Par Paul Elek, le 10 octobre 2023
Quelques éléments de contexte n’ayant pas vocation à justifier l’horreur de la guerre mais à refuser l’instrumentalisation mortifère de la douleur légitime de toutes ses victimes :
1 – Les élections organisées en 2006 n’ont pas été respectées quand le Hamas a gagné, puis elles ont sans cesse été reportées afin de conserver un gouvernement alternatif et corrompu utilisé pour faire la police en Cisjordanie au bénéfice de l’occupant israélien.
2 – Les manifestations pacifiques ont été réprimées, mort après mort, dans l’indifférence de la communauté internationale qui a abandonné les Palestinien.ne.s depuis la mort d’Oslo.
3 – Les accords d’Oslo eux-mêmes ne reconnaissaient pas le droit à l’auto-détermination du peuple palestinien mais le droit de l’OLP à les représenter en sus du mirage de l’établissement d’un Etat palestinien jamais advenu.
4 – La colonisation permanente de la Cisjordanie s’est vue opposée des communiqués de presse sans valeur tandis que l’annexion de Jérusalem a été plus l’occasion d’une montée en puissance du vocabulaire diplomatique de la condamnation qu’une quelconque action concrète.
5 – Le blocus de Gaza, devenu siège, n’a connu que de rares inflexions quand il a été jugé nécessaire de ne pas provoquer la mort massive de populations civiles par manque des biens les plus élémentaires lorsqu’elles survivaient aux bombardements israéliens.
6 – Les territoires occupées ont été abandonnés à la violence de colons fanatiques se livrant à des progroms avec le soutien ou la complicité des forces d’occupation dont les exactions systématiques sont le fonctionnement quotidien.
7 – Les mouvements civils et non violents ont été criminalisés sur place comme ailleurs, comme cela a été le cas du mouvement #BDS, rassemblement s’il en faut de la société civile palestinienne. Au même moment, certains brandissaient dans le vent le droit international pour timidement désigner les crimes de guerre du régime israélien ou le régime d’apartheid qu’il a mis en place et que ses soutiens refusent toujours de voir, malgré l’adoption d’une loi suprémaciste en 2018 aux yeux de tous.tes.
Ces violations systématiques du droit international ont alors été acceptées, voire justifiées par l’inaction ou la complicité occidentale jusqu’à les ériger en politique systématique de gestion de la population occupée par l’État israélien.
8 – Puis face à l’urgence de la situation du peuple palestinien, lui a été opposée la réécriture de son caractère de mouvement de libération nationale en organisation terroriste incarnant le mal absolu, provenant de nulle part, bien appuyée par l’assignation raciste qui établit la correspondance musulman = arabe = terrorisme. Au passage, un peu plus de 7% des Palestinien.ne.s ne sont pas musulman.e.s. Rien pourtant d’étonnant à ce phénomène classique de désignation en conflit colonial.
9 – Depuis 2008, selon l’ONU, plus de 6000 Palestinien.ne.s ont été tué.e.s par les forces d’occupation pendant que des milliers d’autres sont emprisonné.e.s, dont de nombreux.ses sans réelle procédure juridique ou forme de procès équitable.
Sur tous les plans (diplomatique, géopolitique, militaire, économique, politique), le peuple palestinien a été écrasé par les rapports de force défavorables produits par le soutien occidental à l’impunité de l’État colonial israélien.
Alors, je repose la question. Qui peut accepter le chantage imposé aux Palestinien.ne.s : accepter des statut quo mortifères dans lesquels ils.elles meurent de l’occupation ou se voir opposer un soutien inconditionnel à leur massacre quand ils.elles choisissent le recours à la violence ?
Paul Elek est diplômé en relations internationales et ancien attaché parlementaire.