Le génocide à Gaza est l’un des pires de l’histoire moderne

Il y a eu des guerres et des campagnes aériennes qui ont tué plus de civils qu’à Gaza, mais presque aucune n’est comparable en intensité, ou révèle mieux les intentions délibérément criminelles à l’œuvre, que l’actuelle guerre génocidaire menée dans la bande par Israël.

Par Saleh Abdel Jawad, le 10 novembre 2023

Les gens pleurent à côté des corps des membres de la famille Abu Shehata, tués lors des frappes israéliennes sur l’hôpital Al-Aqsa, le 8 novembre 2023 (Photo : Omar Ashtawy/Apa Images)

Indépendamment des conséquences politiques, militaires et démographiques finales de la guerre génocidaire menée par Israël dans la bande de Gaza, Gaza restera gravé dans l’histoire comme le lieu qui fut témoin du plus grand nombre de massacres de l’histoire, perpétrés presque entièrement contre des civils et par bombardement aérien.

Il y a des villes qui ont vu un plus grand nombre de morts civils qu’à Gaza lors de bombardements aériens (par exemple Hambourg, Dresde, Hiroshima et Nagasaki), mais ces villes ont été bombardées pendant la Seconde Guerre mondiale, une guerre totale. Hiroshima a été bombardée en une seconde, Hambourg en une semaine. Ces quatre villes abritaient aussi des armées, des infrastructures militaires et des usines directement liées à l’effort de guerre. Quant à Gaza, les massacres sont infligés en grande majorité aux civils. En fait, Gaza est la seule ville de l’histoire où le pourcentage d’enfants et de femmes tués est de 68 %. Si l’on ajoute à ce pourcentage les hommes âgés, les résultats défient l’entendement.

Ces innombrables massacres, qui constituent indubitablement des crimes contre l’humanité, resteront dans l’histoire comme les premiers massacres qui se poursuivent 24 heures sur 24 depuis près d’un mois, retransmis en direct à l’antenne. Au cours du tristement célèbre siège de Sarajevo de 1 425 jours, les Serbes ont bombardé le 28 août 1995 avec cinq obus de mortier le marché de Sarajevo (marché Markali), tuant 43 personnes. Le monde a regardé en direct les images de morts et de blessés, comme à Gaza. Mais en Europe, les atrocités ont amené l’OTAN à lancer aussitôt une guerre aérienne contre les forces serbes jusqu’à leur défaite. En revanche, lors d’un seul massacre, Israël a largué une énorme bombe sur l’hôpital arabe Al-Ahli, tuant près de 500 civils. La réaction de l’Occident a été de tenir le Hamas pour responsable, même s’ils savaient fort bien que ses roquettes improvisées (ce que le président palestinien a qualifié « d’absurde ») auraient bien de la peine à tuer si ce n’est qu’une seule personne.

Ces massacres sont aussi les premiers massacres de l’histoire à recevoir le plein soutien des grandes « démocraties occidentales » (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie) sans sympathie aucune manifestée pour les victimes, même si les images sont retransmises en direct et qu’il ne saurait avoir de doute quant à l’identité des auteurs. Ce soutien est non seulement politique, diplomatique et médiatique, mais également militaire. Dans la plupart des cas, ce soutien va aussi à l’encontre des désirs affichés de leurs propres citoyens qui, en opposition à leurs dirigeants, manifestent dans la rue contre les massacres commis à Gaza. Pendant la guerre du Vietnam, la fuite dans la presse de l’existence d’un seul massacre perpétré par l’armée américaine (My Lai) a suffi pour que le monde entier se soulève en protestation. En ce qui concerne Gaza, Biden, Macron, Schultz, Sunak et Meloni présentent les massacres à travers les médias occidentaux comme un cas de légitime défense.

Lors du célèbre siège de Sarajevo qui a duré 1 425 jours, 13 952 personnes ont été tuées, dont 5 434 civils, c’est-à-dire environ quatre morts civiles par jour. À Gaza, le taux de mortalité dépasse 355 civils par jour. Ce nombre n’inclut pas ceux et celles qui se trouvent sous les décombres, que l’on estime à 2 000 personnes. Lors du siège de la ville de Stalingrad elle-même, qui a duré 162 jours et est devenue une icône de la résistance contre la brutalité nazie, 40 000 civils ont été tués dans la ville bondée de soldats, soit une moyenne de 247 civils par jour – moins que le nombre moyen de victimes quotidiennes à Gaza. Lors de la deuxième bataille de Falloujah, considérée comme l’événement le plus sanglant de la guerre en Irak, la ville a été soumise à 46 jours de massacres et de siège. Au total, 1 400 civils ont été tués, à raison de 31 morts civiles par jour. Quant au siège et aux combats de la ville de Mossoul, qui ont duré neuf mois et sont considérés comme l’épisode le plus violent de la guerre contre le mouvement ISIS, près de dix mille civils ont été tués, à raison de 37 civils par jour.

Ce n’est que pendant le long siège de la ville de Leningrad, qui a duré des années, que le taux de décès de civils par jour a été plus élevé qu’à Gaza, mais la plupart de ces décès étaient dus à la faim, au froid et à la maladie.

Même les Russes en Ukraine, décrits comme des barbares, ont assuré le passage en sécurité des civils en fuite et des livraisons de nourriture, contrairement à Gaza, qui est privée d’eau, de nourriture, de voies d’exode sûres et d’électricité, y compris l’énergie nécessaire pour alimenter les générateurs des hôpitaux.

En conclusion, les tueries à Gaza, qui présentent toutes les caractéristiques d’un génocide, ne peuvent être attribuées à un manque de professionnalisme de l’armée israélienne, à une identification imprécise des cibles ou à des ambiguïtés quant à ce qui constitue un massacre. Nous nous trouvons plutôt devant le résultat d’actions délibérées de trois acteurs principaux : le gouvernement et l’armée israélienne, cherchant à se venger pour restaurer leur « image de puissance » ; la passion du public israélien, obsédé par l’idée de la supériorité juive ; et la complicité des dirigeants corrompus des « démocraties occidentales ».

Depuis 1948, l’histoire a montré qu’Israël ne respecte pas les règles de la guerre telles que définies par le droit international, et qu’il vise à obtenir ce qu’il veut en fonction de ses calculs, ses intérêts et ses objectifs, estimant, sur la base du soutien inconditionnel américain, qu’il constitue une exception lui permettant d’échapper à toute mise devant ses responsabilités et de jouir de l’impunité quant aux sanctions normalement prévues par le système international.

Source : Mondoweiss

Traduction BM pour Agence Média Palestine

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