Ahed Tamimi, emprisonnée depuis le 6 novembre, a été libérée

Incarcérée depuis le 6 novembre 2023 dans la prison de Damon, au sud de Haifa, la militante palestinienne Ahed Tamimi a été libérée mercredi 29 novembre au soir.

Par l’Agence Média Palestine, le 22 novembre 2023, mis à jour le 1er décembre 2023

Photo: BBC News

Ahed Tamimi, victime d’une campagne de diffamation et emprisonnée depuis le 6 novembre par Israël, a été libérée mercredi 29 novembre. Dans une vidéo relayée par AJ+, elle s’exprime sur les conditions de détention dans les prisons israéliennes et les maltraitances à l’encontre des prisonnier-e-s palestinien-ne-s.

La militante de 22 ans, résidant avec sa famille en Cisjordanie occupée dans le village de Nabi Saleh, subit depuis une dizaine d’années le harcèlement des forces d’occupation israéliennes. Le village de Nabi Saleh, comme l’ensemble de la Cisjordanie, est soumis à l’oppression israélienne des forces d’occupation et des colons quotidiennement. Ahed et sa famille sont des figures locales de la résistance palestinienne et subissent l’occupation dans leur chair : depuis qu’elle est devenue une icône de la résistance palestinienne lors de la diffusion d’une vidéo devenue virale en 2012 où on la voit défendre son petit frère, maintenu au sol par un soldat israélien dans leur maison familiale, Ahed accumule 12 chefs d’accusation, notamment d’agression, d’incitation à la haine et de jets de pierres, et a déjà effectué de huit mois d’incarcération.

Ahed Tamimi et les membres de sa famille mènent une résistance non violente à l’occupation, et subissent également depuis près de 10 ans une campagne de diffamation et des attaques continuelles d’Israël et son armée. Son père Bassem Tamimi a été arrêté à de nombreuses reprises par les forces d’occupation israéliennes et a passé au moins quatre ans en prison. Depuis le début du mois de novembre, il est emprisonné en détention administrative dans la prison d’Ofer, sans chef d’accusation et sans jugement.

Suite à une campagne en ligne utilisant de faux comptes de réseaux sociaux en son nom pour poster de faux contenus, Ahed a été arrêtée début novembre et est détenue à la prison de Damon depuis le 6 novembre. Les forces d’occupation israéliennes ont utilisé une publication depuis supprimée, et accusent la jeune militante d’avoir appelé sur les réseaux sociaux à « boire le sang des Israéliens ». Le compte qui aurait hébergé la publication incriminée, dont elle est accusée d’être l’autrice a depuis été supprimé lui aussi.

Sa mère, Narimane Tamimi, assure qu’Ahmed n’est pas à l’origine de ces posts et qu’il s’agit bien d’une énième tentative de décrédibilisation de la lutte menée par sa fille. « Ils l’accusent d’avoir publié un post qui incite à la violence mais Ahed ne l’a pas écrit », explique-t-elle.

Elle continue en précisant que cette campagne de diffamation à l’encontre de sa famille, et plus généralement de tous-tes les militant-e-s luttant pour la libération de la Palestine, dure continuellement depuis des années : « Il y a des dizaines de pages au nom d’Ahed et avec sa photo mais avec lesquelles elle n’a aucun lien. Ahed, elle, quand elle essaye d’ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, il est aussitôt bloqué », poursuit-elle. Il n’a effectivement pas pu être vérifié dans l’immédiat si le compte incriminant Ahed Tamimi lui appartenait réellement.

La diffamation incessante et obsessionnelle de la famille Tamimi, et en particulier d’Ahed, s’inscrit dans une campagne bien pensée des sphère politiques et médiatiques israéliennes, visant à délégitimer le discours et le combat de la famille d’Ahed Tamimi.

En effet, selon Oren Persico, cofondateur du 7e œil, un observatoire des médias : « Les politicien-ne-s et l’armée font tout pour faire croire que les membres de cette famille sont des menteurs (…). C’est juste une autre manière pour les Israélien-ne-s de nier l’occupation et ce que l’armée israélienne fait tous les jours au nom des Israélien-ne-s » confiait-il en 2018 au média RFI, lors d’un énième procès de la militante de 22 ans.

Ahed Tamimi, lors de son procès en 2018 (Photo: CNN)

Des médias occidentaux reprennent ce narratif propagandiste, basée sur des accusations infondées, justifiant l’arrestation arbitraire de la militante palestinienne. Dans l’émission du 20 novembre 2023 du programme Quotidien, le chroniqueur Paul Gasnier présente Ahed Tamimi en ces termes : « Ersilia Soudais soutient Ahed Tamimi, une palestinienne qui appelait à boire le sang des Israéliens ».

L’acharnement que subissent Ahed Tamimi et tous-tes les militant-e-s palestinien-ne-s combattant l’occupation et la colonisation israéliennes, s’inscrit dans une campagne plus large d’Israël, ayant pour but de réduire au silence les voix palestiniennes afin de façonner seul un narratif à son avantage, lui permettant de légitimer et justifier ses exactions en Cisjordanie, et plus globalement, envers tous-tes les Palestinien-ne-s.

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