jeunes palestiniens veillent toute la nuit avec les fidèles dans la mosquée Al Aqsa pour parer une éventuelle incursion de l’armée ou de colons sur l’esplanade. Ce que les autorités israéliennes interdisent. D’où l’incursion d’une violence inouïe de la police israélienne qui pretend avoir interpellé « des émeutiers ».

L’erreur serait d’interpréter ces événements comme un affrontement religieux. Il s’agit de colonialisme, d’occupation, d’apartheid, de non-respect du droit international et d’impunité. En bref, un conflit colonial sur lequel se greffent des dynamiques religieuses.

Thomas Vescovi est historien et auteur de l’ouvrage: L’échec d’une utopie, une histoire des gauches en Israël (La Découverte, 2021)

Source : Facebook

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