Les gouvernements palestiniens rivaux forment un « comité de réconciliation »

Le 30 juillet 2023

Dernière tentative de réconciliation, Mahmoud Abbas et Ismail Haniyeh, chef du Hamas, se sont rencontrés pour un rare face-à-face en Égypte.

Le président palestinien Mahmoud Abbas (à droite) et le chef du Hamas Ismail Haniyeh (à gauche) – photographiés ici lors d’une réunion au Caire en 2012 – se sont retrouvés en Égypte pour discuter d’un accord de réconciliation palestinienne [File : Mohamed Hams/EPA Handout]

Les dirigeants politiques palestiniens rivaux réunis en Égypte ont décidé de former un comité chargé de la réconciliation intra-palestinienne.

Le président Mahmoud Abbas et le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, se sont rencontrés dimanche dans la ville côtière d’El Alamein pour de rares entretiens en tête-à-tête, en compagnie de représentants de la plupart des factions politiques palestiniennes.

Cette dernière tentative de réconciliation vise à combler le fossé entre les gouvernements parallèles du Hamas, dans la bande de Gaza sous blocus, et de l’Autorité palestinienne, contrôlée par le mouvement Fatah de M. Abbas, qui administre les zones palestiniennes de la Cisjordanie occupée.

« Je considère la réunion d’aujourd’hui des secrétaires généraux des factions palestiniennes comme une première étape importante dans la poursuite de notre dialogue, qui, nous l’espérons, permettra d’atteindre les objectifs souhaités le plus rapidement possible », a déclaré M. Abbas dans un communiqué publié à l’issue de la réunion.

Le président, âgé de 87 ans, a annoncé « la formation d’un comité pour poursuivre le dialogue … mettre fin aux divisions et parvenir à l’unité nationale palestinienne ».

« Nous devons revenir à un seul État, un seul système, une seule loi et une seule armée légitime », a ajouté M. Abbas.

Plus tôt dans la journée de dimanche, M. Haniyeh a demandé à M. Abbas de mettre fin à la « collaboration sécuritaire » avec Israël et aux « arrestations politiques », selon les participants à la réunion.

Le chef du Hamas a également déclaré qu' »un nouveau parlement inclusif doit être formé sur la base d’élections démocratiques libres ».

Le Hamas a remporté les dernières élections législatives palestiniennes en 2006, mais il est devenu le dirigeant de facto de la bande de Gaza un an plus tard, après avoir arraché le contrôle au Fatah, qui avait tenté un coup d’État préventif pour remplacer le gouvernement dirigé par le Hamas. Plusieurs semaines de violents combats ont suivi, aboutissant à la domination du Hamas sur l’enclave côtière, tandis que le Fatah – le parti dominant de l’Autorité palestinienne – exerce une autonomie limitée en Cisjordanie occupée.

Appel à la réforme de l’OLP

Un communiqué ultérieur de M. Abbas a déclaré qu’il « espérait une réunion prochaine en Egypte pour annoncer à notre peuple la fin » de la scission de 17 ans « et le retour à l’unité nationale palestinienne ».

Le politologue palestinien Moukhaimer Abu Saada a déclaré à l’agence de presse AFP que la formation du comité n’était pas une raison de se réjouir.

« La meilleure façon de tuer quelque chose est de former un comité pour cela », a-t-il déclaré depuis Gaza.

Il a ajouté qu’il doutait que cette initiative permette de progresser vers « la fin de la division ou la fixation d’une date pour les élections palestiniennes ».

Dimanche, M. Haniyeh a appelé à la « restructuration de l’Organisation de libération de la Palestine », l’institution qui chapeaute la promotion de l’État palestinien. L’OLP regroupe la plupart des factions politiques palestiniennes, mais pas le Hamas ni le Jihad islamique.

L’OLP est « le seul représentant légitime du peuple palestinien », a déclaré M. Abbas.

« Il n’est pas permis à un Palestinien d’émettre des réserves sur cette organisation et sur son programme national et politique », a déclaré M. Abbas. « Au contraire, il est nécessaire de la protéger unanimement, car elle est considérée comme l’un des acquis les plus importants de notre peuple ».

Il a également appelé à une « résistance populaire pacifique », tandis que Haniyeh a prôné une « résistance globale ».

La dernière rencontre officielle entre les deux dirigeants a eu lieu en juillet dernier à Alger, après une interruption de cinq ans.

Augmentation de la violence

Abbas et Haniyeh ont été rejoints par les chefs des autres factions, à l’exception du Jihad islamique palestinien (PIJ) et de deux autres groupes.

Le PIJ avait posé comme condition à l’envoi de représentants à El Alamein la libération des prisonniers détenus par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne.

Khaled al-Batsh, un dirigeant du PIJ, a déclaré que le groupe avait « espéré une réponse de Mahmoud Abbas aux doléances et aux appels à la libération » de ses membres détenus en Cisjordanie occupée.

« Nous avons été surpris par une incursion sécuritaire sans précédent contre les combattants de la résistance », a-t-il déclaré.

La réunion de dimanche s’est déroulée dans un contexte de recrudescence de la violence dans le conflit israélo-palestinien, en particulier en Cisjordanie, qu’Israël occupe depuis la guerre de 1967 au Moyen-Orient.

Plus de 200 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes rien que cette année.

Des responsables ont averti que 2023 est en passe de devenir l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens de Cisjordanie depuis que les Nations unies ont commencé à comptabiliser les décès en 2005.

Source : Al Jazeera & news agencies

Traduction AS pour l’Agence média Palestine

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