Francesca Albanese: « Il y a un risque de génocide en cours à Gaza », explique la rapporteuse spéciale de l’ONU

Lundi 6 novembre 2023, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 et auditionnée par le groupe parlementaire de la France Insoumise, explique qu’il y a « un risque de génocide en cours à Gaza ».

Par l’Agence Média Palestine, le 8 novembre 2023

Francesca Albanese

Le lundi 6 novembre 2023, 1 mois après le début des bombardements israéliens sur Gaza, Francesca Albanese est intervenue en visio-conférence lors de l’assemblée du groupe parlementaire La France Insoumise, et a expliqué qu' »il y a un risque de génocide en cours à Gaza ».

Quatre jours auparavant, dans le journal L’Humanité, elle rappelait qu’il incombe à la communauté internationale et aux puissances mondiales « d’arrêter la furie et la rage d’Israël » : « Il existe une obligation, dans le cadre du droit international, de prévenir les atrocités, les crimes qu’on appelle en anglais « atrocity crimes ». Il ne s’agit pas seulement de juger les responsables devant des tribunaux internationaux une fois les crimes commis et les innocents tués. Les États membres de l’ONU sont obligés d’intervenir parce que nous assistons à des violations patentes du droit international et du droit humanitaire. Il faut arrêter la furie et la rage d’Israël. »

Elle indiquait également, lors d’un entretien avec le média suisse Blick, que l’entièreté de l’intervention d’Israël à Gaza est « illégale » : « Israël demande l’évacuation du nord de la bande de Gaza. Qu’est-ce que c’est si ce n’est pas du nettoyage ethnique ? « . En prenant le soin de souligner les antécédents d’Israël en termes de non-respect du droits international et des conventions qui lient les membres de ses organisations entre eux en évoquant un «dualisme légal (qui) est la colonne vertébrale d’un apartheid qui se traduit par des abus, de la violence et des humiliations quotidiennes», elle insiste sur l’urgence actuelle d’exercer plus de pression pour qu’Israël respecte le droit international.

Lors de son intervention lundi 6 novembre dans le cadre de l’assemblée du groupe parlementaire LFI, elle rappelle quelles sont les possibilités envisageables ou non au regard du droit international et humanitaire. Par exemple, elle précise que la création d’un corridor humanitaire de réfugié.e.s gazaoui.e.s vers la Jordanie ou vers l’Egypte n’est premièrement pas envisageable car il s’agirait en réalité d’un déplacement forcé de population – ce qui est interdit par les conventions de Genève – et que, deuxièmement, cette proposition ne date pas du 7 octobre: Israël parle de « solution égyptienne » pour les habitant.e.s de Gaza depuis déjà des mois.

En rappelant que le cadre des crimes de guerre est dépassé, qu’il s’agit maintenant d’un réel risque de génocide qui se déroule sous nos yeux à Gaza, elle exhorte les États membres de l’ONU d’exiger un cessez-le-feu, de stopper les crimes d’Israël, de réclamer la libération de tous.tes les otages, de permettre à l’aide humanitaire de circuler dans toute la bande de Gaza et d’exiger la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement par l’État Israélien.

Sous le prétexte de la guerre, Israël est en train d’opérer un nettoyage ethnique comparable à celui de la Nakba, et il convient de rappeler à la communauté internationale la responsabilité qui lui incombe à intervenir pour y mettre fin.

Francesca Albanese a succédé à Michael Lynk en mai 2022 au poste de rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés depuis 1967. Avant cela, elle a travaillé pendant dix ans en tant qu’experte des droits de l’homme pour les Nations Unies, notamment pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugié.e.s de Palestine dans le Proche-Orient. Dans le cadre de ses fonctions, elle a fourni des conseils aux Nations Unies, aux gouvernements et à la société civile au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie-Pacifique sur l’application des normes en matière de droits de l’homme, en particulier pour les groupes vulnérables, notamment les réfugié.e.s et les migrant.e.s.

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