Une agence de l’ONU accuse Israël d’avoir détenu et contraint ses employé-e-s à avouer de faux liens avec le Hamas

Par Jeremy Diamond, le 4 mars 2024

Destructions autour des bureaux de l’UNRWA à Gaza City le mois dernier.  Dawoud Abo Alkas/Anadolu/Getty Images Tel Aviv, Israël CNN

Lundi, l’agence de l’ONU pour les refugié.es palestinien-nes a accusé Israël d’avoir détenu et torturé certain-es de ses employé-es, les contraignant à avouer de faux liens entre l’agence et le Hamas. 

“Certain-es de nos employé-es ont confié aux équipes de l’UNRWA qu’ils avaient été forcé-es à (faire) des aveux sous la torture et les mauvais traitements. Ces faux aveux venaient répondre aux questions qui leur étaient posées sur les relations entre l’UNRWA et le Hamas et l’implication dans l’attaque du 7 Octobre contre Israël,” a déclaré dans un communiqué la porte-parole de l’UNRWA, Juliette Touma. 

Israël accuse au moins 12 employé.es de l’Agence de secours et de travaux de l’ONU d’être impliqué-es dans les attaques terroristes du 7 Octobre et affirme qu’environ 12% des 13 000 employé-es de l’UNRWA sont membres du Hamas ou d’autres groupes militants palestiniens.

Des responsables israélien.nes ont déclaré que certaines informations concernant les 12 employé-es impliqué.es dans les attaques du 7 Octobre avaient été obtenues grâce à des données téléphoniques et d’autres sources. L’UNRWA a déclaré avoir renvoyé 10 des 12 employé-es accusé-es et que les deux autres sont morts. La CNN n’est pas en mesure de vérifier ces affirmations.

Touma explique que ces aveux obtenus “sous la torture” sont utilisés “pour diffuser davantage de désinformation sur l’Agence et cela dans le but de démanteler l’UNRWA,” mais elle ne relie pas ces aveux aux accusations contre les 12 employé-es accusé-es d’avoir participé aux attaques du 7 Octobre. 

Ces allégations font partie d’un rapport de l’UNRWA, pas encore publié, accusant Israël de maltraitance physique et psychologique sur les Palestinien-nes détenu-es à Gaza pendant la guerre, parmi eux 21 employé-es de l’UNRWA, certain-es d’entre eux ayant déclaré avoir été battu-es et menacé-es. 

La CNN a pu obtenir une copie du rapport à paraitre ; il se base en grande partie sur les témoignages de détenu-es de Gaza incarcéré.es dans des prisons et des sites militaires israéliens renvoyé-es à Gaza par le passage de frontière de Kerem Shalom entre mi-décembre et mi-février. Un porte-parole de l’UNRWA affirme qu’au moment où le rapport a fuité, l’agence n’avait pas encore décidé si elle allait le publier de manière officielle. 

Les détenu-es cité-es dans ce rapport, hommes comme femmes, témoignent avoir été frappé-es, empéché-es de dormir, abusé-es sexuellement et menacé-es de violences sexuelles par les soldat-es israélien-nes. Des détenu-es sont mort-es en détention, certain-es fois des suites des mauvaises traitements endurés dans les geôles israéliennes. La CNN n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les récits de mauvais traitements énumérés dans le rapport de l’UNRWA. Cependant elle a par le passé documenté des accusations similaires de mauvais traitements sur des détenu-es palestinien-nes. 

L’armée israélienne n’a dans un premier temps pas répondu aux accusations de torture et de détention d’employé-es de l’UNRWA, mais a déclaré dans un communiqué que “les mauvais traitements sur les prisonnier-es lors de leur détention ou pendant les interrogatoires contreviennent aux valeurs et aux ordres des FDI et sont par conséquent absolument interdits.” Il y est dit que les morts de prisonnier-es en détention font actuellement l’objet d’enquêtes par la police militaires. 

L’armée israélienne conteste avec force les accusations d’abus sexuel sur les détenu-es, les qualifiant de “nouvelle tentative cynique de créer une prétendue équivalence de l’usage systématique du viol comme arme de guerre par le Hamas.” Elle conteste également que les détenu-es sont privé-es de sommeil et prétend qu’ils ont accès à des soins médicaux. 

L’UNRWA estime qu’au moins 4 000 Gazaoui-es ont été détenu-es par l’armée israélienne depuis le début de la guerre. Au 19 Février, l’agence rapportait la mise en détention de 29 enfants et 80 femmes, ainsi que de personnes âgées souffrant d’Alzheimer et de personnes souffrant d’handicaps mentaux. 

“L’UNRWA a reçu de nombreuses informations concernant les mauvais traitements subis par d’ancien-nes prisonnier-es à tous les stades de leur détention. Une fois libérées de leur détention, des prisonnier-es disent avoir subi des mauvais traitements pour obtenir des informations ou des aveux, pour intimider et humilier et pour punir,” explique le rapport de l’UNRWA, qui a dans un premier été publié par le New York Times.

Le rapport explique également que lors de chacune des libérations documentées au passage de Kerem Shalom, “des ambulances étaient nécessaires afin de transporter au plus vite certaines personnes en raison de leurs blessures ou de leur maladie.” 

Des prisonnier-es rapportent avoir été détenu-es et interrogé-es dans des sites militaires en Israël, parfois pendant des semaines, avant d’être transféré-es dans le système pénitentiaire israélien. 

Selon le rapport de l’UNRWA, certain-es prisonnier-es auraient été déshabillé-es, menotté-es et détenu-es dans le froid, sans accès aux toilettes, à de la nourriture ou de l’eau pendant plus de 24 heures. Des détenu-es interrogé-es par CNN en décembre ont décrit des traitements similaires, racontant avoir été détenu-es pendant des jours sans quasiment aucun accès à de l’eau ou à de la nourriture.

Jeremy Diamond est correspondant de CNN à la Maison Blanche, basé à Washington, D.C., où il couvre l’administration Biden.

Source : CNN

Traduction LG pour l’Agence Média Palestine

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